A propos d'un disque de la Societas Incognitorum, ensemble Tchèque
Enfin un contemporain de Bach assez personnel pour échapper à toute comparaison ! Forte de ce constat, la Tchéquie se fait fière de fêter cette année Černohorský, moine franciscain praguois qui vécut par deux fois à Padoue, enseigna à Tartini et fut bien plus honoré en Italie qu’en Bohème où son Ordre lui créa quelques tracas. Improvisateur, il nous laissa peu d’exemples de son métier d’organiste. C’est aux œuvres vocales que revient la tâche de le défendre à la postérité : invention, pulsation vigoureuse, don de la prosodie latine (Quare Domine Irasceris), souplesse des tournures mélodiques qui rappellent curieusement celles de Charpentier. Parfois la couleur des chœurs évoque un Lotti ou un Vivaldi extatique ; les harmonies l’âme grave d’un Bach, surtout lorsqu’une longue pédale retient le souffle. Ici (Regina Coeli), une soprano solo déploie dans un idiome français une virtuosité italienne tout en dialoguant en un contrepoint germanique avec le violoncelle ; là (Laudetur Jesus Christus), un éventail violonistique se métamorphose en habiles syncopes vocales. On ne s’ennuie donc jamais, excepté dans les soli d’orgue ; mais cela est du à l’interprète lui-même qui, au mépris des belles respirations tout juste entendues dans le chant, étouffe ses fugues par souci de solennité. Hormis ce détail, l’appétit s’aiguise et voilà que déjà le disque s’arrête. D’où vient cette sensation ? De l’attachement pour Černohorský ? Certainement de la richesse interprétative et de la dynamique dont fait preuve la Societas Incognitorum accompagnée par l’Hipocondria Ensemble. On est ému par la qualité des masses sonores (Memento Abraham) malgré un premier violon dont l’harmonique suraiguë perce et finit par irriter. Mais il se mêle à une pâte rustique reflétée aussi dans les timbres typés des solistes. Ce choix est compensé par leur technique parfaite, leur liberté et connaissance du style, agréablement servies par une prise de son très présente et évidente dans un travail si soigné.
Pavel Černý - varhany, Hipocondria Ensemble, Jan Hádek - um. ved., Societas Incognitorum, Eduard Tomaštík - um. ved. Produkce: Vítězslav Janda. Text: Č, A. Nahráno: 3/2004, 6/2005, kostel Nejsvětější Trojice, Smečno, 7/2005, kostel Farního sboru Českobratrské církve evangelické, Nymburk. Vydáno: 2005. TT: 49:10. DDD. 1 CD Arta F10139 (distribuce 2HP Production).
Enfin un contemporain de Bach assez personnel pour échapper à toute comparaison ! Forte de ce constat, la Tchéquie se fait fière de fêter cette année Černohorský, moine franciscain praguois qui vécut par deux fois à Padoue, enseigna à Tartini et fut bien plus honoré en Italie qu’en Bohème où son Ordre lui créa quelques tracas. Improvisateur, il nous laissa peu d’exemples de son métier d’organiste. C’est aux œuvres vocales que revient la tâche de le défendre à la postérité : invention, pulsation vigoureuse, don de la prosodie latine (Quare Domine Irasceris), souplesse des tournures mélodiques qui rappellent curieusement celles de Charpentier. Parfois la couleur des chœurs évoque un Lotti ou un Vivaldi extatique ; les harmonies l’âme grave d’un Bach, surtout lorsqu’une longue pédale retient le souffle. Ici (Regina Coeli), une soprano solo déploie dans un idiome français une virtuosité italienne tout en dialoguant en un contrepoint germanique avec le violoncelle ; là (Laudetur Jesus Christus), un éventail violonistique se métamorphose en habiles syncopes vocales. On ne s’ennuie donc jamais, excepté dans les soli d’orgue ; mais cela est du à l’interprète lui-même qui, au mépris des belles respirations tout juste entendues dans le chant, étouffe ses fugues par souci de solennité. Hormis ce détail, l’appétit s’aiguise et voilà que déjà le disque s’arrête. D’où vient cette sensation ? De l’attachement pour Černohorský ? Certainement de la richesse interprétative et de la dynamique dont fait preuve la Societas Incognitorum accompagnée par l’Hipocondria Ensemble. On est ému par la qualité des masses sonores (Memento Abraham) malgré un premier violon dont l’harmonique suraiguë perce et finit par irriter. Mais il se mêle à une pâte rustique reflétée aussi dans les timbres typés des solistes. Ce choix est compensé par leur technique parfaite, leur liberté et connaissance du style, agréablement servies par une prise de son très présente et évidente dans un travail si soigné.
Pavel Černý - varhany, Hipocondria Ensemble, Jan Hádek - um. ved., Societas Incognitorum, Eduard Tomaštík - um. ved. Produkce: Vítězslav Janda. Text: Č, A. Nahráno: 3/2004, 6/2005, kostel Nejsvětější Trojice, Smečno, 7/2005, kostel Farního sboru Českobratrské církve evangelické, Nymburk. Vydáno: 2005. TT: 49:10. DDD. 1 CD Arta F10139 (distribuce 2HP Production).
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