samedi 31 mai 2008

Contes & dialogues de Cédric (IV) : la Dinopsychanalyse

Dédiés à Hidehiko Hinohara
arrangés et écrits par Cédric Costantino

Ou

Deux analyses, deux contes de dinosaures & un intermezzo

Ou

Analyses & Contes sauriens

& cela commence par :

Dinopsychanalyse I ou Cantate du prologue
D’après un texte d’analyse sur internet




Soprano & Ténor, guitare

Chez l’enfant tout petit,
La Passion pour ces gros animaux
Prend en charge une partie
Des questions qui par trop
Le taraudent autour de son entrée dans la vie.

La basse, tuba & trompette

Leur masse pesante
Qui les empêche de se bien mouvoir
Est un miroir
de l’impuissance motrice
Du nouveau-né.

Alto & trompette

Au bébé, leur gigantesque appétit
Résonne
Avec ce moment sensitif de la vie
Nourissonne
Où tout lien avec le monde
S’organisait autour du désir inné
De tout porter à sa bouche ronde`
Et de l’angoisse d’être dévoré.

Ténor & basse, successivement tuba puis trompette

Quant à la répartition en deux catégories
Herbivore
Carnivore
Elle est nettement un tri
Des tendances opposées
Que tout enfant ressent en lui :
Pacifique et social d’un côté,
Comme les grands ruminants
Qui vivaient regroupés ;
De l’autre côté, carnassier et prédateur
Comme le Tyrannosaure qui fait peur

L’alto & guitare

Pour les plus petits, ces monstres bizarres
Semblent être du bon standard
pour les représenter avant les commencements,
Dans leur existence fœtale au ventre de maman

Ténor & guitare

D’où cette surprise belle
De l’institutrice de maternelle
Qui avait tenté d’expliquer la grossesse

Avec la trompette & le tuba

Elle eut cette adresse de vérifier
Si les petits avaient bien compris,
En les invitant à réaliser
Des modelages
recréant l’image
qu’ils se faisaient
Du foetus.


Soprano, l’alto, le ténor et la basse

Plusieurs gugus modelèrent
de petites créatures
repliées sur elles-mêmes.
Sans savoir, Ils recomposèrent l’emblème
De ce que l’on peut en voir
sur les radios d’échographies ;

Tutti

Mais sur leur dos par fantaisie admirable
certains ajoutèrent encore
des piquants tout semblables
à ceux dont on affuble
si souvent nos dinosaures



Petit Parasaurolofo & Dame Tyrannosaura
conte original



Narrateur qui est le ténor – Il était un petit parasaurolophus nommé Parasaurolofo – d’accord, ils avaient tous le même prénom de « Parasaurolofo », les parasolophus, parce que leurs mamans n’avaient pas beaucoup d’imagination et se contentaient de couver leurs œufs tranquillement. N’empêche, on l’appelait Solofo parce que c’est plus court le diminutif. Donc le petit Solofo ne pensait à rien du tout, broutait tranquillement son herbette car il y avait de l’herbette à l’époque, c’est scientifiquement prouvé ! on a retrouvé des cacas de dinosaures fossilisés (ça veut dire transformés en pierre avec les millions d’années) et en étudiant leur contenu on a trouvé des graines d’herbes ! Bon puisque c’est moi qui joue le rôle de Parasaurolofo - vous voyez : j’ai sa tronche comme déguisement - je vais brouter bêtement mon herbette, tout heureux, je dirais même tout peureux.

« Mum c’est bon Miam Miam. Au secours qu’est-ce que c’est que ce pas que j’entends ? c’est le pas du tyrannosaure, là méchante bête carnivore aux grandes dents, elle va me manger ! où dois je m’enfuir, je cours ! »

Parasoraulofo prenait la fuite tandis qu’une très grosse tyrannosaure femelle le poursuivait, beuh l’horrible et répugnante bête ! Notre gros herbivore courait vite, son instinct grégaire – grégaire veut dire que ces bêtes herbivores vivaient en troupeaux – lui fit utiliser aussitôt la trompette qui était sur sa tête pour appeler ses camarades. En effet le Parasaurolophus a un nez de canard qui possède une grande cavité qui se prolonge derrière le crâne comme un tuyau de trompette, un tuyau bouché au bout.

Là j’essaie de toucher l’extrémité de mon crâne avec mes pauvres petit bras de dinosaure pour vous montrer : le son est très puissant et grave. Je gonfle mes joues et j’émets mon cris de l’olifant. Pouët !

Aussitôt ses petits camarades accourent et à force de taper dans le ventre de Tyrannosaura, ils la font tomber par terre. Les bras du parasoraulophus sont déjà petits, mais ceux du tyrannosaure sont encore plus petit, tout petit petit ! c’est difficile pour un tyrannosaure de se relever avec des bras aussi ridicules. Alors tyrannosaura, désespérée au milieu des parasaurolophi triomphants, prit ainsi la parole :

« Ohimé ! je ne te poursuivais pas pour te dévorer mais pour t’embrasser, Solofo chéri ! je ne suis pas Tyrannosaura, mais ta tendre Parasaurolopha qui jadis fut mordue au bord de l’eau par un trilobyte magique survivant de l’époque dévonienne. Ce méchant mollusque gluant m’enferma avec son sortilège dans cette cruelle enveloppe de carnivore à dents tranchantes. Mais je t’aime, même aussi monstrueuse ! »

Là tous les souvenirs reviennent à la mémoire très courte de Parasaurolofo, le bord de mer, le bain aquatique et le trilobyte mordant sa chérie, et sa chérie qui disparaissait emportée par le courant de la mer. Avec ces souvenirs tout son bonheur d’herbivore-qui-broute s’envola et une douleur s’installa dans son coeur : Il entonna alors le lamento du Parasaurolofo – attention ne vous attendez pas à un lamento intelligent, les parasoraulophes ne sont pas philosophes :

« Je t’avais oubliée,
je broutais sans penser,
mais au fond de mon cœur
demeurait une peur,

tu me manquais quand je broutais

(écho) elle lui manquait quand il broutait

je vois tes yeux de tyrannosaure
mais ils sont doux comme ceux d’une herbivore
oui c’est toi je le vois, je le crois !

tu me manquais quand je broutais

(écho) il broutait

pleurez montagnes, pleurez calamites
vagissaient brachiosaures
parce que ma bien aimée est une tyrannosaure

tu me manquais quand je broutais

(écho) il chromchoutait

entends-tu ma trompette pleurer
car je ne peux plus faire avec toi des bébés
vu que tu es devenue une tyrannosaure !
Comment t’embrasser
avec tous ces tranchants
dans ta bouche carnivore ?

Où tu étais quand je broutais ?

(écho) Où était elle quand il chromchoutait ?

Je t’aime très fort,
Tout mes sentiments revienne du fond de moi
Je veux t’épouser même laide comme t’es !

Je t’ai retrouvé, on peut ensemble brouter !

(écho) avec un râtelier dans sa bouche elle va quand même brouter !

Pendant qu’il faisait sa complainte, son sentiment fut si fort qu’inconsciemment son nez chantait lui aussi une complainte magique d’amour, et comme un parasoraulofo ne peut pas penser très longtemps, son nez continua à chanter tout seul un chant d’amour magique : écoutez le … ce chant que fait le nez, c’est du cœur qu’il vient tant le cœur peut exprimer ce que les mots n’expriment plus… et pendant ce chant qu’advint-il ? Non il ne se fit pas dévoré par la tyrannosaure qui aurait profité de l’amour aveugle, non ! il fut récompensé de tant de constance ! c’est qu’un miracle se produisit… petit à petit, Tyranosaura retrouvait des bras graciles… un museau camus … des pieds à petits coussinets … un ventre bien dodu … une jolie crête sur le dos …. Et une belle trompette sur la tête… et une élégante queue courbée : de tyranosaura elle devient parasaurolofa.

Alors tous les parasoraulofi de s’écrier :

« oh ! »

Parasoraulofo, fou de joie, pendant que sa trompette s’emportait en doubles croches, embrassa moult fois sa beauté de princesse, puis on célébra les noces en dansant la pavane et tous chantaient sur le rythme de la danse :

« vivre végétarien
c’est très très bien ! »

« mais être de tant en tant carnivore, ça ne fait pas de tort ? » s’exclama parasoraulofa - car il lui restait une petite trace de tyranosaure en elle, un peu comme les traces d’arachide et de fruits secs dans le cacao qui est fait dans les mêmes cuves que les cochonneries chocolatées ! c’est ce qui est écrit sur l’étiquette derrière : « peut contenir des traces d’archide… »


« bouh ! viens brouter avec nous » s’exclamèrent les parasoraulofilles devant ce retour de carnivorie !

« viens brouter avec moi,
Solofa ma chérie,
Je te promets une vie
De ruminante distinguée ! » lui dit son époux en lui baisant la main

« vivre végétarien
c’est très très bien !

La morale de l’histoire c’est que les humains sont omnivores et qu’il est bon de manger la carottes comme le lapin, nous sommes des tyranosaures et des parasoraulophes tout ensemble : bois ta soupe, mange tes légumes et ton petit pot de bœuf carotte !

Et tous les parasoraulophi dansaient la pavane pour fêter ce mariage. Ainsi ils eurent beaucoup de petits parasoraulophi qui en eurent beaucoup eux aussi jusqu’à la fin du crétacé

« vivre végétarien
c’est très très bien ! »





FIN





COMMENT DARK TRILOBITE EST DEVENU MECHANT
Intermezzo





Narrateur qui est le haute-contre accompagné de la guitare – Dans un pays aquatique drastique, dans un temps si reculé qu’il n’y avait pas d’animaux sur la terre ferme, ni de plantes, même pas encore les insectes, scorpions et araignées qui sont sortis de l’eau bien avant nous, laissant leurs cousins crevettes et crabes aux océans :

Artropodes vous peuplâtes les eaux
Avec vos pinces et vos carapaces…

Il était un petit trilobyte visqueux et mou qui se tapissait au fond de l’océan, il était gentil, il avait plein d’amis

Mais un météore géant détruisit son environnement, adieu algues et poisons béants, tout devint lumineux et incandescent

Trilobyte fut irradié et devint méchant, il voulait écraser tous ses amis avec un de ses trois lobes, mais comme il était mou, il n’y arrivait jamais, cela le rendait

Irrascible
Frustré
Aigris
Jaloux
Hideux

On l’appela : dark trilobite !

Il se promis de faire du tort à tous les alguivores et de devenir carnassier : méchant trilobite – sa haine fut si féroce qu’il ne connu plus de repos et que même après sa mort il devint dans la mer

Le vaisseau fantôme

Garre au retour du trilobyte !


A SUIVRE…



BRONTO L’APATOSAURE & l’ABEILLE
Conte lui aussi tiré d'internet




Narrateur qui est la basse accompagnée d’un tuba – Il était un bon gros gros Apatosaure qui s’appelait Bronto. Oui lui, il s’appelait Bronto et pas Apato, mais c’est pas parce que les mamans apatosaures avaient plus d’imagination que les mamans parasoraulophae dont vous a parlé mon collègue ténor, c’est parce que les savants ont changé il y a peu le nom de la bête, et les brontosaures s’appellent aujourd’hui apatosaures : Dieu sait ce qui leur a passé par la tête, certainement c’est une dispute de chercheurs de fossile ! « Je l’ai trouvé le premier et je le nomme lézard tonnerre : brontosaure ! » « non c’est moi et je le nomme lézard calme : apatosaure ! et puis on va devant les juges qui ont décidé du nom de la bête. Mais comme quand j’étais petit, mon livre parlait de brontosaure et qu’il avait sur l’illustration des yeux si doux et si tendre sur sa petite tête ronde au bout de son long cou et de telles papattes boudinées et un ventre si rond que je lui ai dessiné pleins de cœur autour, il restera toujours pour moi mon petit Bronto.

Mon petit Bronto
Tout doux tout rond
Tout tonneau,
Avec tes yeux nounouilles
je t’aime très fort
Quand je fais dodo.

Bon c’est moi qui fais le Bronto. Un jour il mangea beaucoup et beaucoup de gros champignons. Certainement ils devaient être ensorcellés ces champignons, il avait l’estomac sur le ventre Bronto – pourtant l’estomac d’un brontosaure c’est une vraie bétoneuse avec des cailloux qui tournent à l’intérieur pour broyer les pommes de pin, on appelle ça des pierres gastriques, on en a retrouvé plein, toutes polies. Bref d’avoir une indigestion, ça lui donnait sommeil, en plus il pleuvait très fort. Il chercha lentement (lentement parce qu’il est très lourd l’apatosaure pour se déplacer), il chercha lourdement un abris pour dormir. Il vit une grotte, « viens au chaud chez moi » semblait lui dire la grotte avec sa grosse bouche. Il entra mais comme il faisait 10 mètres de haut il touchait le plafond, il se blottit tout rond et ça lui donna envie de dormir encore plus. Et la grotte en profita pour fermer sa bouche et le dorloter bien au chaud. Ecoutez le sommeil du dinosaure comme il est tranquille et heureux.

(le tuba joue le sommeil de l’apatosaure)

Il y eut tant de pluie puis tant de soleil sur la roche de la caverne qu’un jour elle s’est dissoute ou bien peut-être elle décida d’ouvrir sa bouche. Toujours est-il qu’un beau matin d’été, l’abeille et le lézard le trouvèrent là endormi. « Qu’il est gros ! » dit le lézard, « il a un air de famille avec toi, lui dit l’abeille, j’ai connu des bestiaux comme lui dans un passé très lointain ! Il a l’air très gentil, il dort comme un bébé ! tiens regarde il bouge, il va se réveiller ».



En effet, il faisait si chaud que Bronto ne tarda pas à sortir de son sommeil. Aussitôt le lézard se cache et l’abeille s’envole. Mais c’est qu’il avait dormi plus de quatre vingt millions d’années. Quelle surprise ! Tout a changé. Le pauvre dinosaure ne reconnaît plus sa campagne ! Il ne voit pas les autres dinosaures comme lui. Les magnolas géants ont disparu, les champs de calamites ont fait place à des prairies. Le monde a beaucoup changé durant le sommeil de Bronto. Mais où est-il en ce moment ? Les arbres sont ridiculement petits, il y a des fleurs partout qui sont minuscules, on se croirait dans une maison de poupée. A j’oubliais, je dois faire le dino. Je prends mes yeux les plus doux, voilà qu’il sanglote :

(chaconne)

« Oh là là, je suis tout seul,
je suis malheureux
j’ai au cœur un gros bobo
c’est trop injuste
(le tuba en écho)

Oh là là, où est passé diplodo
Brachio et Trice ?
Et mes fleurs grosses à croquer,
Et mes calamites à sucer
Et mon herbette à brouter
C’est trop injuste
(le tuba en écho)

Soudain, Bronto, ce rend compte que l’abeille minuscule l’écoutait se plaindre en cachette :

« Enfin quelqu’un que je connais ! c’est petit être la sœur de ma copine d'avant mon dodo, Apis gigante, mais en tout rétréci ?

Alors, comme il est très poli, il lui fait un grand sourire et se présente :

Bonjour, moi je suis Bronto et toi ?

La petite bestiole n’a pas peur car elle se rappelle de lui, elle le met à l’aise :

« Moi je suis Bzz Bzz ! Si je m’attendais, drôle de rencontre ! Après tant d’années te voilà toi ? Qu’est ce que tu fais là ? Visiblement t’es pommé ! »

« tu veux jouer avec moi ?

« non je vais au boulot »

« tu fais quoi comme boulot ? »

« Je vais au jardin de fleur pour récolter du pollen avec mes amies abeilles. Nous pourrons ensuite faire du bon miel ensemble »

Le brontosaure se met alors à pleurer.

« Ouin Ouin Ouin »

Aussitôt s’envolent les oiseaux, fuient les gazelles, galopent les lapins.



« Quel raffut ! cela ne te plaît pas que l'on fasse du bon miel moi et mes amies ? » s'étonna l'abeille un peu piquée dans son honneur.




« Moi aussi je veux être avec mes amis ! » répondit-il dans son sanglot, tout simplement désemparé

« Mais regarde un peu dans le jardin, tu peux te faire beaucoup d’amis ! »

Bronto cherchait du regard ses nouveaux amis, le voilà qui se déplace en tout sens, faisaint peur à la taupe, aux fourmis, aux vers de terre, tout le monde tremblait ! à chaque pas il écrasait vingt fleurs, ça faisait grincer les dents de l’abeille dont les étamines florales sont les outils de travail. Enfin Bronto baissa son cou, il demanda suppliant a la souris :

« tu veux être mon amie ? »

« Ah non ! c’est inadmissible ! je préfère les éléphants, c’est plus petit et ça barrit moins fort ! »

Et elle s’enfuie en se bouchant les oreilles, et avec elle tous les autres animaux :

« il est trop grand, il est trop lourd, il va nous écraser, au secours ! »

Bronto avait de quoi être très malheureux, personne ne voulait de lui. L’abeille qui était bonne réfléchissait et elle cherchait dans sa mémoire, car il lui semblait bien qu’elle était là pour l’aider, mais les directives qu’on lui avait donné était très vieilles, quatre vingt millions d’années ! et encore c’était à son arrière arrière arrière arrière arrière et mille fois re-arrière grand mère qu’on avait tout expliqué, à cette époque-là la mamie était très grande elle aussi comme Bronto car tout était immense !

« Ah je vais t’aider ! j’ai peut-être une solution pour toi, si je te rétrécis tu pourras être accepté par tes nouveaux camarades, il suffit que je te fasse une piqûre »

« Ouille ouille ouille, mais ça fait bobo les piqûres ! »

« non tu ne sentiras rien car c’est une piqûre magique, c’est pour ton bien, je suis infirmière : elle est pleine de médicaments et de bon miel.



(air de l'abeille)



Car si mon espèce qui vivait sur terre bien avant toi et avant les mammifères a survécu sur terre, c’est qu’elle est maligne ! elle est tellement maligne qu’on nous appelle les savantes de la terre, on nous respecte et on écrit des poèmes sur nos ruches. Quand la grotte décida de te garder dans son ventre, elle avait préparé son coup et m’avait chargé de m’occuper de toi à ton réveil. J’avoue qu’il m’a fallu beaucoup de temps avant de me rappeler ma mission tellement ça fait longtemps. T’as dormi longtemps : Quatre vingt million d’années ! Aussitôt que tu seras piqué, tu verras ce qui va se passer »

Et l’abeille piqua le Bronto qui fermait les yeux de peur d’avoir bobo et alors ...

il dégonfle, il dégonfle comme une baudruche, écoutez le bruit du ballon qui se dégonfle :

Psssssss

C’’est le dégonflement du Brontosaure

Psssssssss

Bronto rapetisse, il devient minuscule, rikiki, tout petit.

Alors tous les lézards viennent et jouent à saute-mouton avec lui !

« Oh ils me ressemblent mais en tout plat ! » dit Bronto à l'abeille avec une petite voix

« Oh il nous ressemble mais en tout rond » disent les lézards

Et tous se mettent à chanter sur le rythme de la gaillarde :

« Bronto est gentil Bronto est tout doux, Bronto n’est plus grand, il est devenu comme nous ».

et ils avaient trouvé plein de jeux : une fois le lézard fait tourner Bronto sur ces pattes comme un ballon (c’est le rythme du rigaudon), un autre fois on utilise le ventron charnu de Bronto comme trampoline et on bondit dessus (c’est le rythme de la gavotte), une autre fois on utilise son dos comme un toboggan (c’est le rythme du passepied), ou encore on utilise son échine solide pour jouer à saute-mouton (c’est le rythme de la sicilienne). Bronto est si précieux comme camarade de jeu que les lézards ne le prêtent à personne, c’est pour cela qu’il est difficile d’attraper un lézard (la fuite du lézard c’est le rythme de la gigue fuguée), ils ont peur qu’on leur demande où ils ont caché leur Bronto et, il faut l’avouer, ils ont hâte de le retrouver pour jouer au ballon (rigaudon), au trempolin (gavotte), au toboggan (passe pied), à saute-mouton (sicilienne).

Mon petit Bronto
Tout doux tout rond
Tout tonneau,
Avec tes yeux nounouilles
je t’aime très fort
Quand je fais dodo.




FIN




Dinopsychanalyse II
Ou
DRAMMA IN MUSICA






Le stégosaure

Docteur je suis venu vous voir car je souffre de toute mon âme, au point que j’en ai des mots de cerveau, et comme j’ai deux cerveaux, un petit en haut dans le crâne et un gros dans mes reins, j’en ai des maux de reins.

Le Docteur

Hum c’est fâcheux, ce n’est pas bon pour la carnation.
Voyons donc ce qu’on peut faire pour vous :
Parlez-moi de votre enfance…

Le stégosaure

A l’école on se moquait de moi, et c’est pas finit on se moque toujours de moi ! mes piquants sont trop mous sur mon dos on m’appelle :

Femmelette,
Mou de l’écaille
Parasorolofille

C’est affreux je me cachais dans un coin et je ne voulais déranger personne.

Le Docteur

Poursuivez…

Le stégosaure

Ma maman me rejetait et me traitait de vilain petit anatosaure, mes frères mordaient mes écailles pour les brouter comme de l’herbe, je pris l’habitude de vivre seul dans le marais et me faire des amis des coccinelles et des libellules parce que je me sentais pas protégé.

Le Docteur

Vous avez des peurs…

Le stégosaure

J’ai toujours peur d’être mangé…

Le Docteur

Rappelez moi votre nom…

Le Stégosaure

Stégo-Zoro !

Le Docteur

Ah ! Comme le steck frite ?

Le stégosaure

Comme un « bon » steck frite, j’ai l’impression que les gens ne me voient pas autrement !

Le Docteur

Hum hum.

Le stégosaure naïf

Des fois j’ai l’impression que je suis appétissant…

Le Docteur

Racontez moi vos rêves…

Le stégosaure

Je rêvais que les arbres étaient de grandes dents de vélociraptor et des ongles cruels, et je n’arrivais pas à me frayer un chemin au milieu.
`
Le Docteur

Et pourtant vous deviez être assez dodu dans ce rêve…

Le stégosaure

Ben oui, dodu mais comment se protéger avec des piquants pas assez vigoureux ?

Le Docteur

Mais dodu un peu ou beaucoup dodu ?

Le stégosaure

Très dodu.

Le Docteur

Huum huum !
Et les arbres à quoi pourriez-vous les comparer ?

Le stégosaure

A des dents pointues... comme les vôtres !

Le Docteur

Les dents vous fascinent, n’est-ce pas ?

Le stégosaure

J’aimerais avoir des écailles dures comme les dents !

Le Docteur

Précisez…

Le stégosaure admiratif

Comme « vos » dents !

Le Docteur

Bon approchez, je vais vous dire plus prêt comment il faut vous guérir…

(le Docteur l’avale tout cru puis s’adresse au public)

Je suis désolé ! Bon sang de Vélociraptor ne saurait mentir ! avec un nom pareil de Stégosaure ça me… ça me titillez les papilles, çà me faisait penser à un bon steck tout le temps ! ma foi, il n’était pas mauvais !

Le Chœur des infirmières

Horrible docteur,
Ventre de baleine,
Qu’as-tu fait de Stégosaure ?

Le Docteur

Je digère.

Le Chœur

Stégosaure !
N’auras-tu pas le courage de te défendre ?

Le stégosaure dans le ventre du docteur

Je suis tout mou !

Le Chœur

Sus ! durcis tes écailles, tu y arriveras !
Ouvre ce ventre avec tes écailles
Et renaît à la vie !

Stégosaure

O hisse, O hisse !

Le docteur

Ouille ouille !
Ouille ouille !

Stégosaure

Victoire !
J’ai de belles écailles bien dures maintenant,
Je suis devenu grand !

Le docteur

Il va falloir
encore que je me recouse !
ça m’apprendra à manger des bêtes piquantes…

Tout le Monde

Petit Stégosaure est devenu grand

(Chœur final)

Leur gigantesque appétit
Résonne
Avec ce moment sensitif de la vie
Nourissonne
Où tout lien avec le monde
S’organisait autour du désir inné
De tout porter à la bouche ronde`
Et de l’angoisse d’être dévoré.




FIN DE TOUT LE DIVERTISSEMENT



vendredi 30 mai 2008

Bussotti ou la peinture aux sons


Mallarmé jalousait Wagner et reprochait au musicien de lui voler son art. De même, ressentant profondément dès son enfance qu’une ville d’art, Florence, l’a engendré, Bussotti a vite choisi de mettre tous les arts dans le meilleur pot, celui de la musique. Car c’est un véritable amour physique que le musicien entretien avec son matériau, son appétit dévorateur transforme tout en musique : le dessin et la peinture ont-ils des rythmes qu’il en fait l’élément moteur de son œuvre et leur vole leur part musicale pour la mettre au service de l’oreille reine.Certes oeuvre d’art à mettre en exposition, la page bussottienne avec son impulsion graphique est, avant tout, autant dans l’espace et le temps du son qui se développe que celui de l’œil qui la regarde. C’est ce qui en fait la force et la fascination. Il en est de même pour ce que Bussotti appelle le Théâtre Musical (« Selon Sade »). Les victimes vampirisées par la musique y sont cette fois-ci non plus seulement le graphisme de la partition, mais les éléments de la représentation, parole et corps humain lui-même : « le geste par rapport au son, le son par rapport à l’instrument et au musicien, le musicien par rapport à sa place sur la scène à, ce qu’il a fait et ce qu’il va faire et les changements d’éclairage, le déplacement des décors, etc. », l’œuvre n’est « ni théâtre, ni opéra, ni concert. ». Même pensée à propos du prélude « Solo » : « ce n’est pas encore du théâtre, de la musique, de la littérature, ou une conférence, une pantomime, du cinéma ou une peinture vivante, un tableau de l’opéra ou du ballet. Ce n’est pas tout cela, pas encore. Mais cela le deviendra. ». Maurice Fleuret qui a fait une analyse très fine de l’œuvre de Bussotti, résume le syncrétisme bussottien : « Bussotti entend cultiver la musique en étroite liaison avec les arts du signe, de la couleur, de la lumière, du geste et de la parole – de l’écriture comme de l’action en somme. » Ainsi en étant musicien, Bussotti est-il tout naturellement aussi poète, plasticien, auteur de films, metteur en scène, décorateur…

A la manière de Thyeste, son discours musical vous assimile tout entier en faisant appel à tous les sens et jusqu’au corps. Ogre, Bussotti l’est, tel Wagner, mais dans une italianité pure inscrite dans l’idéal de l’humanisme renaissant. L’écoute de ses œuvres vous saisit et le geste théâtral est dans chaque phrase. Citons encore Maurice Fleuret : « Tout dans le détail est animé d’un souffle frémissant, d’une vibration intime et pathétique, au point qu’on croirait une musique d’états d’âme. Le compositeur y parvient par le biais d’une écriture tout à fait personnelle qui unit le graphisme le plus imagé à la notation post-weberienne la plus précise et la plus raffinée. ». L’œuvre d’une fantaisie extrême et d’une profondeur qui contraste avec l’esthétisme froid de tant de compositeurs actuels, vous engloutit définitivement lorsque vous y êtes entré, car il ne s’agit pas de pièces différentes, mais d’une seule et même faite d’un système complexe de symboles, né de la précédente, faisant corps avec la suivante et se renouvelant bientôt en réinterprétant, amplifiant des œuvres du passé. Passez une porte et vous êtes déjà dans la maison toute entière. Souvent d’une petite page (Foglio d’album) naissent des monstres de monumentalité, tout déborde enfin dans une générosité extrême et la feuille ne suffira jamais pour satisfaire l’art qui coule de la main du compositeur comme la peinture coule sur les toiles d’un Picasso insatiable de création. « Qu’on le veuille ou non, dit encore Maurice Fleuret, on est contraint au recul, jusqu’à embrasser la totalité du paysage bussottien dans son évolution perpétuelle ».

dimanche 25 mai 2008

Le ministère de l'orgue à Nice : croire, témoigner servir, c'est aussi pour les organistes

Cet article est autant un compte rendu des points capitaux enseignés par le colloque du 8 mai 2008 de l'Association Francilienne pour la Formation des Organistes en Liturgie qu'une invitation aux organistes du diocèse de Nice et aux prêtres à ce faire émule des avancées liturgiques en France à l'occasion du grand Synode. (On lira, dans un autre article, le résumé de la journée elle-même à Paris, les dires d'Eric Lebrun sur le répertoire d'orgue, les présentations de chaque évêché de la région francilienne non évoqués ici)

Allocution du Père Pierre Barthez, responsable national de la Musique Liturgique.

"L'orgue est une mission, un ministère de l'église. Un accent plus puissant à été accordé à l'orgue dans le nouveau Missel Romain (APGMF) : il est dit premier instrument dans la liturgie. Dans ce texte est manifestée la volonté de vouloir bénir nos orgues. Mission permanente, mission à retrouver. Il faut même donner le goût à d'autres de retrouver la dimension de l'orgue liturgique. C'est un avenir nouveau rempli de promesse. De même que l'animateur liturgique est redevenu pleinement un chantre, de même son action doit être partagée avec le rôle de l'organiste.

Il faut donc, pour l'organiste, s'engager, avoir une connaissance liturgique. S'engager dans l'intelligence de la vie liturgique de l'église, avoir une formation théologique, grande et passionnante. "La liturgie nous est donnée" a dit Vatican II, il faut engager notre talent, faire la redécouverte du sacerdoce commun des baptisés. Tous célèbrent : "tous font tout et chacun selon ce qu'il est". L'assemblée est célébrante. L'orgue en tant que participant à cette célébration ne peut admettre que l'on débute par la répétition de chant, inefficace et quasi vulgaire en tant que premier contact. Au contraire il est plus respectueux que l'orgue prélude à l'entrée dans la célébration. Ainsi l'organiste doit aider l'assemblée à faire Eglise.

L'Eglise est le lieu où la beauté doit avoir sa place : elle s'est employée pour des siècles et des siècles à donner de la beauté. Beau et gratuité, alliance de Dieu qui s'engage par amour pour nous et nous lui répondons par amour ! Or l'expression de l'amour se trouve en la voix de l'orgue qui sans parole est un don gratuit et ce qu'elle doit dire est l'amour.

L'orgue est symboliquement placé en hauteur, comme en ce lieu merveilleux de la cathédrale d'Albi où l'on voit les fresques du XVIIème siècle sans restauration aucune. Ces maîtres bolonais ont peint cette voûte pour signifier la liturgie : "nous chantons et nous proclamons Saint est le Seigneur le dieu de l'univers" : communauté du ciel, dialogue. Nous, organistes sommes la voix de cette communauté du ciel et faisons partie de la Grâce célébratoire.

Retrouvons la joie d'être organistes liturgiques. La littérature est exceptionnelle ! et la dimension de l'improvisation est à retrouver dans la liturgie. Aussi faut-il lancer un appel aux lieux de formations Anfol, association qui fait oeuvre utile. Décloisonnons nous, organistes, de notre situation en hauteur, et, parfois, optons pour nous faire remplacer et être chrétien dans l'assemblée : c'est ainsi délocaliser notre mission, situer notre dimension au delà de notre clavier. Une éducation d'organiste doit être d'abord riche en formation à la liturgie, on doit comprendre la liturgie à l'orgue, être également compétant au chant : nous sommes un membre de la communauté." (Père Pierre Barthez)

Propositions d'une structure aidant à relever la mission de l'organiste dans le diocèse de Nice, propositions inspirées des excellentes pratiques du diocèse de Meaux bâties à l'instigation de Jean-Jacques Donze.

Une priorité est de renforcer l'importance de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle(PLS) d'une part comme soutien, conseil, garantie de compétences, aux yeux des prêtres qui recherchent un organiste, d'autre part comme tutrice, formatrice et pédagogue pour les organistes désireux de se forger un solide ministère.

I Gestion des titularisations par la PLS

a) importance de la titularisation

La titularisation est une protection que l'évêché se donne pour que l'Etat ne s'immisce dans le choix des organistes, car tel est son droit de nommer le titulaire là où l'Eglise n'y veille pas si l'Etat est propriétaire de l'instrument. En effet, les pouvoirs publics demandent qu'un titulaire soit nommé pour chaque instrument. Le titulaire est considéré par les autorités civiles et l'Eglise comme responsable de l'instrument. Il faut une dérogation pour qu'un organiste soit titulaire de plusieurs instruments, ce qui peut devenir fréquent depuis la répartition des messes d'une communauté sur plusieurs églises depuis Diocèse 2000.

b) importance du salaire du titulaire

Ceci a une incidence financière qui prend en compte le temps qu'un organiste a eu à se former, à payer ses études, le prix des partitions (taxées comme produit de luxe). Le salariat est partout prioritaire, le dédommagement pour le transport aussi. Là où seul le bénévolat est envisageable, il faut privilégier l'aide financière aux stages, à l'achat de partitions. Le logement de fonction peut être un dédommagement utile soumis à la dérogation exceptionnelle nécessaire pour l'hébergement d'un non clerc.
c) Solidité d'une titularisation s'il existe un diplôme PLS

Pour que la PLS puisse seconder les prêtres dans leur choix, et les organistes dans leurs compétences, il est primordial d'instaurer un diplôme PLS (qui dans un diocèse comme Meaux est désormais obligatoire pour les nouveaux organistes mais à Nice pourrait être facultatif). Ce diplôme n'aura de poids que si l'évêque l'accrédite et recommande les organistes qui en sont dotés à ses prêtres, il donnera une assise solide aux compétences d'un organiste titulaire.

d) présence de la PLS pour encadrer le choix d'un titulaire

Il arrive que le curé d'une communauté n'ait pas les compétences pour choisir lui-même un organiste, parfois il manque d'envie d'engager un ministère de l'orgue dans sa liturgie à cause de mauvaises expériences, d'une absence prolongée de la musique en sa communauté et ne voit plus l'utilité d'investir dans cette partie de la liturgie. Or il sera mis en confiance si son choix est encadré par un organisme spécialisé en ce domaine qui n'est autre que la PLS et si cet encadrement est recommandé par l'évêque.

Un seul postulant

Dans le cas d'une petite paroisse, s'il n'y a qu'un seul postulant, il est incité à être doté du diplôme de la PLS, ou bien à s'en doter. De cette manière on n'étouffera pas les vocations des jeunes. Un prêtre a le droit de donner confiance à un néophyte et de le prendre en contrat à durée déterminée, il peut fier son poulain à la formation proposée par la PLS.

Plusieurs postulants

Dans le cas d'une petite ou moyenne paroisse, s'il y a plusieurs postulants, le prêtre peut se fier à la formation d'un jury de concours comprenant :

a) Le curé, un chantre ou chef de coeur
b) Le responsable de la PLS, le responsable du Commission Diocésaine de la Musique et Liturgie (CDML), le responsable orgue du comité diocésain de la musique et liturgie (à Nice se pose le problème de ce que ce responsable est intégré à la Commission d'Art Sacré), un membre de la Commission d'Art Sacrée (CAS), un organiste compétent désigné par la CDML.

Dans le cas d'une grande paroisse ou d'une tribune où l'instrument nécessite un organiste de prestige, le concours prend une forme plus conséquente :

a) l'affectataire de l'orgue, le curé, un responsable chant ou chantre, le propriétaire du lieu
b) Le responsable de la PLS, le responsable du CDML, le responsable orgue CDML (à Nice CAS, si la répartition reste celle de tradition), un membre du CAS, un organiste compétent choisi par le CDML, un organiste national reconnu choisi par le CDML
c) un représentant culturel soit de la mairie, soit du conservatoire

Souplesse nécessaire

Le gré à gré doit être respecté et privilégié dans plusieurs cas :

Par rigidité politiques internes où l'avis de l'évêque permet de trancher si le soutien de la PLS est souhaitable ou non.

Par manque de postulant (cas envisagé déjà), par initiation de débutant (cas du Contrat à durée déterminée). Etc.

II Comment attirer les organistes vers la formation PLS ?

Dans cet exposé assez technique, il faut rappeler toujours que l'organiste n'est pas qu'un exécutant et que sa mission est avant tout liturgique. Envisageons les différents cas : débutants, amateurs, professionnels.
- Le débutant est aussi neuf dans le maniement de l'instrument que dans son cheminement spirituel, il sera plus facilement enclin à comprendre l'utilité d'une formation liturgique.
- L'amateur s'il dispose de moyens exécutifs modestes aura une véritable demande pour les mettre en oeuvre dans la façon qui aura le plus de sens liturgique puisqu'il est proportionnellement venu en plus grand nombre à l'orgue par vocation religieuse.
- Beaucoup d'organistes professionnels n'ont pas de connaissance liturgique et n'envisagent pas leur travail comme un ministère, plusieurs sont même athées. Il est ainsi important de les sensibiliser aux écueils des habitudes et à la nécessité d'une vraie formation liturgique. Leur choix d'adhérer à une formation PLS sera souvent personnel à moins d'une demande explicite du curé de la paroisse.
- D'autres organistes professionnels ont un acquis personnel solide et seront appelés à être les enseignants pour ce diplôme, participant ainsi à l'affermissement de la confiance que tous pourraient avoir dans le ministère de l'orgue.

Dans les trois cas, le diplôme PLS devient important si l'évêque le "labellise" et le recommande à tous.

Nécessité d'une création d'une Azur-fol

La présence d'un délégué d'une antenne de l'ANFOL (Association Nationale de la Formation des Organistes Liturgiques) au sein de la PLS permet aux organistes d'avoir une voix personnelle dans ce cursus. Le milieu associatif responsabilise et focalise l'investissement personnel des organistes dans le cadre de la liturgie. L'ANFOL non seulement propose de mieux connaître la liturgie mais enseigne les techniques instrumentales selon leur emploi pour participer à la célébration : l'accompagnement des chants, l'improvisation (selon le niveau de chacun) permettent principalement aux amateurs d'améliorer leur niveau en même temps que leur conception célébratoire.

Les formations de l'Anfol, loin d'être un doublon de celles de la PLS, les complètent et les soutiennent car elles viennent du sein des organistes eux-mêmes et sont à l'écoute de leurs revendications. Le travail de l'Anfol est unanimement reconnu et apprécié de l'Eglise.

Aide financière de la PLS aux formations

Il convient d'envisager un fond d'aide à la formation des organistes des paroisses les plus démunies. Ceci implique une structure pour acquérir ce fond ou un choix financier de la part de l'évêché.

Attitude optionnelle

Au départ ce rôle renforcé de la PLS permettra surtout aux petites paroisses d'adhérer à un mouvement qui les soutient. Il ne peut cependant intervenir là où une tradition solide donne des preuves patentes de bon fonctionnement. Beaucoup de prêtres, satisfaits de leurs organistes ne solliciteront pas l'acquisition du diplôme PLS pour leur tribune. Ils n'auront pas non plus recours à la PLS dans leur choix d'organiste titulaire. Il serait cependant souhaitable que l'évêque leur recommande d'en informer la PLS.

En revanche, l'évêque pourrait ou non, suivant les cas, utiliser lui-même cette structure pour imposer la présence d'un organiste aux paroisses où les tribunes doivent renaître soit pour des raisons historiques, soit pour des raisons de fréquentation, de spécialisations célébratoires (mariages, funérailles) et toujours par nécessité du ministère liturgique.

Publicité du ministère de l'orgue

Il faut dans tous les cas militer pour l'importance du ministère de l'organiste selon Vatican II, les communications dans le sein de l'évêché, la création de l'Azur-fol permettrait de faire progresser la pensée. Rappelons que le respect des autres instruments est de rigueur pour la fonction liturgique tout comme il convient que, là où l'orgue est réduit au silence par le déclin d'une tribune, les autres instruments respectent son droit à ne pas mourir et à reprendre le service liturgique dont la noblesse est soutenue par le nouveau Missel Romain.

Conclusion

Voici une paraphrase des bénédictions de l'Orgue en forme de litanies qui résument sa vocation :

Eveille-toi, doux Orgue, dispends Dieu donnant l'Amour !
Nos voix te répondent, Orgue, quand en ta voix résonne la Grâce !
Ton Ministère, pieux Orgue, sera Communauté du Ciel !

Sois béni, Orgue, pour célébrer Jésus !
Tu chanteras, Orgue, le Souffle de Dieu, l'Esprit Saint !
Fais monter, Orgue, nos suppliques vers Marie !
Fais nous entrer, ô Orgue, fidèles, en l'action de Grâce !
Apporte le réconfort à ceux qui sont en peine !

Accepte pour nous, Orgue, la gratuité d'être beau !
Sois Don sans mots, bel Orgue, et sans parole Dialogue d'en Haut !
Ton Ministère, pieux Orgue, sera Communauté du Ciel !

Eveillez-vous, grandes Orgues, instruments sacrés !
Entonnez, Orgues, la louange de Dieu !
Soutenez, Orgues, la prière des chrétiens !
Proclame, éclatant Orgue, gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit
















Litanies de l'Orgue, paraphrases des bénédictions de l'Orgue

Eveille-toi, doux Orgue, dispends Dieu donnant l'Amour !
Nos voix te répondent, Orgue, quand en ta voix résonne la Grâce !
Ton Ministère, pieux Orgue, sera Communauté du Ciel !

Sois béni, Orgue, pour célébrer Jésus !
Tu chanteras, Orgue, le Souffle de Dieu, l'Esprit Saint !
Fais monter, Orgue, nos suppliques vers Marie !
Fais nous entrer, ô Orgue, fidèles, en l'action de Grâce !
Apporte le réconfort à ceux qui sont en peine !

Accepte pour nous, Orgue, la gratuité d'être beau !
Sois Don sans mots, bel Orgue, et sans parole Dialogue d'en Haut !
Ton Ministère, pieux Orgue, sera Communauté du Ciel !

Eveillez-vous, grandes Orgues, instruments sacrés !
Entonnez, Orgues, la louange de Dieu !
Soutenez, Orgues, la prière des chrétiens !
Proclame, éclatant Orgue, gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit !

Kurtag au piano, valeur pédagogique, réserve esthétique


Dans ces "jeux" il y a le geste, l'art concret, l'initiation pédagogique, du donner à comprendre aux enfants, mais non pas du donner à entendre à l'auditeur. Cela peut sembler excessif comme jugement, car il y a bien un travail d'écoute sur la résonnance, sur l'appréhension du temps, mais ce travail reste d'éveil pour un jeune exécutant auditeur de soi-même et non pour un public. Tout concert consacré aux "jeux" de Kurtag est voué à l'échec car il sort du but pédagogique de l'oeuvre sans atteindre aucun but expressif, d'ailleurs non recherché par l'auteur. Ne dites pas qu'un concert ne doit pas être expressif, il l'est toujours si du moins il montre de la beauté ou de la construction intellectuelle riche et dirigée du commencement à la fin, de la variété, des moments d'attente, des moments de surprise, s'il joue sur l'attention de l'auditeur, habite son temps psychologique. Mais s'il est monocorde, répétitif, pédagogique en un mot, est-ce  un concert ?

Or cette oeuvre n'a comme seule qualité que son excellence pédagogique. A un moment donné de l'histoire mondiale du corpus didactique pianistique, sur les pas des portes ouvertes par Bartok, Kurtag y obtient le droit à élever en oeuvre d'art le geste aléatoire le plus banal, exactement de la même façon qu'un peintre concret reconnu a le droit d'élever en art les rythmes minima d'angles répétés de façons aléatoires ou de gestes de la vie quotidienne. C'est la position historique d'être un pionnier qui donne ce droit, toute personne faisant le même geste après lui sera blâmé de redite, à moins qu'elle est fait preuve officielle auparavant d'un cursus artistique accompli, difficile et allant vers la simplification, vers la mise en exergue du banal. C'est la carrière d'un artiste qui justifie l'intrusion de la banalité dans son oeuvre mais la banalité ne montre pas d'explication en elle-même sans le support de la carrière, la banalité n'est pas signifiante. 

Kurtag mérite parce qu'il est un des premiers à élever en art ce petit geste de plaquer, par exemple, des closters dans le même mouvement que le début du concerto de Tchaïkovsky. Tous les petits qui font cela d'eux-même pour s'amuser ne sont pas des Kurtag, parce que leur jeu n'est pas inscrit sur le papier et restitué publiquement dans l'histoire de l'humanité, leur banalité n'est pas signifiante. C'est la même situation que lorsque Duchamps décide le premier à transcender un cabinet de toilette en oeuvre d'art. Ce seul cabinet mérite sa place de totem symbolique dans l'histoire humaine et pas un autre, sa banalité aussi ne serait pas signifiante. Pourtant Kurtag n'est pas le seul à avoir joué sur l'aléatoire à cette époque et son sens du théâtre n'aura jamais la subtilité d'un Bussotti qui reste musique même dans le pur rythme du jeu de scène. C'est dans cette comparaison qu'on trouve la meilleure preuve que les "jeux" ne sont pas pour le concert. 

C'est pourquoi lorsque les petits élèves de Martine Joste aux Lilas se sont appliquer à jouer leurs découvertes kurtagiennes, l'ennui est vite venu, comme si ce concert ne faisait du bien qu'aux enfants interprètes, en situation de concertiste, en situation de "jeux", comme si le concert était lui-même qu'une pédagogie, mais certainement une souffrance pour le public - et l'on a jugé personnellement qu'il n'y avait que deux pièces et demi de musique, au sens que l'auteur s'y est penché sur une construction aboutissant à une beauté soit formelle, soit émotive. Il est dommage que des réputés pièces de pianos de Kurtag écrites antérieurement aux "jeux" , dit-on, bien plus musicales, rien n'ait été donné : car la mise en situation historique aurait relevé l'opinion des spectateurs, tant tout spectateurs a besoin de repères pour comprendre où il a mit les pieds. Voilà donc comment, hélas, ce jour là, la banalité des "jeux" de Kurtag n'arrivait pas à être signifiante ! 


L'équilibre du concert n'a pas été restauré par la présence d'une onde martenot magnifiquement jouée puisque le public se réfugie dans les magnifiques harmonies de Messiaen pour mieux repoussé le Gloubi-boulga de Kurtag. Il s'agissait de la version presque originale du mouvement lent du concerto de la fin des temps. Messiaen avait écrit l'oeuvre pour une onde martenot soliste accompagnée d'un quatuor d'ondes pour le plein air; il la réadapte dans le quattuor pour piano et violoncelle soliste; on donne un intermédiaire au concert en remplaçant le violoncelle par l'onde soliste originale. Martenot, violoncelliste voulait un instrument plus puissant que le violoncelle, il adapte les ondes radiophoniques en un instrument dont une main fait l'onde et l'autre le vibrato du violoncelle, l'instrument reste ainsi monodique.  Après cet instrument si sensible des années vingt, on a inventé les synthétiseurs, toujours froids et congelés, sans espoir jamais de leur donner de la sensualité. La seule solution pour le synthétiseur, c'est Martenot qui la trouvé bien avant le succès des sons synthétiques, solution qui limite forcément l'instrument à imiter la voix humaine et à perdre sa dimension polyphonique. Au concert l'instrument saturait d'harmonique la salle trop petite pour lui.

Il y avait encore une oeuvre nouvelle pour onde Martenot accompagnée d'un piano 16 ème de ton. La pièce, toute en contre-point, habile et belle, manifeste qu'en langage musical la diminution de l'intervalle est vectrice d'angoisse, de détresse, ce qui renforce le sens de la tierce mineure comme frustration de la résonnance harmonique de la tierce majeure dans l'harmonie classique et aussi la puissance lamentative des modes enharmoniques de la Grèce antique. Là, on ne peut blâmer le programmateur de l'incompréhension du public mais le féliciter de le mettre ne confrontation à l'inconnu et d'apprendre à l'écouter.

Au final c'était un concert difficile, pénible aux oreilles mais qui donnait à méditer beaucoup sur l'histoire de la musique et sur la manière de la présenter. Un concert d'importance, une initiative irremplaçable, même si en ressortant on aurait préféré rester chez soi, il faut attendre longtemps pour en avoir le bénéfice. Mais aujourd'hui, il est important dans mon vécu de spectateur. Potion qui a du bien agir sur d'autres aussi ce jour là.

lundi 12 mai 2008

Jean-Yves Thibaudet triomphe dans le cinquième concerto de Saint-Saëns


Le Philharmonique de Monte-Carlo nous invitait à un programme typiquement français sous la direction de Lawrence Foster, direction solide, raffinée et d'une sensualité toute cérébrale "à la française" justement. Rappelons qu'il dirigea à Bregenz l'opéra inachevé de Debussy, "The Fall of The House of Usher" (achevé par Robert Orledge) ce qui fait de lui, de facto, un spécialiste du genre.

Au programme des oeuvres maîtresses , "Le chasseur maudit" (1883) de César Franck précède de six ans l'ultime chef d'oeuvre de cet auteur, "la Symphonie en ré mineur", dont on sait qu'elle fut sa seule véritable consécration au crépuscule de sa vie. C'est un poème symphonique qui se veut prophétique dans la lignée de ceux de Franz Liszt. Sublime orchestration de la part ce poète qui fut avant tout organiste. L'orchestre de Monte-Carlo sonnait comme un grand orgue Cavaillé-Kohl, ou plus encore comme le Casavant à St Andrews de Mathomedi, avec le grand choeur (les violons) le petit choeur (les bois), les anches (les cuivres) dans un mélange des plus subtils . Cette chevauchée sous les cloches religieuses fait frémir: cependant César Franck, avec toute son intelligence cyclique, ses thèmes fins, reste un grand élégiaque plutôt qu'un romantique épique. Finalement sa seule vraie épopée, au soir de sa vie, fut la "Symphonie en ré mineur".

Gardons le concerto de Camille Saint-Saëns pour la fin de notre chronique et ne présentons pas la "Mer" de Claude Debussy dont chacun connait la beauté orchestrale sur fond de deux harpes (pour ne citer qu'elles), magnifiquement servie par la sensibilité du chef : du plaisir, de l'émotion dans l'éclat final de la première esquisse. Etonnons-nous plutôt que toutes les encyclopédies reconnaissent en "Bacchus et Ariane"(1931) d'Albert Roussel un chef-d'oeuvre où s'exprime avec maturité une forte personnalité. On cite même une critique de l'époque affirmant que "ce ballet foisonne de figures expressives taillées à vif dans une musique qui a le grain et le poli du marbre antique". Antique ? Tant d'efforts orchestraux pour des banalités pesantes et ampoulées ? Il n'y avait guère que le début à sauver de l'oubli : remarquables difficultés d'orchestration sur un thème diaphane et vide (on dira indicible) magnifiquement interprété par l'alto solo du philharmonique. Pourquoi le chef a-t-il tenu à mettre en exergue cette oeuvre pour illustrer la musique française ?

Mais le concerto en fa majeur de Camille Saint-Saëns (1905), véritable voyage poétique, est d'un tout autre apport musical. D'abord parce qu'il s'inscrit à la suite du concerto de Tchaïkovsky : sans l'un l'autre est impensable. Il est surtout une source évidente de toute l'école russe qui suivra, Rachmaninov, Scriabine, Prokofiev même : sans ce concerto, tous les chef-d'oeuvres les plus joués sont eux aussi impensables. Saint-Saëns n'est pas russe, tout est français en lui, mais il fut enseignant au conservatoire de Moscou, ne l'oublions jamais. Ce concerto est ainsi le premier à être discrètement orientalisant, l'instrument est traité comme une rivière incessante, en particulier dans les aigus et surgit du murmure de l'orchestre. Le mouvement médiant qui imite aux deux mains les arabesques des violons arabes captive l'auditoire, on y entend des arpèges voilés qui préfigurent l'impressionisme; y est cité le thème du postillon que Bach écrivit dans son caprice sur le voyage de son frère, enfin le final dépeint la tempête du retour de voyage d'Egypte. Plus éprouvant peut-être que le concerto de Prokofiev joué par Lugansky dans la même salle il y a six mois, ce chef d'oeuvre inspira à Jean-Yves Thibaudet un jeu techniquement infaillible et pourtant si simplement naturel parce qu'il est d'une vocalité qui donne l'illusion de se passer de sophistication : illusion, car c'est un jeu extrêmement expert en nuances ! Cette caractéristique est évidente quand on sait que Thibaudet fut l'interprète des oeuvres de Satie et qu'il faut un coeur nu pour cet auteur. De même il faut trouver en soi une grande simplicité pour traduire de manière si touchante l'intimité familiale et douce de l'oeuvre de Brahms jouée en bis.

Puisque l'on achève sur les bis, voici ceux de l'orchestre à la fin du concert : elle était bien un écho du jeu de notre pianiste, cette magnifique orchestration de la "Gymnopédie" de Satie par Debussy qui continuait à contribuer à la gloire des deux harpes de ce concert soupoudrées d'une percussion creuse (car les percussionnistes furent aussi remarquable dans cette soirée) tandis que les violons relayés par les bois murmuraient cette mélopée, la première au monde , de ce que l'on appellera plus tard "cool music".

L'ultime bis est moins bien venu car il ne mettait pas le chef en valeur : troisième danse de Granados, laquelle fait partie du programme de tournée en Espagne de l'orchestre de Monte-Carlo avec ce chef. Voilà vraiment un thème dans le marbre antique, très enfantin, traité avec un humour délicat (mais détruisant les évanescences sonores du concert). Il y a dans le trio de cette danse des bouffées de désir incontrolées, réfreinées à l'ultime instant par courtoisie pour la belle. C'est là toute la sexualité de l'Espagne et Lawrence Foster, juste à ce tout petit instant, s'y montre si retenu qu'on le devine trop discret adepte d'une sensualité toute cérébrale ... "à la française".

Les riches heures de Biot

Biot, on le sait, dans son superbe charme médiéval et en toute première salve des festivals estivaux, ouvre les très riches heures des moments romantiques et piazzoliens de la Côte d'Azur. C'est dans une église à l'acoustique exceptionnelle, avec cette proximité incroyable du public et des musiciens, dans la chaleur de programmes choisis, expérimentés par les artistes. Pour cette année de 25 ans, elle est encore plus étourdissante, la distribution ! Une kyrielle de pianistes, en commençant par Duchâble, celui qui jeta son piano dans le lac ou celui qui a un toucher si fin, la marmoréenne Angerer, Berezovsky fleuron du conservatoire de Moscou, Angelish, le brézilien Freire grand habitué... Des violons comme les frères Capuçons, des violoncelles en Octuor, puis le maître du tango Messalini le bandonéoniste et Galliano qui cette fois joue Bach sur son accordéon. Ne parlons pas des noms des compositeurs, qui vont de Berlioz en passant par Chopin et Rachmaninov, Ravel et Debussy jusqu'à Villa-Lobos, mais concluons sur ce fait que le festival s'achèvera par un moment historique où ses deux parrains, tous deux nés en 1925 et époux, la mythique alto Christa Ludwig et le légendaire acteur Paul Emile Deiber, présideront à un concert de deux chanteurs du Metropolitan de New York: la soprano Ansellem et la basse Sedov. Ils chanterons Duparc, Moussorgski, Puccini et Gerschwin accompagnés par le plus célèbre des accompagnateurs en absolu : Baldwin.

Richard Deacon, sculpteur de la corporalité sans figuration

Chez ce maître de l'art moderne anglais, il y a évocation parfois mystique sans forme humaine, comme cette céramique blanche : un cordon torsadé ? des os tordus ? Un christ dont la tête penche à gauche, les pieds à droite ? Comme aussi ces grandes sculptures feuilletées d'un bois épais mais qui semblent de frêles écorces tombées d'un eucalyptus. Tout chez lui est torsion qui s'élève en translucidité. Des pulses de céramiques arrondies forment dans la multiplicité un corps, le vide lui même dans sa légèreté emplit ce corps : "si la sculpture que nous voyons en face de nous échoue à être un tout, alors il y a perte". Peu d'oeuvres dans la grande salle blanche de la fondation, mais c'est exprès pour qu'elles vous saisissent dans leur simplicité monumentale et ténue à la fois.

A côté, la fondation Maeght propose une présentation nouvelle de la collection permanente, salles merveilleuses : Miro, Chagall ... salle du vitrail, magique avec les stèles d'Ubac d'un noir mésopotamien et avant tout salle Giacometti, remise pour la première fois en la disposition originale du sculpteur : à pleurer d'émotion! Il ne resterait au monde que le portrait qu'il fit de Marguerite Maeght que l'humanité clamerait toujours son génie à façonner la vie avec le plus restreint brouillard de traits possibles.