jeudi 28 août 2008

Gourmande saison de l'opéra de Nice

Fin octobre le festin commence par Verdi : poussé par sa femme, Macbeth deviendra régicide. Début décembre, on entendra la Rondine de Puccini, une idylle catastrophique d'une demi mondaine sur la Côte d'Azur où une soubrette veut chanter à l'opéra de Nice ! En janvier, c'est Offenbach : les contes d'Hoffmann. Hoffmann, chanté par le superbe Luca Lombardo, tombe amoureux d'une poupée mécanique, d'une femme fantôme et d'une courtisane à Venise, toutes chantées par la grande Annick Massis. Quel plaisir d'entendre la barcarolle sur les gondoles ! En février, Rossini colorature les frasques de Figaro, barbier de Séville. En mars on entendra les harmonies suaves de Delibes, avec la si rare et célébrissime Lakmé, une jeune tahitienne qui tombe amoureuse d'un soldat mais comme il s'en va, elle boit avec lui une coupe empoisonnée à la fleur de Datura, attention aux Larmes ! Grand spectacle égyptien tout public en Juin au Palais Nikaïa : Aïda en feu d'artifice final.

Dans les points forts de concerts du philharmonique, Hervé Niquet donne la musique pour choeur religieux du XIXème, Elisabeth Vidal chantera des cantates de Bach. Il faut découvrir des grands compositeurs comme Lutoslawski, Szymanowski , Koechlin et Penderecki dirigé par lui même. Ne ratez pas la Moldau de Smetana. Le ballet propose l'espagnol Tricorne de De Falla en septembre, Casse-noisette de Tchaïkovsky en décembre et surtout en avril l'Orphée de Gluck en compagnie des chanteurs. Le succès du tarif junior 5 euros est appliqué pour 3 soirées : Aida, Casse-noisette et De Falla, profitez-en grands et petits !

jeudi 21 août 2008

Les lumières de Morellet au chateau de Vence

Le chateau de Villeneuve à Vence est à l’intérieur un chef d’oeuvre du XVIIème siècle : c’est une pièce d’architecture que l’énorme escalier et les salles élégantes simplement parées de c heminées, boiseries et tomettes brunes. Choisir d’y exposer un peintre (dont le matériau est le néon) abstrait “sans décoration”, c’est souligner la beauté de la nudité du lieu et c’est faire un “choc visuel” contrasté qui en réalité est un complément ascétique : vocabulaire du XVIIème siècle et rythme contemporains dialoguent dans une vraie émotion de la visite. Au fur et à mesure que l’on monte les étages, traverse les suites, on rebrousse le temps dans l’oeuvre de l’artiste jusque dans les années 1960. 45 années de création qui en apparence sont une constance, mais il faut bien tout ce temps pour arriver à l’épure la plus parfaite de la ligne, du geste. Des courbes du roccocco naissent des lignes de néons bleu trés souples “Pi-rococo”; de la chute d’un corps nait l’élégant fil “lamentable” dans une salle pour lui tout seul; les néons sont blancs, bruns, rouges, bleus, lunatiques ou “abscons” et complètent en beauté ici le gris soutenu des murs, là le blanc lumineux. A la fin de l’exposition des salles sont toutes dans le mouvement des lumières qui flashent en la rétine : des pédales nous permettent de changer les géométries magiques, c’est une vraie récréation, une “relâche” où des séquences agissent sur notre psychisme presque thérapeutiquement : les “quatre rythmes interférents” de 1972 sont en avance sur l’esthétique de leur temps, évoquent autant ce que le peintre doit à l’Industrie que ce qu’il apporte à la méditation humaine.

jeudi 14 août 2008

Matisse à Nice : mode d’emploi !

Le musée Matisse continue son effort pédagogique auprès du public et propose une exposition temporaire très originale : elle est un commentaire de la collection permanente, une manière de la mettre sous “les feux de la rampe”. C’est pour cette raison qu’elle est présente dans tout le musée et les œuvres prêtées sont marquées par l’image d’une fenêtre rouge de la bâtisse niçoise : ne ratez pas cette signalétique pour comprendre l’exposition qui retrace toute l’évolution du peintre vers la pureté de la ligne et vers les couleurs contrastées du sud. Dans les œuvres de jeunesse ont comprend mieux comment Matisse se découvrit via son voyage en corse. Dans la même salle une vue de Nice sous la tempête, un portrait du peintre sont parmi les trésors. De même des dessins académiques virtuoses des beaux arts commentent le goût de l’antiquité de l’artiste toute sa vie et une copie d’école du gisant de Champeigne est en regard de l’oeuvre religieuse de la maturité. La merveille, c’est surtout cette magnifique odalisque nue dans les tons turquoises et jaunes avec à ces pieds exactement le brasero ottoman que possède le musée. Enfin la tapisserie “Tahiti” explique littéralement ce que le dernier Matisse doit à son voyage à Papeete dans son ultime technique des papiers gouachés découpés : quand le motif devient totémique. La partie moderne du musée époustoufle par ses magnifiques dessins de végétations dont le prétexte est le “thème du motif”. Le célèbre nu bleu est mis en valeur par d’autres découpages sur le thème de “l’espace”. De purs visages féminins répondent au thème du graphisme. L’incroyable nombre de sculptures vives ajoutent à l’émerveillement.

jeudi 7 août 2008

L'éclair incandescent d'Hartung à la Fondation Maeght



Enfant craintif, il fut frappé par le tracé nocturne d'un éclair. Sans le savoir, il y apprit l'urgence du geste, l'impact visuel de toute son oeuvre. Il griffonna sur ses cahiers d'écolier des oeuvres abstraites contemporaines de celles des premiers pionniers du genre. Puis il apprit les techniques de Rembrandt et de Goya, et comme peintre expressionniste, il était déjà parmi les plus grands, comme en témoigne son portrait à l'entrée de l'exposition. Pourtant il persista à vider la figure de son contenu pour faire surgir l'émotion d'un visage de clown par les seules ombres. En 1935 il désapprit tout pour redevenir subitement abstrait : aucune de ses oeuvres ne portera de titre. Il attendit l'après- guerre pour connaître la célébrité gardant pour lui plus de 3000 toiles, malchance qui devint une chance quand il créa sa fondation à Antibes.

Pour le mettre l'honneur ces Hartungs de Hartung, Maeght a littéralement vidé ses salles des fonds permanents (sauf un Bonnard, un Chagall, une belle sculpture de Bracques...), une salle trouble la rétine de flou vert, une autre de lumière jaillissant par gerbes de profonds noirs, formes énigmatiques, personnelles. Les petits formats préparatifs permettent de voir l'évolution d'Hartung qui fit sien le progrès des techniques du XX° siècle : son acrylique par exemple, plus belle que Warhol, ou quand, infirme et malade, il trouva une machine agricole pour jeter des tâches. Une vidéo fascinante nous montre le peintre utilisant des objets bizarres, grattants frottants, raclants, présentés en reliques juste sous cet écran. Par eux, Hartung ancre au plus profond de la toile l'oeil du spectateur.