A Propos d'une anthologie de ses musiques pour la table bourgeoise.
Charmant patchwork populaire et savant que ce disque. Des mini-concertos à la Telemann côtoient les quodlibets du Tafel-Confect, chantant le mérite du vin, du tabac, du nez, sous forme de jolis solos ou de parodies d’oratorios. Cette musique de table d’un moine bénédictin de Banz, Valentin Rathgeber, contemporain de Bach fut un succès de l’époque, manne pour l’éditeur qui fit même publier une suite signée JC Seyfert (présent aussi dans l’enregistrement). On trouve là un témoignage d’une période de mutation où apparaît un nouveau marché, la bourgeoisie. Elle veut des œuvres simples imitant celles destinées aux princes - eux-mêmes en privé suivent la tendance. Or la pensée germanique aime sacraliser l’intime, le familial : c’était encore un acte religieux que de s’amuser à table ou de parler tendrement à sa femme. Dans cette lignée sont la Tafelmusik de Telemann, plus sélecte, la Kaffee-Kantate de Bach, le Schemelliche Gesangbuch et même le Nötenbuchlein für Anna Magdalena tout plein d’amour sacré et profane. D’où ce moine, spécialiste réputé du genre, qui à quarante-sept ans eut la permission tacite de défroquer quelques années, le temps nécessaire pour mieux se mettre au goût du jour et apporter bénéfices financiers à son ordre. L’œuvre reflète cette aventure en alliant les archaïsmes savoureux des récitatifs (die Bettelzech en est un bel exemple) rappelant Schütz ou Buxtehude, et le dépouillement préclassique (Von Erschaffung Adam und Eva) de quelque comptine d’un Pedrillo chez Mozart. On comprend qu’un groupe d’amis rassemblés autour de la basse Peter Kooij, le Canto tanto à quatre voix, veuille défendre cet esprit au point de remplir le disque à ras bord. Ils sont parfaits dans l’oratio comique, souvent rurale, notamment Monika Frimmer. Das Neu-Eröffnete Orchestre dirigé par Jürgen Sonnentheil est subtil quoique parfois timide ou plutôt desservi par une prise de son lointaine. De l’enthousiasme certes, mais le programme convainc-t-il ? Peut-être faut-il être allemand pour apprécier (pas de traduction française des paroles)… Car la plastique musicale des œuvres ne suffit pas pour éviter l’écueil de la monotonie inhérente à toute anthologie collée à son sujet.
Charmant patchwork populaire et savant que ce disque. Des mini-concertos à la Telemann côtoient les quodlibets du Tafel-Confect, chantant le mérite du vin, du tabac, du nez, sous forme de jolis solos ou de parodies d’oratorios. Cette musique de table d’un moine bénédictin de Banz, Valentin Rathgeber, contemporain de Bach fut un succès de l’époque, manne pour l’éditeur qui fit même publier une suite signée JC Seyfert (présent aussi dans l’enregistrement). On trouve là un témoignage d’une période de mutation où apparaît un nouveau marché, la bourgeoisie. Elle veut des œuvres simples imitant celles destinées aux princes - eux-mêmes en privé suivent la tendance. Or la pensée germanique aime sacraliser l’intime, le familial : c’était encore un acte religieux que de s’amuser à table ou de parler tendrement à sa femme. Dans cette lignée sont la Tafelmusik de Telemann, plus sélecte, la Kaffee-Kantate de Bach, le Schemelliche Gesangbuch et même le Nötenbuchlein für Anna Magdalena tout plein d’amour sacré et profane. D’où ce moine, spécialiste réputé du genre, qui à quarante-sept ans eut la permission tacite de défroquer quelques années, le temps nécessaire pour mieux se mettre au goût du jour et apporter bénéfices financiers à son ordre. L’œuvre reflète cette aventure en alliant les archaïsmes savoureux des récitatifs (die Bettelzech en est un bel exemple) rappelant Schütz ou Buxtehude, et le dépouillement préclassique (Von Erschaffung Adam und Eva) de quelque comptine d’un Pedrillo chez Mozart. On comprend qu’un groupe d’amis rassemblés autour de la basse Peter Kooij, le Canto tanto à quatre voix, veuille défendre cet esprit au point de remplir le disque à ras bord. Ils sont parfaits dans l’oratio comique, souvent rurale, notamment Monika Frimmer. Das Neu-Eröffnete Orchestre dirigé par Jürgen Sonnentheil est subtil quoique parfois timide ou plutôt desservi par une prise de son lointaine. De l’enthousiasme certes, mais le programme convainc-t-il ? Peut-être faut-il être allemand pour apprécier (pas de traduction française des paroles)… Car la plastique musicale des œuvres ne suffit pas pour éviter l’écueil de la monotonie inhérente à toute anthologie collée à son sujet.
VALENTIN RATHGEBER
1682-1750
Augburgisches Tafel-Confect (sélection) et concertos – Johann Caspar Seyfert (1697-1767), Tafel-Confect, Tracht IV (sélection)
« canto tanto » Monica Frimmer (soprano), Christa Bonhoff (alto), Dantes Diwiak (ténor), Peter Kooij (basse),
Das Neu-Eröffnete Orchestre, Jürgen Sonnentheil (direction & orgue)
CPO 999 995-2 Bayerischer Rundfunk
(CD, ??? €). 2003. TT : 77’42’’
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