jeudi 28 juin 2007

Michelangelo Pistoletto, grand de l'Arte Povera


Parmi les prophètes engagés : Pistoletto. Rien qui ne soit profond et abyssal que son message. Il fait partie de cette génération des années soixante, de la région de Turin, qui s’engagea dans le communisme, aujourd’hui il tient sa propre fondation où politique et humanisme se côtoient. Dès son premier travail, c’est une ascèse : l’autoportrait. Voyant qu’en peignant sur fond noir luisant et mirant, le miroir pour se peindre n’était plus utile (ce premier tableau est la clef de l’exposition), il fit une série de portraits où l’artiste regarde du côté du métal poli. De là, sur métal, des collages de photos de journaux grandeur nature, des nus en positions réalistes qui peuplent tout l’étage. L’architecture de la salle se reflète dans ces tableaux qui sont ainsi des œuvres du passé, présent (vous participez à l’œuvre avec votre image), futur dans la prochaine exposition. Salle suivante : Pistoletto casse les apparences en refusant d’avoir un seul style. Il est « Arte Povera » en recouvrant une statue féminine classique de chiffons : elle aussi nous montre son dos … trois bouilloires avec la vapeur sur le verre cachent leur existence. Intimité ludique : un tableau salon donne envie de faire un pique-nique, une barre de discuter accoudé avec son voisin. Du geste théâtral : une boule de journal dans la cage fut poussée par l’artiste-scarabée à Turin et plus loin sur une voie romaine, un empereur vous conduit dans l’au-delà philosophique du miroir : est-ce le regard lointain qu’on vit à l’artiste lors de l’accrochage ?

Nice, Mamac

dimanche 17 juin 2007

L'or éblouissant de Médée

Géorgie ou Colchique mythologique : « l’or, selon Strabon, est charrié dans ce pays des montagnes par les torrents, les barbares le recueillent au moyen de peaux de moutons perforées : c’est l’origine du mythe de la toison d’or ». Jason et les héros grecs firent l’expédition pour arracher l’or et la fille du pays, Médée la tueuse. Au XIX° siècle, on fit des fouilles dans la colline où la pluie se change en or : elle ramenait souvent des bijoux dans la rivière. On découvrit Vani, ville aux tombes richissimes. Ce fut matière à recouvrer l’identité nationale de la Géorgie, tandis que les plus spectaculaires bijoux ne furent déterrés qu’en 2004, d’où cette exposition venue de Paris en privilège national pour la participation du Département. Mesdames, vos beaux bijoux n’auront jamais autant d’âme, aujourd’hui où le laser remplace la main de l’homme ! Une petite fille eut un fabuleux diadème avec des lions dévorant un taureau, symbole mortuaire du solstice du printemps (passage de la vie à la mort). Dédatos le guerrier eut une pièce de monnaie dans la bouche, un cheval à roue, d’étranges cavaliers traînant un grand et un petit oiseau, un lion mangeant un homme. Cinq courtisanes ont des sceaux érotiques, des melons, des carapaces de tortues. Enfin c’est l’extase de voir la broche au cerf ! Des oiseaux par milliers ont des plumes à petits points en billes granulées. Soleils, sphinges, torse féminin, motif abstrait du bélier, nous plongent dans le monde doré de la Grèce antique.

Nice, Musée des Arts Asiatiques