A propos d'un autre disque de la Societas incognitorum
Tout de festif en ce disque 1630. Encore un mécène, en Moravie, le Cardinal Franz von Dietrichstein et deux italiens, maîtres de chapelle, qui expatrient leur talent : Claudio Cocchi, génois un temps à Mikulov avant Trieste - psalmodie brillante, son œuvre ne pâlit pas devant Monteverdi son modèle - et surtout Giovanni Battista Alovisi, bolognais champion ès chromatismes expressifs à la Gesualdo, qui passa sa vie entière auprès des princes tchèques. De très grands compositeurs « oubliés » en somme, dont l’écoute souple ne lasse pas. Pour compléter le portrait de cette cour, on entendra le luth qui y fut roi en la présence, jadis, d’un certain virtuose, Jan Prazak. L’ensemble invite aussi son virtuose de liesse dynamique : Stephen Stubbs. Ses suites de danses sont peut-être plus de convention, et la dernière mélange dates et styles français, germanique, anglais ; mais cet éclectisme là fut certainement de règle dans cette Europe-carrefour des influences. On aurait pu être gêné par le passage soudain des chœurs à la douceur de la corde pincée, de la chapelle à la chambre, mais le ton est si parfaitement le même, et le programme si bien agencé, si adapté aux exigences de repos de l’écoute moderne, que l’on accepte aisément d’entendre deux disques croisés comme l’on s’habitue, au cinéma, aux doubles plans séquencés. Remarquable la qualité du programme autour des psaumes et des motets à la vierge (il en était de même pour le disque de Cernohorsky). En un élargissement théâtral de l’espace en fin de programme (litanies), la basse solo dialogue avec un chœur doublé de violons et d’un grave violone. Remarquable la suavité constante de l’interprétation qui tient en haleine le public jusqu’au bout, toute qualité qu’il faut imputer à Eduard Tomastik, le chef et ténor. Les voix typées des quatre principaux solistes deviennent vraiment très attachantes ; on se sent en famille dans cette écoute, ce n’est pas une « société d’inconnus » qui nous parle. Le timbre de basse est impressionnant, on s’y attache malgré la lourdeur de l’émission dans le registre aigu - cela fait aussi partie de son caractère. Vraiment, si l’on n’avait pas relevé une légère maladresse dans le montage, ce disque serait une merveille parfaite. Il ne manque qu’à l’ensemble de servir un compositeur hors norme (ce qu’il avait peut-être déjà fait avec Adam Vaclac Michna ou encore Sances chez le même label) pour s’imposer définitivement comme l’un des plus remarquables d’Europe.
Trésors oubliés du premier baroque morave, musique de la cour de Dietrichstein
Psaumes et motets de Giovanni Battista Alovisi (1600 – 1665) et Claudio Cocchi, dances pour luth de Michelangelo Galilei, Robert Ballard, Charles Lepin, Ennemond (?) Gaulthier, John Dowland, Georg Leopold Fuhrmann, Michael Praetorius.
Societas incognitorum – Eduard Tomastik ; Stephen Stubbs, luth.
Rosa classic RD 1319
Enregistrement le 14 mars 2005 et le 13 mai 2005 TT : 79’55’’
Tout de festif en ce disque 1630. Encore un mécène, en Moravie, le Cardinal Franz von Dietrichstein et deux italiens, maîtres de chapelle, qui expatrient leur talent : Claudio Cocchi, génois un temps à Mikulov avant Trieste - psalmodie brillante, son œuvre ne pâlit pas devant Monteverdi son modèle - et surtout Giovanni Battista Alovisi, bolognais champion ès chromatismes expressifs à la Gesualdo, qui passa sa vie entière auprès des princes tchèques. De très grands compositeurs « oubliés » en somme, dont l’écoute souple ne lasse pas. Pour compléter le portrait de cette cour, on entendra le luth qui y fut roi en la présence, jadis, d’un certain virtuose, Jan Prazak. L’ensemble invite aussi son virtuose de liesse dynamique : Stephen Stubbs. Ses suites de danses sont peut-être plus de convention, et la dernière mélange dates et styles français, germanique, anglais ; mais cet éclectisme là fut certainement de règle dans cette Europe-carrefour des influences. On aurait pu être gêné par le passage soudain des chœurs à la douceur de la corde pincée, de la chapelle à la chambre, mais le ton est si parfaitement le même, et le programme si bien agencé, si adapté aux exigences de repos de l’écoute moderne, que l’on accepte aisément d’entendre deux disques croisés comme l’on s’habitue, au cinéma, aux doubles plans séquencés. Remarquable la qualité du programme autour des psaumes et des motets à la vierge (il en était de même pour le disque de Cernohorsky). En un élargissement théâtral de l’espace en fin de programme (litanies), la basse solo dialogue avec un chœur doublé de violons et d’un grave violone. Remarquable la suavité constante de l’interprétation qui tient en haleine le public jusqu’au bout, toute qualité qu’il faut imputer à Eduard Tomastik, le chef et ténor. Les voix typées des quatre principaux solistes deviennent vraiment très attachantes ; on se sent en famille dans cette écoute, ce n’est pas une « société d’inconnus » qui nous parle. Le timbre de basse est impressionnant, on s’y attache malgré la lourdeur de l’émission dans le registre aigu - cela fait aussi partie de son caractère. Vraiment, si l’on n’avait pas relevé une légère maladresse dans le montage, ce disque serait une merveille parfaite. Il ne manque qu’à l’ensemble de servir un compositeur hors norme (ce qu’il avait peut-être déjà fait avec Adam Vaclac Michna ou encore Sances chez le même label) pour s’imposer définitivement comme l’un des plus remarquables d’Europe.
Trésors oubliés du premier baroque morave, musique de la cour de Dietrichstein
Psaumes et motets de Giovanni Battista Alovisi (1600 – 1665) et Claudio Cocchi, dances pour luth de Michelangelo Galilei, Robert Ballard, Charles Lepin, Ennemond (?) Gaulthier, John Dowland, Georg Leopold Fuhrmann, Michael Praetorius.
Societas incognitorum – Eduard Tomastik ; Stephen Stubbs, luth.
Rosa classic RD 1319
Enregistrement le 14 mars 2005 et le 13 mai 2005 TT : 79’55’’
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