mercredi 30 janvier 2008

Mise en plis : doudou de Gargantua & ampoules de Cendrillon

Sophie Menuet nous donne à rêver sur le vêtement gracieux et difforme, sur le corps présent ou absent, sur le tissu baroque et moderne. Le rêve s'articule dans une initiation poétique commançant par des objets importables en gris nuancés et floraux, bavoir-jabot chic mais boursoufflé, gants de bras étranges, chapeaux lapons à protubérances et chaussures molles Marie-Antoinette qui au lieu de talon marchent sur une ampoule électrique. En face des globes XIX° sans reliques semblent une cité futuriste et sont zébrés de dentelle blanches mariales tandis que voguent sur fond crémeux des gouttes de verre dont la dentelle semble cristaux de neige. L'évocation du travail répétés des petites mains, comme dans la vidéo ce gant satiné de chocolatière qui pose méticuleusement des roses botticelliennes sur un torse d'adolescent palpitant au soleil, donne à l'exposition une respiration. D'ailleurs tout est en suspension, inspire des idées contradictoires, comme ces petites femmes à robes évasées noir-nuit dont la forme ne tient que par la tête d'épinge, comme les visages qui seraient soit étouffés par le tissus, soit exhiberaient la cervelle sur la peau soit seraient eux-même des doudoux de par leurs textures. Des jambes en photographie sont des bras enveloppés de chaussons illogiques et des silhouettes découpées sont des arbres poulpes en lévitation. La délicatesse flottante se résume dans la grande variété de blancs allant du rose au beige qui fait de cette exposition un travail sur la peinture - via le tissu - sans peinture.
Nice, Galerie des Ponchettes

Intriguant Espace de Mouans-Sartoux

L’art concret c’est, à partir des années 20, ce refus des sentiments de la peinture expressionniste, perçus comme abstraits. C’est se tourner vers la géométrie pure, l’architecture de la forme la plus nécessaire, la plus épurée, ultime. C’est concret en ce que les maisons, mobiliers, chaises, le design en sont héritiers et qu’on ne voit que ce que l’on voit. Mais c’est abstrait parce qu’il ne reste parfois que la beauté du rythme mathématique. Aller à ce musée unique au monde, voilà une expérience forte ! Il y a plusieurs possibilités pour si préparer : suL’art concret c’est, à partir des années 20, ce refus des sentiments de la peinture ivre le guide qui vous explique 6 œuvres ou s’immerger dans l’harmonie de la donation de Sybil Albers et Gottfried Honegger en descendant les escaliers d’étages blancs en contre plongées sur la forêt environnante. Là, sous le titre « regard 03 : Surprises concrètes », vous interroge une sélection de la nouvelle donation mêlée aux galbes parfaits de quelques objets africains. Il y a un rectangle orange dont les angles en biseau émanent la lumière naturelle, un carré de poudre noire abyssale, des maquettes en bois de bâtisse pour un playmobil fantôme, de musées en formes de temples aztèques, d’un sanctuaire où vous seriez obligé de ne voir que le ciel changer de couleur, d’un couloir qui va vers la lumière… il y a des allumettes qui ont brûlé leur rouge pour le doré de la cendre sur le mur, un losange rose sur fond jaune destiné à troubler l’œil jusqu’à la douleur, des pluies en contrepoint sur toile blanche… il faut laisser tout à priori, le cerveau doit aller à l’essentiel guidé par cette sublime synthèse des plus hauts artistes anciens ou neufs, comme ceux qui aujourd’hui se tournent vers matière et couleur.