A propos d'une anthologie qui étouffe son sujet
Architecture, peinture, musique brillent à Varsovie : les rois Zygmunt III et Wtadystaw IV sont des amateurs. Le premier rentrant d’Italie en l’an 1624 crée une compagnie d’opéra permanente, nouveauté à l’Est, le second s’offre Marco Scacchi comme maître de chapelle, théoricien moderne. Tout est là pour faire naître les talents autochtones. Ils furent donc nombreux (ils sont sept ici) et c’est désormais l’heure de découvrir les trésors cachés de cette Europe lointaine. Un Jarzebsky l’emporte par l’élégance de sa ligne, un Mielczewski convainc par la solidité de métier, un Förster a bien appris la leçon théâtrale du grand Carissimi, un Szarzynski apporte in extremis un peu de XVIIIème aérien et lumineux à la Corelli ou Biber. Ils sont pourtant tous surclassés par l’italien Merula (à Varsovie au début de sa carrière) qui innonde son auditeur d’une stéréophonie surnaturelle. C’eût pu donc être un beau disque, mais hélas pointe l’achoppement de l’effet « musée » : entassement et couleurs mortes. Trop de beautés similaires s’estompent, trop de rythmes allants, pas assez de variété des styles, du jeu. Un violon pincé, soit donne un cachet ancien, soit est victime d’une prise de son grisaille, soit encore supporte la triste discrétion du continuo. S’efface alors la lecture polyphonique obligatoire pour des canzone à due violini encore inscrites dans la lignée de la Renaissance. Reste l’éloquence quasi vocale inhérente à la Nuova pratica, car l’ensemble Il tempo, maîtrise tout de même suffisament le style italien. Mais c’est avec un son petit donnant un sentiment suranné, dont on ne sait s’il faut le croire charmant ou ennuyeux : on y trouve aristocratie, chorégraphie, nonchalance, pas de sensations fortes. Dommage, chaque pièce était là une pierre précieuse qui méritait d’être goûtée, une, dans des programmes plus habiles, ce que réclamait humblement ce minuscule vestige archéologique qu’est le prélude d’orgue mis en clôture du disque. Qui plus est, joué (pesamment) au clavecin, qu’introduit-il là, si ce n’est le vide ?
Muzika zamku warszawskiego – musique du chateau de Varsovie
Ensemble Il tempo
Agata Sapiecha, violon ; Maria Dudzik, violon ; Lilianna Stawarz, clavecin ; Marcin Zalewski, luth
Adam Jarzebski (ca.1590-1649) : concerti ; Adam z Wagrowca (†1629), Andrzej Rohaczewski (XVIIème), Marcin Mielczewski ((†1651), Tarquinio Merula (ca 1595-1665) : canzone ; Stanislaw Sylwester Szarzynski (XVII-XVIIIème), Kaspar Förster junior (1616-1673) : sonate ; Jan Podbiekski (XVII ème) : praeludium.
DUX 0414
2004 TT : 41’22
Architecture, peinture, musique brillent à Varsovie : les rois Zygmunt III et Wtadystaw IV sont des amateurs. Le premier rentrant d’Italie en l’an 1624 crée une compagnie d’opéra permanente, nouveauté à l’Est, le second s’offre Marco Scacchi comme maître de chapelle, théoricien moderne. Tout est là pour faire naître les talents autochtones. Ils furent donc nombreux (ils sont sept ici) et c’est désormais l’heure de découvrir les trésors cachés de cette Europe lointaine. Un Jarzebsky l’emporte par l’élégance de sa ligne, un Mielczewski convainc par la solidité de métier, un Förster a bien appris la leçon théâtrale du grand Carissimi, un Szarzynski apporte in extremis un peu de XVIIIème aérien et lumineux à la Corelli ou Biber. Ils sont pourtant tous surclassés par l’italien Merula (à Varsovie au début de sa carrière) qui innonde son auditeur d’une stéréophonie surnaturelle. C’eût pu donc être un beau disque, mais hélas pointe l’achoppement de l’effet « musée » : entassement et couleurs mortes. Trop de beautés similaires s’estompent, trop de rythmes allants, pas assez de variété des styles, du jeu. Un violon pincé, soit donne un cachet ancien, soit est victime d’une prise de son grisaille, soit encore supporte la triste discrétion du continuo. S’efface alors la lecture polyphonique obligatoire pour des canzone à due violini encore inscrites dans la lignée de la Renaissance. Reste l’éloquence quasi vocale inhérente à la Nuova pratica, car l’ensemble Il tempo, maîtrise tout de même suffisament le style italien. Mais c’est avec un son petit donnant un sentiment suranné, dont on ne sait s’il faut le croire charmant ou ennuyeux : on y trouve aristocratie, chorégraphie, nonchalance, pas de sensations fortes. Dommage, chaque pièce était là une pierre précieuse qui méritait d’être goûtée, une, dans des programmes plus habiles, ce que réclamait humblement ce minuscule vestige archéologique qu’est le prélude d’orgue mis en clôture du disque. Qui plus est, joué (pesamment) au clavecin, qu’introduit-il là, si ce n’est le vide ?
Muzika zamku warszawskiego – musique du chateau de Varsovie
Ensemble Il tempo
Agata Sapiecha, violon ; Maria Dudzik, violon ; Lilianna Stawarz, clavecin ; Marcin Zalewski, luth
Adam Jarzebski (ca.1590-1649) : concerti ; Adam z Wagrowca (†1629), Andrzej Rohaczewski (XVIIème), Marcin Mielczewski ((†1651), Tarquinio Merula (ca 1595-1665) : canzone ; Stanislaw Sylwester Szarzynski (XVII-XVIIIème), Kaspar Förster junior (1616-1673) : sonate ; Jan Podbiekski (XVII ème) : praeludium.
DUX 0414
2004 TT : 41’22
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