dimanche 8 août 2010

l'exposition Munch "l'anti cri" à la pinacothèque de Paris

Ce titre est beau, il est faux cependant, tout est cri chez Munch. Il est faux aussi de dire que le cri a caché le reste de l'oeuvre de Munch quand toute l'oeuvre va au cri pour retourner au cri.

Munch ne s'est pas toujours intéressé qu'au cri, parfois il fut serein, toujours quelque chose de beau ou de virtuose donne un intérêt à son oeuvre quotidienne.

Mais c'est le désespoir acharné qui jalonne régulièrement ses recherches, ici et là, de chefs d'oeuvre sublimes, jaillissants, comme des instants échappés de son inconscient.

Trop simple d'évoquer les ombres inquiétantes, les formes floues qui juxtaposées aux visages donnent une double interprétation morbide comme si la mort avait fait une photo en surimpression. (Ah, et aussi cette ombre noire qui est un monsieur lubrique et méchant à triple visage, se frottant à une grosse femme naïve, l'inverse des femmes vénéneuses si nombreuses.)

Mais cette rage à creuser le tissu de la toile plus loin que la couche de peinture, comme pour la crever, juste pour peindre l'ombre de la neige, ou bien ce pin jaune gisant à terre, écorché de son écorce au milieu des verticalités obsessionnelles.

Et, à en pleurer ! sur le tissu de la toile vierge, cet enfant qui agite, insouciant, un voile de sable blanc tandis qu'accroupi derrière lui l'adolescent semble accablé.

L'adolescent à gauche, accroupi, l'enfant debout lui tournant le dos à droite : suivre le sens de la lecture serait-il suivre Freud et le blanc agité par l'enfant, est-ce la douleur du premier vécu ?

A côté, serré par le bleu de la mer, un autre adolescent debout et solitaire des autres agenouillés sur un complot commun : l'exposition tourne au tragique.

Partout Munch n'a jamais cessé de racler le visage de l'enfant malade aux beaux yeux-bleu.

Oui partout chez Munch le sapin blanc des vers orphiques.