dimanche 28 décembre 2008

Adaptation 1 : Le roi qui aimait trop les fleurs



Conte de Françoise Mallet-Joris mis en drame musical par Cédric Costantino et agrémenté d’une fin tragique.


On m'a dit qu'il n'y avait pas d'illégalité de faire une adaptation sans le droit de l'auteur du moment qu'on ne cherche pas à faire de profit financier. Si je me trompe toutes mes excuses. Mais que l'on sache que j'ai écrit depuis deux ans à Françoise Mallet-Joris et à tous ses éditeurs et que je n'ai pas eu de réponse d'elle, elle n'est pas fautive de son silence m'a-t-on dit aussi. Mon opinion personnelle est qu'elle n'a pas supporté ma médiocrité en orthographe ! En tout cas cette aventure a inspiré le prologue qu'il faut prendre pour un hommage plus qu'un irrespect. A cause de la localisation du-dit prologue, mon travail est dédié à Claude Lignel qui ne le mérite pas du tout.


Liste non encore exhaustive des personnages :
L'oursonne : une récitante
La fourmi : un récitant
Le narrateur : soprano et récitante
Charmant le roi : sopraniste
Un ministre puis jeune bœuf : alto
Un paysan : ténor à caractère, le même fera le maître d’école.
Chœur d’hommes pour les ministres, les soldats, les bœufs d’école et de cour (ténors et altos hommes mais aussi les enfants), les bœufs révolutionnaires (ténors et altos hommes)
Divers voix solistes de ténors et barytons pris du chœur pour quelques rois et quelques soldats
Chœur de femmes pour les mamans et, avec les enfants, pour les chats de cour e tla chorale des chats.
Chœurs d’enfants et enfants solistes pour le peuple
Le bœuf héroïque mais avant aussi le policier : un baryton-basse
Le roi Bagarre : une basse profonde
Mignonne sœur du roi : une soprano colorature
La vache sucrée mère du bœuf révolutionnaire : alto femme
Gracieuse première épouse de charmant : mezzo-soprano
Précieuse seconde épouse de charmant : soprano voix blanche (adolescente de 15 ans, elle ne fera que murmurer)

Suggestion d’instrumentarium faite à Silvia Colasanti.  

Harpes, luths et théorbes et mandragores, quintette de violes (avec le violone et lyrone joué alternativement par un violiste) deux violons solistes et un violoncelle, des hautbois modernes (ou anciens), un cor (les clarinettes et les trompettes seront pour après à moins que l’on mette de la trompette dans le réveil du roi), un basson, un cervelat (qui va avec les violes, son son grave vibre comme un zèbre) et naturellement un orgue positif traité à égalité avec les autres instruments ajoutera sa douceur tout le temps mais aussi sa régale pour le roi Bagarre. (On trouve les instruments spéciaux dans l’anthologie des instruments renaissance chez Ricercare, lyrone s’entend beaucoup dans les disques baroques moderne, c’est une constellation d ‘étoile). S’il est possible aussi d’y mettre une trompette marine soliste, elle sera jouée par un des violistes ?

Naturellement c'est un pré-travail pour un livret ô combien plus court !



PROLOGUE

L'oursonne – Voici un beau trône pour voir le panorama
La fourmi – Bonjour, ours, veuille excuser l'audace d'attirer ton attention
L'oursonne – qui parle ?
La fourmi – C'est moi la fourmi, Claude ! Tu dois être grand roi pour t'asseoir sur le trône des Tricastins !
L'oursonne – Je ne suis pas un roi, je suis une reine, Françoise Jaret-Molis
La fourmi – Tu es si costaude que j'ai cru voir un mâle...
L'oursonne – La femme peux plus encore, Arsinoé, Hatshetsout, Cléopâtre, Elysabeth et Victoria changèrent la face du monde par leur flair.
La fourmi – Puis-je oser m'asseoir à tes côtés pour voir le panorama en ta compagnie ?
L'oursonne – Nous permettons.
La fourmi – Moi aussi je suis prince en mon pays, tu vois à tes pieds ces petits trous, c'est lolboule, en linguistique clodiopolis se transforme en loiopoule puis, à cause d'internet en lol-boule. Nous, fourmis sommes très modernes.
L'oursonne – franchement je ne vois rien !
La fourmi – Ta vue est très grande et ne peut s'arrêter à si peu de choses...
L'oursonne – Tu l'as dis, je ne vois que les grandes choses : par exemple ce beau panorama avec au fond ces héoliennes !
La fourmi en parlant des cheminée nucléaires – Comme les êtres humains sont forts ! ils ont fabriqué de grandes bouches pour produire des nuages pour le ciel, ils fabriquent de la beauté !
L'oursonne – En vérité c'est une usine d'abeilles géantes qui fabriquent du miel géant et la fumée sort des fourneaux qui crachent de la vapeur d'eau, ce n'est pas des nuages
La fourmi – Tu as une connaissance très vénérable et cette usine ressemble à ma ville qui travaille sans cesse, nous autres fourmie somme des ouvrières !
L'oursonne – Ca me gratte !
La fourmi – A l'aide ! Si le metteur en scène est pessimiste la fourmie est écrasée, s'il est clément elle s'enfuie.
L'oursonne – Certes ma connaissance est sans limite ! (silence) Mais où est-elle passée ? Ah les jeunes n'ont pas de constance, ce n'est pas sérieux. Bon j'ai à manger, assez rêvé, j'y vais.
Les fourmis – Hélas, chacun doit prêter garde à ses actes, ils peuvent entraîner de grands malheurs, voilà ce qu'enseinge l'histoire que vous aller entendre.







SCENE 1 « DU SOMMEIL »


Récitant qui est impérativement une femme (pour moi j’entends Agnès Mellon)

En ce temps où chaque bête parlait en beau langage – et même les êtres humains – il était un roi qui adorait les fleurs. Nulle sonnerie ( car, à l’époque, le réveil-matin n’était point encore inventé de sorte que les enfants n’allaient jamais à l’école), nulle sonnerie pour lui ouvrir les yeux mais à son chevet roses, jacinthes, lys, lilas…

Le roi (sopraniste) tout endormi (récitativement)

Qui ne sait que les rêves n’ont pas d’odeur ?
Doucement monte et pénètre mon rêve
L’odoré contenu du vase, du pot, de la gerbe…
Ouvrez vous, yeux empesantis !
Hâtez vous de me ramener sur la terre
Où m’appellent ses beautés olfactives

Récitant


A peine remuait-il la paupière que ses ministres attroupés (il était en effet coutume d’assister au lever du roi et l’on se disputait l’honneur des tabourets), étonnés ou envieux, tous de s’écrier :

Chœur


Quelle merveille d’un odorat si fin !
Vivas vivas au roi Charmant !

Le roi - aria

Fussè-je au paradis lui-même
Que ces lys eussent tout attrait nécessaire
A me restituer au séjour terrestre

Choeur

Quelle merveille d’un odorat si fin
Vivas vivas au roi Charmant !

Récitant

Voici venu l’automne, l’hiver approche qui sera rude : inutile de vous dire qu’il y dort sempiternellement, tant les fleurs d’hivers sont rares, leur parfum léger. Voilà donc ! le roi ferme les yeux (temps de musique du roi qui ferme les yeux) Ecoutez le sommeil du roi qui s’appelle Charmant, charmant aux rêves fleuris…

(ici un petit ballet de fleurs autour du lit du roi) pendant que le chœur chante durant le sommeil)

Chœur, air du sommeil

Au temps des perce-neiges, il vous mettrait des une heure,
Une heure et demie à ouvrir les yeux
Mais au temps des jasmins ou du réséda :
C’est l’affaire de cinq minutes !

Un paysan (ténor à caractère) en récitatif (conseille de bien écouter en français les films de Gabin et autres des années 50-60 car c’est des voix ainsi que l’on a dans l’oreille)

Pff, tout ce beau monde, ces ministres,
Ces Mademoiselles
Ça l’appelasse Charmant,
Moi j’app’lions le Roué (roi) Marmotte !
C’est –y pas plus « réalistique » ?
Not’ terreau, les flatteurs d’historiens
Ça l’appelasse « terre Charmante »
Nous, nous l’app’lions « pays Marmottin »

(ritournelle)

V’là qu’l’an passé
L’hiver qu’il était trop long !
A cause des loups qu’ils font du vent en hurlant…
Et le printemps pas folichon :
Le gel, je te dis ! qu’il te flanque à terre
Les p’tites pousses, les bourgeons,
Même le « crocus minus » (prononcé avec ironie) au fond du boué (bois) !
Tu sais quouéé (quoi) ? le Roué,
Ben il a « somnolé ! »   oui ! d’puis novembre, j’t’dis !
Pis, début mars, vlà qu’il a marmonné :

Charmant (accompagné des harpes et des théorbes)

Que l’on m’apporte les narcisses nouveaux…

Le Paysan

Et son miielleux de gros ministre, vlà qu’il li dit :

Le ministre (un alto) aria précieuse et napolitaine

Sire, hélas, c’est un malheur !
Que sa Majesté ne me tienne en disgrâce
Si la nécessité de la nature me mette en l’impossibilité
D’assouvir Son souhait : les narcisses tardent par infortune.

Le paysan

Ben il s’est rendormi l’autre !
Tout de bon et ben d’un coup !
Que tous ces demoiseaux il lui ont mis une grosse touffe de chevrefeuille dans la narine
A la mi Avril,
Que ça a mis du temps pour qu’il soit tout vif.

(Ritournelle)

Le Chœur

Puisqu’il dort en ce moment…

Charmant dans son sommeil

Ces beaux lys, ah cette rose rouge sang…

Le Chœur

Le roi Marmotte qu’on dit Charmant
On peut vous dire ce qu’on en pense…

Charmant dans son sommeil

Ce tapis de bégonia, ah la rose de sang !
Parfum capiteux… envoûtement
Que l’on épargne les boutons d’or
Que l’on interdise de marcher dehors

Le Choeur

Qu’il est agaçant ! mais il a ses bons côtés
Il est pacifique
On est tranquille tout l’hiver.
On est tranquille tout l’hiver

Charmant (pendant le chœur)

Que l’on épargne les boutons d’or
Que l’on interdise de marcher dehors
Epargnez nos petites soeurs les fleurs


SCENE 2 « DE LA CUEILLETTE DES CHAMPIGNONS »


(il pleut, la foule a des capuchons rouges et de la fourrure, il y a des champignons partout, évidemment un figurant est déguisé en schtroumpf (puffi) et tout le monde danse sous la pluie)

Récitant sur la musique

Et c’était dans les bois dénudés qu’on faisait des pique-niques, emmitouflés de fourrures : hélas ! l’été, c’était interdit à cause des boutons d’or qu’on eût pu écraser.

Aria du paysan

Moi j’m’en plains point !
Tant mieux qu’cet hiver il fra ben froué
Plus de roi, plus d’impôts, plus de gabelle
Plus d’acquittements, plus de dettes sur mon dos …
(ritournelle reprise plus loin : ) Finie la quillotte, vive la joué (joie) !

Chœur d’enfants (presque du rap)

Haha On dansera en patins à glace
Le roller c’est pas super (prononcer supeur) :
Ça le fait pas pour les fleurs !
Les roulettes, c’est pas chouette ;
Mais le patin à glace, c’est classe ! 

Chœur des Mamans

Allez petits trognons !
A la cueillette aux champignons !
Mettez vos imperméables
La journée sera agréable
Maintenant que les nuages se font denses
La pluie est propice aux vacances

Un enfant en parlant :

Ah oui marre de tous ces écriteaux partout
Qui nous supplient dès le redoux :

Une basse-baryton, un policier, en parlant (avec le même thème des fleurs par les instruments que celui qui fut chanté par le roi)

Epargnez nos sœurs les fleurs !

Trois enfants en polyphonie

Ché noia ! L’été c’est pas du plaisir ! Piire ! (une chute glissando sur le dernier mot)

Tous les enfants

(ritournelle :) Vive la joué !

La basse en colère contre les enfants - Arietta furiosa (arietta parce que plus lloi il y aura la grande aria furiosa du roi Bagarre qui sera une basse profonde)

Que la sollicitude du roi s’étende en Terre Charmante
jusqu’aux champignons
De par leur senteur agreste.
Prenez gardes aux automnes à fleurs sylvestres
Que l’on hâte le réchauffement de la planète !

Tous (avec la citation musicale (vive le vent) des paroles issue de la musique de Noël)

Ah non, vive le froid
Vive le vent d’hiver
Vive la chute des feuilles

(ritournelle :)

Finie la quillotte, vive la joué !

(polyphonie :)

C’est le temps de jouer, c’est le temps de s’emmitoufler

(fugue :)

Nous surveillons qu’il ferme l’œil
Eh hop ! dès que la grande nouvelle s’étendra :
On cuisine des omelettes aux champignons
On se lèche les doigts jusqu’au moignon !

(Ritournelle : ) Hihihi !
à transgresser l’interdit
C’est la joie des petits plaisantins
(Forte :)
Que les hivers sont gais au pays Marmottin !

(maintenant il neige)

Aria du narrateur

Et les petits garçons
Si mignons,
sous leurs capuchons
s’en allaient au bois
tant que le roi ne sait pas,
pour remplir leurs paniers
des mets de la forêt,
chantant une vilaine chanson
dont je tairais les couplets,
oh ! trop grossiers !

Chœur d’enfant - chanson

Vive la gibelotte
Avec des champignons !
Pendant que nous mangeons
Ronfle, seigneur « Marmo-o-tte ! »

Tous

Vive la gibelotte
Avec des champignons !
Pendant que nous mangeons
Ronfle, seigneur « Marmo-o-tte ! »

(Ritournelle du coeur : ) Hihihi !
à transgresser l’interdit
C’est la joie des petits plaisantins
(Forte :)
Que les hivers sont gais au pays Marmottin !

(avec le paysan : ) Finie la quillote, vive la joué !



SCENE 3 « BAGARRE S’EN VA T’EN GUERRE »


(Nous sommes dans le château fort très fort du roi Bagarre)

Bagarre – brr ! j’ai froid ! je n’arrive pas à me réchauffer !

Un soldat – fais la guerre !

Bagarre – j’y pensais justement, cela me titille !

Une moitié des soldats – C’est bon la guerre !

L’autre moitié – On est secoué tout d’abord par son cheval !

Moitié 1 – Ce qui met le sang en mouvement !

Moitié 2 – Puis on dresse sa tente !

Moitié 1 – Ce qui est encore un fameux exercice !

Bagarre – Et au moment où, se couchant, l’on va recommencer à avoir froid…

Tous – Tout s’effondre !

Bagarre – Hummm ! Et il faut tout recommencer du début ! youpi !

Tous – Alors on a tellement chaud qu’on n’a plus sommeil,
On démonte la tente, on s’en va ailleurs.

Bagarre – Mais mes gaillards ! ce qu’il y a de moins amusant dans la guerre…
C’est qu’il faut bien tuer quelques gens !

Tous (dépités) – Oh  ce n’est pas beaux !

Bagarre - Autrement on ne serait plus pris au sérieux !

Tous – Il faut bien, il faut bien !
Bagarre il n’aime pas cela !
Qu’on vous le dise : au fond c’est un brave homme !

Bagarre (crescendo pour l’orchestre) –

Et puis cela ne me réchauffe guère de couper la tête aux gens,
Mon sabre et exactement effilé à point,
Si bien que cela en devient trop facile
Et c’est d’un ennui dépitant.
Non ! ce qui vaudrait vraiment la peine : vous voulez savoir ?

Les soldats – Oui ! oui !

Bagarre - C’est de faire la guerre avec un roi qui se défendrait !
Alors, là, oui ! il y aurait du plaisir !

Les soldats – Hourra !

Aria furiosa de Bagarre

Ramper dans les bois de jour et de nuit
durant des lieues et des lieues
Sous ce prétexte facétieux
Qu’il faille se dissimuler de l’ennemi,
Assiéger longuement la bourgade,
Et construire - ô but que j’idolâtre -
une belle et forte palissade !
Imaginez ! à abattre, les pins !
Les troncs à débiter en rondins,
Les rondins à tailler en pieux !
Les pieux dont les pointes sont à durcir au feu !

Les soldats

Marches, sièges, arbres, troncs, rondins, pieux pointes et feu ! Ah !

Bagarre

Déliciosité du siège ! Dégustation même !
Grimper sur de hautes échelles
En armure de bien trente kilos et belle !
Que pensez-vous ? amusement suprême !
Il faut que les échelles s’effondrent de tant en tant…

Les soldats

Malheur !

Bagarre

Et avec un peu de chance - il s’entend -
Une pièce de l’armure se tordra !
On la redressera, n’est-ce pas ?
Soi-même ! à coups de marteau !
C’est succulent ! c’est rigolo !
Et quand l’échelle tient bon,
Alors ce sont les pavés que l’on reçoit sur le cabochon,
L’huile bouillante, C’est onctueux !
Les blessés à soigner, c’est délicieux !
C’est délicat !
La fête, quoi !

Les soldats

La fête quoi !

Bagarre

La vraie vie !
Comme on dit : La chaleur des combats !
`
Les soldats

Ah vivement la chaleur des combats !

La narratrice (lamento) on peut l’habiller en épouse du Roi si l’on veut

Pauvre Bagarre, comme tu rêves, tu le sais bien !
Las ! Ce plaisir t’est interdit jusqu’ici !
Tes voisins tout juste ont-ils compris leur malheur …
Tout juste se sont-ils aperçus de la guerre en leur terre…
Qu’as-tu fait de bien en fait d’armes jusqu’ici ?

Bagarre

Bououh ! comme Madame la Narratrice à raison
Je suis malheureux !

Les soldats

Bououh ! Le Roi est malheureux !

Une partie des soldats puis tous en même temps

Tu conquis pourtant la terre de Finbec…
Tu conquis pourtant la terre de Finbec…

Bagarre & la narratrice

Finbec ce jour-là était trop occupé à discuter du menu avec son cuisinier :
Il n’opposa aucune résistance, ne me (te) vit même pas !

Finbec (en coulisse)

Miam, miam
Huummm !

Les soldats

Tu envahis la terre de ton neveu Bel-Amour…
Tu envahis la terre de ton neveu Bel-Amour…

La narratrice

Ce jour-là, il se regardait dans le blanc des yeux,
le blanc vide de sa fiancé la princesse Aubépine…
Et ce lui était un plaisir
Exhaustif…

Bel-Amour & Aubépine (en coulisse)

Ha !!
Smag, smag, smag…

Les soldats

Et Miremoi ?

Bagarre

Il astiquait son miroir ! ô desespoir !

Miremoi (en coulisse)

Je ris de me voir si beau dans ce miroir

Bagarre

La guerre ?
A peine s’en sont-ils aperçu ! rois et princes hystériques
A passions, à tics,
Maniaco-dépressifs !
Quant à résister, bernique !
Oh les vermisseaux passifs !

Air furieux

C’est pour n’avoir pas l’air ridicule
Et par quasi contrainte de honte !
Que je les ai tous bousculés dans mon donjon,
Vous comprenez, au moins j’avais des prisonniers…

La narratrice

Ah mais n’oublie pas ! Bel-Amour et Aupébine les yeux soudés :

Bel-Amour & Aubépine du fond de la geôle

Merci tonton chéri !

Bagarre Excédé

Si j’étais méchant je leur crèverais les yeux d’amoureux !

Bel-amour & Aubépine

Merci tonton chéri de nous avoir bien plus étroitement réunis !


Bagarre fait le geste d’étranglement

La narratrice 

Et n’oublie pas le roi Généreux que l’on appelle Miremoi !

Miremoi

Cher cousin, j’ai meilleure mine ; ainsi déchargé des soins de l’Etat, n’est-ce pas ?

Bagarre

Trop aimable mon cousin !

Les soldats

Et cette odeur de cuisine exotique : c’est Finbec qui nous régale,
C’est son nouveau hobby…
Vive la bonne cuisine ! à la Soupe, à la Soupe !

Bagarre

Ah c’est trop dur !
Ah combien je rêve d’aventure !
Fichtre d’évasion, de poursuite revigorante,
Exaltante, réchauffante !
Je suis accablé de tristesse, accablé de tristesse !
Où est ce roi qui se défendrait ?

La narratrice insidieuse

Attaque la terre Charmante là-bas il y a des barbelés…

Bagarre

Des barbelés !
Enfin de l’espoir ! des barbelés !
C’est une défense inouïe, inédite,
Une défense féroce annoncée !
Attaquons la terre de Charmant III
Qui a quelque trésor à protéger,
Ainsi aux pieds n’aurai-je plus froid.

Les soldats

Attaquons ce vrai ennemi …

Bagarre

Et réchauffons-nous !

Les soldats

Assaillons les barbelés aux vrais picotis !

Bagarre

Pourvu que les picotis me réchauffe les pieds.

Chœur des soldats, grande fugue

Que les pieds du roi retrouvent tout leur feu
Et qu’en guerre nous soyons tout heureux !

La narratrice (en parlé sur la musique)

Quel comique! Mais laissons le roi Bagarre qui s’en va t’en guerre dans ce seul but inavoué de se réchauffer les pieds, car il faut vous le dire, il était assez gentillet au berceau, bien qu’il remuait frénétiquement ses pieds froids, aussi fut-il baptisé Bon, et même à l’âge des épées de bois, sa Maman l’appelait « Bon-Bon » mais il se fit nommer « Bagarre » tant il en avait marre et il fit de la guerre pour ses pieds l’édredon. Mais laissons le là préparer l’historique combat de la « Plaine-aux-Bœufs » et racontons en pays Marmottin, les mésaventures de quelqu’un qui va changer le destin de chacun.


SCENE 4 « L’ECOLE DES BŒUFS »

Tout le début de la scène est parlé sans musique

La vache sucrée (devant la porte de l’école)

Mon petit Monseigneur,
Vous m’obéirez séant
Et prendrez le chemin de l’école.

Le jeune Veau

Non Madame, Grande Vache Sucrée,
J’ai toujours été élevé au château
Et ne veux point me mêler aux autres veaux
Manants.

La vache sucrée

Comment ?
Ne parle pas à ta mère sur ce ton !
Je sais pour toi ce qui est bon :
Ne t’ai-je pas jusqu’ici tout donné :
Écuelle d’or, coussin d’argent,
Leçons de danse et de chant
Maître de musique et d’arithmétique…
Je n’ai rien épargné pour toi :
Et je veux pour toi les meilleurs à cette école d’élite,
Les meilleurs professeurs de cours floraux !

Le jeune Veau

N’y a t-il pas dans le palais
Quelque précepteur en cours de genêts ?
C’est pour les genoux des princesses que je suis né
Et non pour les bancs gelés de l’école prolétaire !

La Vache sucrée

Effronterie !
Sache que si je suis la vache favorite du roi
C’est que de ma vie je n’ai jamais mangé que du riz au lait
Et jamais de fleurs je n’ai croqué.
Et c’est à l’école que j’appris cet art
Avec plusieurs professeurs excellents
Sans laisser de place au hasard.
Te présenter à l’examen par cours particulier ?
C’est trop risqué :
Je ne veux pas négliger le danger
En te laissant dans l’oisiveté et la prospérité !
Le monde est dur,
Il te faut un peu te frotter à la société :
Acquiers de la rudesse spartiate, de l’expérience
de la ruse pour ne pas finir chez le boucher.

Le veau en pleurnichant

Certes, Madame Grande Vache Sucrée, tu as raison !
Je vais donc y aller.

La Vache sucrée

Et tâche de rendre ta mère fière. (elle ouvre la porte de l’école et laisse entrer son fils)

La narratrice en parlé sur la musique

Êtes-vous étonnés d’entendre parler d’école alors que les enfants n’avaient pas de réveil matin ? Jadis, les bovins se rendirent compte qu’étant les ennemis naturels des fleurs, ils avaient à accomplir une pénible rééducation pour surmonter leurs instincts, on les aida d’ailleurs par les moyens subversifs que les politiques connaissent pour la colonisation. Ils trouvèrent ainsi les faveurs du roi et moult subventions. Des universités se montèrent et le royaume jugea l’effort si méritoire que les bœufs en vinrent à partager avec les chats l’honneur du titre d’Espèces Animales en Faveur de Cour (E.A.F.C.).

Notre veau qui était orgueilleux prit donc le chemin de l’école avec l’idée d’y réussir.

Toute cette partie de la scène est chantée

Le veau (entrant dans l’école)

Qui sait si le roi impressionné par mon succès
Ne me donnerait pas une part aux affaires de l’Etat
Veau Ministre ! En lieu et place du grand vizir, le chat Rhabbia :
Président de l’E.A.F.C. !

Le maître d’école autoritaire et militaire

Mes enfants, bonne rentrée,
Prenez vos cahiers et : attention !
Vous tous ! attendez vous à être mangés !
Car il est dur le chemin pour survivre,
Il faut être plus que doué, il faut être très doué !
Qui de vous sait ce qui va vous arriver,
Quel programme pour éviter le boucher ?

Une génisse

Vous allez nous apprendre à ne pas manger de fleurs
A l’aide de grandes planches en couleur,
On distinguera la moindre paquerette, le plus petit bouton d’or,
C’est chouette !

Le maître d’école

C’est exact, tu auras un bon point,
Prenez de la graine les autres !
Qui sait ce qu’est un bœuf de classe A ?

Le vœu de la vache sucrée

C’est ma mère !

Le maître d’école

Et toi tu risques fort de finir en quartier !
Sache que la classe se gagne sur le seul mérite personnel
Et non l’hérédité, mauvais point pour toi !
Un autre pour répondre (il désigne un vœu) ?

Un vœu

Un Bœuf de classe A reconnaît à l’odeur toute fleur, il est bien éduqué, porte de beaux vêtements, se manucure le sabot et le laque souvent avec de raffinés motifs champêtres.

Le maître d’école

Son signe distinctif ?

Le vœu

A l’issue de l’école, on lui coupe les cornes pour symboliser sa douceur.

Le maître d’école

Bien 18 sur 20.
Toi l’arrogant, définie un Bœuf de classe B.

Le vœu de la vache sucrée

Un bœuf de classe B n’a pas l’odorat sûr mais une vue perspicace,
C’est un bourgeois, il a obligation de porter des pantoufles de feutres.

Le maître d’école

Et pour quelle raison selon vous ?

Le veau

Car il est toujours susceptible d’écraser une fleur.

Le maître d’école sur un ton pathétique

Un malheur est si vite arrivé ! une poussière dans l’œil, une conjonctivite…
Et voilà une violette, parfois deux, écrasées sous le lourd sabot !
Sans compter les représailles qui s’en suivent…
Qui de vous a déjà vu en vie un veau de classe C ?
Personne ne répond ?
Qui sait pourquoi on n’en voit jamais ?

Un vœu en pleurant

Un bœuf de classe C est un bœuf mort !
On l’a amené chez le boucher parce qu’il a échoué à l’école.

Le maître d’école jouissant

Et oui, je suis au regret de vous dire qu’on les mange.
Il faut bien manger quelque chose ou quelqu’un
Gare à vous de ne pas échouer,
Chaque année je vois deux ou trois de mes « chers » élèves
finir sous la massue « justicière » du boucher.
Statistiquement, 1, 26 pour cent d’entre vous seront morts d’ici à la fin de l'année.

Entendu !

Donc nous allons suivre le programme que voici, notez sur vos cahiers :

Ce que chante le maître est repris en canon par le chœur mixte des veaux

Le lundi : cours d’apprentissage de lecture de planche avec expressions écrites (reproductions de fleurs, arts plastiques, modelage, morphologie) ;

Le mardi : travaux pratiques, sur un terrain artificiel (car avant l’examen pas question de mettre en danger les vraies fleurs) nous éprouverons votre vue ;

Le mercredi : cours de soutien en demi-groupe pour les élèves en difficulté : les cancres ! les autres seront au repos, je leur conseille vivement d’aller observer les choses de factu, in Nature ;

Le jeudi : cours d’histoire des fleurs le matin et gymnastique des sabots l’après-midi, vous apprendrez toutes les tactiques pour éviter les risques d’ « écrasement » ;

Le vendredi dans des box séparés : initiation à l’odorat, vous devez répéter, rabâcher jusqu’à l’écoeurement le repérage olfactif ;

Le samedi matin : examens blancs. Chaque semaine, vous serez donc notés et recentrés sur vos défauts. Vous devrez alors faire votre autocritique humiliante devant vos camarades qui vous jugeront dans un débat impitoyable d’expression orale.

Compris ?

Les veaux

Oui !

Le maître d’école

Silence !

Il parle seul dans le silence et dans une grande inquiétude dramatique :

A la fin de l’année vous aurez à subir avec de vraies fleurs, dans un vrai prés, une première épreuve d’odorat dans laquelle, les yeux bandés, vous aurez à brouter de grosses touffes d’herbes grasses au milieu desquelles on glissera, subrepticement et une fois sur deux, un coquelicot ou un bleuet, si vous avalait tout sans distinction ou si vous arrachait ne serait-ce qu’un pétale vous serez impitoyablement reléguant en classe…
Allez ! en classe ?

Tous les veaux

B !!

Le maître d’école

En revanche si vous réussissez l’épreuve, vous passerez en étude supérieure de classe … ?

Tous les veaux

A !!

Le maître d’école

Pour les autres, les misérables de classe B, ils subiront en deuxième année une sévère rééducation :
Et croyez moi, ils vont en bavez terriblement, ils sueront, ils vomiront !
Ils ne seront même pas encore sûrs de ne pas finir en classe C !
A l’issue de l’étude, ces beaufs et ces vaches-là, malgré leur vilaines et grossières cornes, s’ils sont assez intrigants – ce dont je doute vu leur lamentable échec en examen de première année - pourront à la limite être reçu dans la bonne bourgeoisie, Mais à la Cour, fi !

(avec un ton plus doucereux)

Mais pour les heureux, les merveilleux, les sur doués élus de la classe A,
Il accèderont aux études de classe supérieure et pourront préparer une thèse qui aboutira, sait-on jamais, à la notoriété. (le fils de la vache sucré soupire de plaisir en se figurant le statut que décrit le maître) Ils seront dès la fin de la première année, joyeusement dotés de leur beau diplôme, choyés et recherchés dans les meilleurs salons et par les plus belles demoiselles et les plus valeureux chevaliers, il feront leur entrée à la Cour où il seront un bon parti à marier, comme le royaume tient à une bonne reproduction suivant l’ethnie de la classe d’élite. Qui rêve d’un tel bonheur ?

Les veaux tous ensemble

Moi ! moi ! moi !

Le maître

Silence ! Génisses ! veaux !
Discipline, application, rigueur ou, sinon…
La mort !


SCENE 5 « L’EXCES D’ETUDE DU FILS DE LA VACHE SUCREE »

Dans cette scène le jeune veau est seul à sa table d’étude
Je vois cette scène comme un sprichtgesang à la manière de Schoenberg

La narratrice

Le fils de la Vache Sucrée était ambitieux. Ce jeune veau travailla dur pour décrocher une mention spéciale. Il fut le major de son année, le premier de Classe A, et si péremptoire que les autres le regardait désabusés. En étude supérieure, il s’isola pour travailler, Il rêvait :

Le veau

Ministre ! Un veau, cela ne s’est jamais vu, ou presque !

La narratrice

L’orgueil le poussant, tard dans la nuit, penché sur sa botte de foin,
Il humait,
Les yeux fermés, s’exerçant à reconnaître la plus subtile différence entre deux graminées.

Le veau

Ah Maman tu peux être fière de moi :
Les autres sont bien futiles,
Encore plus les fils de bonne famille :
Voyez les après l’écuelle de lait,
Chacun se dissipe en écoutant du Mozart tôt le matin
En dansant la bourrée, le menuet,
Moi, studieux, le nez dans la rosée,
Je m’acharne, je suis capable non seulement de discerner,
Parmi l’herbe humide,
Nos timides sœurs parfumées,
Mais bien plus je peux sélectionner et dénommer :
Je ne broute pas « de l’herbe » comme disent aveuglément les stupides B,
Je distingue, moi, les aromatiques, la menthe, le thym, la sauge de velours.

La narratrice

Il envisageait même une œuvre trés avancée, plus hardie que ces prédécesseurs, une thèse puissante. Le sujet en était choisi :

Le veau

« Le serpolet du poète »
Qui de vous ne connaît la fable de La Fontaine :
Le chat la belette et le petit lapin
Où le poète évoque un festin
De thym et de serpolet ?
Le thym, bon, tout le monde connaît ça !
Il y en a plein les jardins, pleins les prixunics !
Mais le serpolet ?
Qui de vous a jamais vu des serpolets ?
Un parterre de serpolet ?
Un magasin de serpolet ?
Personne et moi non plus !
J’ai pourtant fait beaucoup de recherche.
J’ai cherché dans les livres
D’hier et d’aujourd’hui,
Dans les gloissaires
Les dictionnaires
Les thésaurus même !
Les lexiques et les annuaires
En langues françaises et régionales
En moyen français et en vieux français
En latin, en grec, en sanskrit, en hébreu
J’ai égrené les bulletins et les thèses
Sur internet,
Dans les magazines et les magasins,
J’ai téléphoné aux paysans de tous pays
En toutes langues,
Rien n’a abouti.
Peu à peu je suis arrivé à la conclusion hardie
- et je compte bien la défendre en mon livre :
« Y a-t-il du serpolet ?
Où ? Nulle part ? Alors le serpolet n’existe pas ! »

Un silence

Ce livre fera du bruit où je me damne !
Il y aura des défenseurs du serpolet, des anti-serpolet
Le serpolet lui-même viendra bien se manifester
Et se sera une savante controverse que l’on enseignera pour l’éternité à l’école…
Ah quel beau livre je vais écrire !

Narratrice

Mais le livre ne fut jamais écrit.

Le veau

Atchoum !

Narratrice

Un gros rhume ! à force de chercher, de flairer l’herbe humide,
Le studieux veau pris un gros rhume, un terrible rhume. Ce fut ce qui bascula le destin de tout le royaume.


SCENE 6 « LE GRAND BAL AU PALAIS ».


Maître de ballet (un veau)

Pavane belle fleur interprêtée par les chats du palais
Entrée des fleurs merveilleuses
Entrée de la princesse sœur du roi
Entrée du roi Charmant
Entrée des duchesses et des ducs paires du Royaumes
Entrée des hauts ministres
Entrée du grand chat Rabbhia ministre favori
Entrée de la vache sucrée favorite du roi et de son fils intelligent
Entrée des veaux de haute classe
Bourée particulièrement réussie dansée par le veau et la princesse mignone

Princesse Mignonne

Que votre pas est délicat,
c'est une rosée de fleur !

Le veau enrhumé

Votre compliment n'a d'égale que votre meauté
bareille à la fraîcheur d'un bétale!

Princesse Mignonne

En récompense de cette bourée charmante
je vous offre une glace à la menthe

Le veau

Mes yeux en sont tout embués d'ébotion !

Il avale le bouquet qu'elle porte dans l'autre main

Le veau renifflant

Ce n'était pas bauvais, ba foi. Puis-je, puis-je en avoir une seconde ?

Un ministre

Mais ! qu'avez-vous donc fait misérable !

Elle s'évanouie

Tous

Sacrilège !
La foudre des malheurs tombe au beau mileu de nos salons !


Tous

La mesure est comble !
effronterie camikaze !

Le veau

Quoi ? qui a-t-il donc à banger une glace ?

Tous

C'est des fleurs, ô sacrilège,
des fleurs qui périssent!

Le roi charmant

ah !

La princesse Mignonne

ah !

Tous

C'est des fleurs, ô sacrilège
des fleurs qui périssent !

La vache sucrée s'évanouïe à son tour

Le roi charmant

Ah, le coup est trop fort ! Subitement !
Je sens dans mes veines se répendre le sommeil
le sommeil de l'hiver et l'attente de temps tendres
Que l'on fasse de somptueuses funérailles à ces fleurs
et que l'on m'apporte un lit...

Le roi s'allonge

Que l'on porte le boeuf à la boucherie...

Le père du boeuf

Majesté ! aies pitié d'un pauvre père
n'assombrit point une fin de vie exemplaire
soit clément, roi Charmant
je t'en supplie au nom de mes états de services
magnifiques et sans vices
N'oublie pas que je me suis foulé une patte dans un ravin
pour sauver un coquelicot si bien  !

La vache sucrée

Majesté ! aies pitié d'une pauvre mère
n'assombrit point une fin de vie exemplaire
soit clément, roi Charmant
je t'en supplies au nom de mes sacrifices
quotidiens et sans vices
N'oublie pas que toute ma vie, très pure,
 j'ai renoncée à la l'herbe comme nourriture
me contantant de riz au lait !

Tous chuchotant

Il a dit : « ce n'est pas mauvais, puis-je en avoir une autre ? »
rendez-vous compte », oh !
Les demoiseaux rougissent, les demoiselles font mine de s'évanouir

Les boeufs

L'histoire est inventée de toute pièce par les chats du palais !
c'est connu, ils sont jaloux de nos faveurs et cherchent à discréditer l'espèce bovine !

Les chats en riant

miaouh ! vous étiez témoin à l'instant ! 

Le roi charmant

Qu'est-ce encore de cette affaire ? La paix ! que me voulez vous ?

Le pére du boeuf

Bon roi, amnistie mon fils de la boucherie !

Le roi charmant

Soit ! c'est pour toi que nous y concédons !

La vache sucrée

Bon roi, donne lui la classification de B pour qu'il survive !

Le roi charmant entre deux baillements

Pour toi aussi encore que nous y concédons, sous condition qui'il s'en aille loin, très loin, le plus loin possible, pour ce qu'aucun membre de la Cour ne fût exposé à sa vue. Je le nomme garde-frontière, qu'il ne s'en éloigne jamais. Il portera des lunettes. C'est mon dernier mot

Il s'endore

Duo du père et de la mère

Fin misérable d'une enfance au pied du trône
Fin misérable 'une personne très bonne
notre fils jadis hors pair
est désormais garde frontière
Songe qu'on t'a sauvé la vie
Ne deviens pas aigri


narratrice

Tel était donc le boeuf que rencontra le roi Bagarre, au premier jour de son invasion. Conscient de sa valeur intellectuelle, se souvenant de son enfance aux pieds du trône, mais rappelé sans cesse au sentiment de sa déchéance par ses pantoufles et ses bésicles : un aigri.

SCENE 7 à la frontière

Le boeuf

Quel beau massacre de boutons d'or ! troupe joyeuse !
vas-y cisaille les barbelés, écorche toi et en toute inconscience !
écrase, écrase mes boutons d'or !
Ce n'est pas sans plaisir que je vois ces première dégradations !
J'imagine le désespoir de Marmotte, ah ah ah ah ah ! Je haïe les fleurs !

La narratrice à qui répond le boeuf qui acquiesce en soufflant du nez

Cependant tu tiens au peu de dignité qu'il te reste,
au galon bleu cousu sur tes protège-cornes,
aux couleurs nationales brodées sur tes pantoufles, rose et vert :
la fleur et la feuille.
Garde-frontière tu es, bon sens tu as !
voici le jour pour justifier ton titre.

Le boeuf se fait massif

Halte-là ! J'ai dit : Halte-là !

Les soldats

Comment halte-là ! On n'avance pas !
on se colle du sparadrap !

Bagarre

Une résistance !

Narratrice

Tu vois bagarre pour une fois que ce n'est pas des
« Ne vous genez-pas ! »
« Faites comme chez vous ! »
au pire :`
« Si c'est votre idée ! »

Bagarre

Oh toi la narratrice, n'en rajoute pas !

Oh boeuf viens que je t'embrasse, loyal ennemi !
je n'en crois pas mes oreilles, tu as dit
« halte-là »

Le Boeuf

Moui séigneur, halte-là !

Bagarre s'approche en écrasant une demi douzaine de pâqyerettes et trois crocus

Le Boeuf

Contravention !

Bagarre tire son sabre

Un soldat

Ah mais non, c'est la pose syndicale !

Un autre soldat

J'avoue que j'observe cette nouveauté avec un intérêt détaché,
on est en plein badigeonnage de mercurocrome et nous avons déjà fait un combat contre les barbelés, je propose que l'on vote une grève...

Deux soldats

C'est assez pour aujourd'hui, on est fatigués...

Un soldat

De toute façon, vous me le concédez,
il ne serait pas très poli d'untervenir
Bagarre et le boeuf semblent bien s'en tirer tous seuls...

Bagarre

En garde !

La narratrice

D'un coup de tête, le boeuf se débarassa de ses protège-cornes, d'un coup de pied de ses pantoufles, et, rendu à la liberté, se souvenant de ses sauvages origines, il se mit à piétiner le sol sous lui, oubliant règlements et précautions, et son éducation soignée, et sa studieuse jeunesse. Et les pâquerettes volaient, mes enfants ! Et les boutons d'or décapités tombaient dans la boue à Et les reines-des prés tâtaient de son sabot ! Cela faisait autour du boeuf un tourbillon coloré, une sorte de camouflage qui éblouissait Bagarre !

Bagarre

Quel procédé ingénieux ! quelle science du combat ! Bravo ! (il lève son sabre)

Le boeuf

Holé !

Un soldat

Cinq sous sur notre roi.

Un autre soldat

Quarante sous sur le boeuf, et mon lance-pierre !

Commence un ballet de tourbillons colorés qui s'approche, s'éloigne

Le boeuf

Et je te piétine, et je te piétine, et je te les fais voler, tes précieuses fleurs parfumées !



Bagarre

Et je te fait moulinet sur moulinet, et je te les coupe, et je te les tranche !
Et je te les fauche et je te les sabre tes calices de tranquillité

Les sodats

Oh la  belle bleue ! Oh la belle rouge !
C'est ce que l'on appellera dans les chroniques bagariennes
le combat de la Plaine-aux-Boeufs !

3 commentaires:

D.A.C Denis&AnneCoutaudier a dit…

Cédric,
J'adore cette histoire ! Bravo.
Anne des beaux-Arts

Cédric Costantino a dit…

Merci Anne ! Mais c'est la seule histoire qui ne soit pas de moi, je ne fais que l'adapter en pièce de théâtre...

Bises appelles moi

Cédric

Anonyme a dit…

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