A propos d'un disque sur le répertoire de la ville de Wroclaw
Wroclaw est une des capitales de l’Est avec une vie musicale développée, mais son foyer, plutôt qu’une cour italianisante (cf Mikulov en Moravie), est l’église luthérienne Sainte Elisabeth avec sa riche bibliothèque. On entend ici Wolf-Ernst Rothe, compositeur secondaire, le sensible Johann Hermann Schein et surtout Christoph Bernhard, élève de Carissimi et de Schütz, référence pédagogique en Allemagne, profonde influence sur Buxtehude. Son « Gott, sei mir gnädig » fait à lui seul toute la valeur du disque. L’ensemble Harmonologia comporte quatre voix, complétées par des violons et surtout par les trombones et les cornets de l’excellent Concerto Palatino. Ce choix est bon puisqu’il illustre une pratique courante de l’époque, expliquée dans les écrits de Michael Praetorius, qui consiste à remplacer quelques chanteurs par les instruments. Or, est-ce une volonté de Jan Tomasz Adamus, chef et continuiste raffiné à l’orgue ? Un tempo lent (émouvant peut-être en concert) donne l’impression que la musique va mourir à chaque instant. Les chanteurs manquent de sens rhétorique, leurs mélismes sont peu phrasés : anémique pour de la musique de 1676. Plus grave est le contre-emploi de Marzena Lubaszka : pureté de l’enfance, harmoniques aiguës propices à la musique française, sacrifiés dans la tessiture grave du soprano allemand. L’ « Exaudiat te Dominus » de Schein à 3, avec ses longues tenues à la voix de basse annonce Biber. Or ici un trombone remplace le chanteur et accentue l’effet abrupt des ruptures de souffle. Les voix, mal agencées dans la balance du son, sont couvertes sitôt que les cuivres parlent avec elles en polyphonie. Le montage de ce semi-live laisse passer certaines prises peu justes. In fine s’esquisse une sensation d’une perte des belles possibilités.
Muzyka w dawnym wroclawiu « Musique de l’ancienne Wroclaw »
Ensemble Harmonologia, direction jan Tomasz Adamus, Concerto Palatino
Marzena Lubaszka, soprano ; Sebastian Kaniuk, contre-ténor ; Piotr Szewczyk, ténor ; Jacek Ozimkoski, basso ; Dymitr Olszewski, violon ; Adam Pastuszka, violon ; Teresa Piech, viola da braccio ; Joanna Kostylew, viola da braccio ; Petr Wagner, viole de gambe ; Jan Tomasz Adamus, orgue et direction.
Bruce Dickey, cornet ; Doron David Sherwin, cornet ; Simen van Mechelen, trombone ; Charles Toet, trombone ; Wim Becu, trombone.
DUX 0485 distribution EMA Cddvd
Semi-live recording, décembre 2003 61’47’’
Wroclaw est une des capitales de l’Est avec une vie musicale développée, mais son foyer, plutôt qu’une cour italianisante (cf Mikulov en Moravie), est l’église luthérienne Sainte Elisabeth avec sa riche bibliothèque. On entend ici Wolf-Ernst Rothe, compositeur secondaire, le sensible Johann Hermann Schein et surtout Christoph Bernhard, élève de Carissimi et de Schütz, référence pédagogique en Allemagne, profonde influence sur Buxtehude. Son « Gott, sei mir gnädig » fait à lui seul toute la valeur du disque. L’ensemble Harmonologia comporte quatre voix, complétées par des violons et surtout par les trombones et les cornets de l’excellent Concerto Palatino. Ce choix est bon puisqu’il illustre une pratique courante de l’époque, expliquée dans les écrits de Michael Praetorius, qui consiste à remplacer quelques chanteurs par les instruments. Or, est-ce une volonté de Jan Tomasz Adamus, chef et continuiste raffiné à l’orgue ? Un tempo lent (émouvant peut-être en concert) donne l’impression que la musique va mourir à chaque instant. Les chanteurs manquent de sens rhétorique, leurs mélismes sont peu phrasés : anémique pour de la musique de 1676. Plus grave est le contre-emploi de Marzena Lubaszka : pureté de l’enfance, harmoniques aiguës propices à la musique française, sacrifiés dans la tessiture grave du soprano allemand. L’ « Exaudiat te Dominus » de Schein à 3, avec ses longues tenues à la voix de basse annonce Biber. Or ici un trombone remplace le chanteur et accentue l’effet abrupt des ruptures de souffle. Les voix, mal agencées dans la balance du son, sont couvertes sitôt que les cuivres parlent avec elles en polyphonie. Le montage de ce semi-live laisse passer certaines prises peu justes. In fine s’esquisse une sensation d’une perte des belles possibilités.
Muzyka w dawnym wroclawiu « Musique de l’ancienne Wroclaw »
Ensemble Harmonologia, direction jan Tomasz Adamus, Concerto Palatino
Marzena Lubaszka, soprano ; Sebastian Kaniuk, contre-ténor ; Piotr Szewczyk, ténor ; Jacek Ozimkoski, basso ; Dymitr Olszewski, violon ; Adam Pastuszka, violon ; Teresa Piech, viola da braccio ; Joanna Kostylew, viola da braccio ; Petr Wagner, viole de gambe ; Jan Tomasz Adamus, orgue et direction.
Bruce Dickey, cornet ; Doron David Sherwin, cornet ; Simen van Mechelen, trombone ; Charles Toet, trombone ; Wim Becu, trombone.
DUX 0485 distribution EMA Cddvd
Semi-live recording, décembre 2003 61’47’’
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