Monaco. Grimaldi Forum, le 3 décembre 2006. Richard Wagner (1813-1883) : Parsifal en version de concert. Saison événementielle des 150 ans de l'orchestre Philharmonique de Monaco
mercredi 13 décembre 2006
Monaco. Grimaldi Forum : Wagner, Parsifal en version de concert. Saison événementielle des 150 ans de l'orchestre Philharmonique
mardi 12 décembre 2006
Interview de Jean-Claude Petit pour son opéra à Nice "Sans Famille"
Mes expériences différentes* m’ont amené à avoir des relations dans des milieux différents jusqu’à l’art lyrique. Avec Paul-Émile Fourny, nous avions un ami en commun, Petitgirard (qui a donné Elefantman à Nice). Il communiqua mon numéro à Paul-Émile Fourny, je reçus un appel. Il m’y fit part de son projet, à l’époque, de faire écrire une œuvre lyrique et grand public pour la salle Nikaïa : du grand spectacle. J’ai proposé un grand opéra sur Garibaldi et un Sans famille, il a choisi lui-même.
Pourquoi « Sans Famille ? »
C’est un souvenir de Jeunesse, je l’ai lu et relu. Ce qui m’a frappé dès l’enfance, et encore plus à l’âge adulte quand je l’ai encore une fois parcouru, c’est que c’est un roman de musique (les héros sont musiciens, Vitalis est un ténor italien virtuose par exemple). Cette « relation à la musique », il est curieux qu’elle n’ait jamais été exploitée dans les films et les dessins animés, on y constate même un effacement total du thème. J’ai proposé à Jean-Paul Rappeneau l’idée de faire une comédie musicale au cinéma, à l’époque, on travaillait sur Cyrano de Bergerac. Il était enthousiaste et puis on a fait le « Hussard sur le toit », abandonnant le projet parce que finalement, en France, il n’y a pas de vraie culture de film musicaux. J’ai donc récupéré l’idée au moment de l’appel de Paul-Émile et de cette chance d’une commande d’opéra.
Comme on voit que vous êtes la source de ce thème, c’est donc vous qui aviez choisi le librettiste ?
Oui, j’ai tout construit, j’ai appelé Pierre Grosz qui avait travaillé avec moi sur une chanson de Michel Jonasz « changer le toit », j’ai eu l’occasion d’admirer sa passion pour l’opéra et sa culture et tout ce qu’il avait déjà fait dans le domaine en homme qui excelle au travail des livrets.
Vous avez dû vous amuser avec tous ces personnages musiciens et aussi les animaux, comment avez-vous fait pour les caractériser ?
Il y a trois singes et un chien qui chantonnent, dansent et miment, qui seront là pour accompagner la petite troupe. Il y a des effets comiques comme dans « nous sommes une troupe », c’est un peu comme dans les dessins animés. Rémi sera toujours avec sa mini harpe, Mattia avec son violon que joue en vrai le premier violon de l’orchestre : je me suis beaucoup amusé à glisser entre les textes des numéros à part, comme au music-hall. J’affectionne la scène en Angleterre avec des faux nègres, des masques qui dansent un charleston écrit, c’est incongru, pour le grand orchestre symphonique ! une rareté. Cela fait partie de l’atmosphère « début de XX siècle » qu’on a voulu donné comme cadre à notre Sans Famille.
Tout cela vous a certainement poussé à jouer avec les mélanges de types de voix ?
C’est cela qui fait le charme, la forme tient de l’Opéra et le langage de la comédie musicale, c’est le mariage de la grande musique et de la chanson. Tout balance entre les deux genres, la présence des voix d’enfant, le jeune garçon qui fait Remy et la Maîtrise d’enfant de Nice, les animaux ont par force une voix non lyrique, Mrs Milligan, interprétée par Jeanne Manson… et la belle voix de ténor de Jean-Paul Lafont en Vitalis (il s’est investi après l’écoute du Play-Back du disque au-delà même de la présente production). C’est un mélange que l’on trouve dans les opéras de Gershwin et jamais en France. Le goût de travailler sur ce caléidoscope me fait attendre avec un plaisir curieux la mise en scène, le décor : j’ai écris ce que j’entendais, mais les réalisations sont toujours pleines de nouveautés excitantes ! Voilà pourquoi je suis ravi de travailler avec cette grande machine qu’est l’opéra de Nice.
Vous avez participé au choix du petit Remy ?
On a fait un casting à Nice et à Paris pour la scène. Le choix était déjà fait pour le Disque où joue l’orchestre symphonique bulgare, en partie les choeurs à Nice et la Maîtrise de Nice, en partie la Maîtrise de Haute Seine : C’est un jeune garçon de cette dernière qui à été choisi. On a fait beaucoup de voyage pour faire ce disque Sony BMG qui sort mi-janvier. Pour la scène à Nice, sans conteste, le dynamisme de Gustav Jürgens m’a convaincu.
Voyez vous dans cet opéra le début d’une investigation plus large dans la grande musique de votre carrière, qui a cette belle qualité de l’éclectisme ?
La place de la musique classique dans ma production a déjà était conséquente avant « Sans Famille », je considère cependant que mon « « éclectisme » n’est pas une qualité mais un défaut, celui de ne jamais s’être arrêté à une musique particulière. Pourtant j’aime ce défaut, j’aime bien changer car j’ai la chance de fréquenter et d’écrire toutes les musiques jusqu’à la musique contemporaine. J’aime bien poursuivre une expérience, dans la vie, j’approfondis des choix, c’est avec ma conscience que je vois si je me les reproche - parfois je me refuse de rendre publics quelques quatuors, ils sont mon « expérience intime ». De toute façon j’estime qu’il y a deux sortes de créateurs : ceux qui comme Monet dévouent leur vie à l’étude d’une perception, ceux qui, comme Picasso, ont des périodes bleues ou roses. Les périodes, c’est ce que j’aime, j’abhorre l’unique.
Pour finir revenons tout de même au choix de « Sans Famille », comme pour Mozart pour « Dom Giovanni », on ne choisit pas en tant que créateur un tel sujet sans avoir une raison profonde et personnelle, qu’en pensez vous ?
Puisque vous posez la question Doktor Freud ! J’ai une sensibilité assez particulière aux enfants, elle tient autant de mon enfance que de mon expérience de parent. Mon père qui est instituteur a voulu que je fasse de la musique en parti parce qu’il n’a pas pu en faire lui-même. Il a voulu une éducation pour moi. C’est cela qui me plaisait dans l’histoire : l’éducation d’un père, d’un maître qui vaut pour le père (le fameux Vitali), m’a frappé. En tant que parent, j’ai eu deux filles puis deux garçons. Des deux garçons, il ne me reste que le cadet qui était juste né quand j’ai accepté le projet, j’ai écrit « Sans famille » en souvenir de l’un et en cadeau à l’autre, en hommage aux deux. À mon petit Raphaël de six ans, j’apprends la musique et il viendra regarder l’opéra avec moi à Nice. Ce « Rémi » est mes fils.
*Jean-Claude Petit, parti d’études précoces et brillantes au conservatoire supérieur de Musique de Paris a vécu l’expérience passionnante d’être un pianiste affectionné des célèbres jazzmen à leurs passages à Paris durant toute son adolescence, avant que d’être amené à l’écriture pour le show business, en dotant les grands noms de la chanson puis la filmographie française.
samedi 2 décembre 2006
Marco Scorticati : un jeune milanais prometteur à Berlin
mardi 28 novembre 2006
Concert d'ouverture du festival Manca
jeudi 12 octobre 2006
Monaco. Grimaldi Forum : Concert Gustav Mahler.
Monaco. Grimaldi Forum : Concert Gustav Mahler.
lundi 9 octobre 2006
Concert au Zoo de Saint-Jean Cap Ferrat
Concert au Zoo de Saint-Jean-Cap-Ferrat pour les enfants ; « pour charmer nos cinq sens laissons la parole au Maître Saint-Saëns » dit la comédienne Sabine Venaruzzo qui interprète le texte de Francis Blanche, tandis que les musiciens sous leurs masques d’animaux, rivalisent d’interprétation théâtrale.
Ce Zoo enchanteur est un rêve d’enfant mais aussi une douleur. Cinq sens …. avec l’odorat déjà plongé dans un autre monde au Zoo ; avec le goût, celui des plats incroyables servis à la fin du concert, sous l'aile généreuse, autoritaire et artiste, de la directrice du Zoo ; avec l’ouïe, par les révoltes régulières des perroquets et des lémuriens qui répondent à la musique ; avec la vue sur ce jardin foisonnant, ancien lac du roi des Belges, transformé en enclos pour zèbres, loutres, chèvres et flamants roses ; avec le toucher enfin, grâce à la fascination des mains des instrumentistes et l’envie qu’ont toujours les petits de toucher les animaux.
Mais les animaux sont lassés des paparazzi, les tigres derrière leur vitre, hautainement, méprisent l’humain qui les prive d’espaces à parcourir ; les loutres dorment collées les unes aux autres ; l’ours plonge son postérieur et sa tête dans l’eau pour supporter la chaleur. Malgré l’humanité de la patronne, son amour pour les nouveaux nés de son zoo (l’année dernière une tigresse sauvée par un sevrage au biberon, cette année deux zèbres), les efforts pour préserver les espèces, malgré le rêve et la tendresse, il fait peine de voir une prison dorée. Heureusement quelques inséparables ont fait une belle colonie au Cap-Ferrat et à Beaulieu-sur-mer, les ibis, tout en revenant chez eux au parc, aiment visiter la colline entière dans une semi liberté. La nature prend le dessus et « Jurassic Park » nous guète au détour d’une forêt, nous qui voulons brimer la planète Terre.
Quel sens de l’humour ! Devant plusieurs enfants émerveillés, dont une petite, habillée en fée puisque c’est le carnaval, notre actrice Sabine, dans une robe « arte », force l’indiscipline des parents et nous parle du jardin enchanté. C’est autant le monde de « Casimir » de notre enfance télévisuelle que celui de Saint-Saëns : c’est l’ « Île aux enfants ». Reconnaissons que notre pays a une belle tradition dans la littérature musicale pour l’enfance, il n’y a guère que les russes (Pierre et le Loup, L’histoire du soldat, donnés l’année passée ici même) et Janacek (la petite Renarde rusée) qui rivalisent, encore que leur œuvres parfois ont une double lecture philosophique. Sans compter le côté parodique et satyrique bien français de ce « Carnaval des Animaux », qui échappe aux enfants, mais qui rappelle aux initiés, historiens, musiciens ou simplement amateurs, les luttes artistiques de l’époque (Saint-Saëns lui-même s’est représenté dans les fossiles). Autant de clés à décrypter sous l'apparente bonhommie du texte et de la musique, qui donnent un sel incomparable à cette partition jouée à l'heure du goûter. Pour les enfants, on a omis la pièce « les pianistes » (il faut deux pianos) qui se moque des interprètes, épinglés comme bêtes de cirque.
Francis Blanche, dans son texte accompagnant l’œuvre, ne recule devant aucun lieu commun pour faire rire. Sa parole serait-elle un peu vieillotte pour les enfants d’aujourd’hui ? Ne nous avançons pas trop, nous autres adultes, trouvons certainement plus compliqué ce que les enfants plus intelligents que nous comprennent quand ils sont captés par le visage illuminé de l’actrice.
Une œuvre merveilleuse portée par des bêtes de scène. Ce carnaval des animaux, qu’il est fané sur le papier, dans les transcriptions pour piano seul, qu’il donne l’apparence des pacotilles usées ! Mais qu’il est vivant dès que les interprètes font surgir ses petits trésors, donnés d’abord en concert privé pour Liszt et que Saint-Saëns hésitait à livrer à la publication. Chef-d’œuvre de la musique française, ce rêve liquide des poissons dans l’aquarium imité par le piano et les cordes rêveuses ; perle, la douce mélodie du Cygne ; merveilles, la bonne humeur des fossiles et l’embonpoint des éléphants (dessiné par le basson), et la mélancolie du coucou et le duel entre le violon et l’alto qui imitent l’âne (animal que l’on craint toujours un peu) , et les tortues qui dansent lentement le « french cancan » d’Offenbach « sur le rythme de Jean-Sébastien Bach » … Tout cela est joué par des jeunes interprètes qui ne se prennent pas au sérieux, qui s’amusent à bondir derrière le comptoir du bar du Zoo pour se présenter aux enfants. Nos musiciens semblent issus de "l’Enfant et les sortilèges" de Ravel. Tout le monde s'entend à dominer avec bonne humeur, l’acoustique difficile, couverte par les cris des animaux.
Mais parlons des animaux : Pascal Oddon, le violon ou iguanodon, joue à l’âne avec son masque de singe. Il transmet une part de son caractère quotidien qui est d’un grand comique. Son jeu est souple et taquin. Anne-Aurore Anstett, tantôt lugubre, du son grave de son alto plane sur nos têtes comme un ptérodactyle ou bien galope comme un hémiole : « un hémiole est un cheval, des hémioles sont des chevaux (…), ils ont leur placent dans notre carnaval comme dans tous les carnavaux » - « Oh ! » hurlent tous les musiciens devant la faute de grammaire si attendue… Patrick Langot, le violoncelle, avec son masque de Zèbre (c’est son vrai caractère !) serait-il un plésiosaure qui nage profondément dans les océans de l’ère tertiaire (les fossiles en effet sont venus respirer au Zoo « l’air quaternaire ») ? Non c’est un cygne très émouvant ! « Sur les lacs profonds et calmes, le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes » : c’est là notre commentaire pour cette interprétation en citant un poème de Sully Prud’homme, aussi sublime que la musique de Saint-Saëns. Laurent Bienvenu à la clarinette, est un coucou mélancolique et tout le monde se cache derrière ses mains pour montrer furtivement le visage à chaque « coucou ». Cécile Cottin à la flûte, allonge hors de l’eau le long cou de l’Elasmosaure qui veut dévorer le ptérodayctile au-dessus de sa tête. Naturellement, elle jubile comme un oiseau (quelle beauté cette pièce « volière » qui imite le froissement des ailes avec les cordes et le chant des becs avec les vents !). Guillaume Deshayes est un « pikachou », pardon, c’est une erreur : un coq, tandis que les cordes lui répondent par une extraordinaire imitation des poules. Jessica Rouault, le basson est un brontosaure solide, un éléphant joyeux. Il s’en faut de peu qu’elle provoque le même carambolage de brontosaures que celui du film « King-Kong » : heureusement, sa virtuosité est sans faille ! Romain David est un poisson vif et délicat mais certainement pas un « claviosaure », suivant l’allusion de Francis Blanche à la dimension satyrique de la musique de Saint-Saëns.
Tout cela est illustré version manga (le hautboïste s’était échappé de ces illustrations dans notre commentaire) par l’assoc’piquante (http://www.lassocpiquante.com), jeune collectif de dessinateurs et de plasticiens dont les techniques fraîches et pimentées, offraient aux enfants, les collages astucieux pour les masques de cette ménagerie humaine et animale. Il s’agit d'illustratrices dont plusieurs parlent le langage des sourds et des muets. Le Zoo, séduit par le « Pierre et le Loup » donné l’année passé dans le cadre du même festival, multiplie désormais les activités alliant musique, peinture, gastronomie, comme à Pâques les œufs et à Halloween les citrouilles, sans compter les conteurs pour enfants qui sont légions, en région Paca.
Tout est beau, tout est charmant, tout est féerique, « c’est l’île aux enfants, que c’est un paradis ! ». Vivement l’année prochaine.
Festival de musique de chambre de Beaulieu-sur-mer Saint-Jean-Cap-Ferrat, le 9 août 2006. Camille Saint-Saëns (1835-1921) :Le carnaval des animaux.
lundi 7 août 2006
Antoine Landowski à Saint-Jean
Festival de Beaulieu-sur-mer, Saint Jean Cap Ferrat, Eglise de St Jean Cap Ferrat, le 7 août 2006. Jean-Sébastien Bach (1685-1750) :Suite n° 1, 2, 3 pour violoncelle. Antoine Landowski, Patrick Langot, violoncelle.
dimanche 6 août 2006
Monaco, Palais Princier. Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le 6 août 2006
samedi 5 août 2006
Festival Pablo Casals de Prades, les 2, 4 et 5 août 2006