Le très original château-prieuré de Vallauris propose l'exposition à ne pas manquer sur la côte d'azur. Cela se passe dans la partie du château consacrée à la céramique, dit musée Magnelli (l'autre partie étant le musée national Picasso). Sous les basses voûtes du rez-de chaussé une partie historique réunie des carreaux émaillés somptueux de la renaissance portugaise dit « azulejos » et « zelliges » au maroc, il y eut un temps où palais et mosquées en étaient couverts. La thématique est prodigieuse : motifs géométriques, végétaux, calligraphies islamiques, chats, oiseaux, cerfs d'orient, agneau chrétien, oeil égyptien antique. Les animaux et les anges montrent les constantes d'inspiration véhiculées par la route de la soie, les mêmes motifs se retrouvent de L'Iran médiévale à l'Europe moderne. Une tête d'angelot de 1959 illustre même la permanence des techniques. Cette excellente première partie d'exposition n'était qu'une introduction et une explication de l'oeuvre de l'artiste contemporaine exposée à l'étage supérieur.
Inspirée par un sourire humain de d'un chat inscrit dans un carreau du fameux palais des marquis de Fronteira (1672), Florence Patte décline une série autobiographique de chats qui cumule fantaisie et syncrétisme d'inspiration. Cette artiste sensible a infiniment à dire : ses émotions personnelles face aux cultures sont fortes, elle voyage dans la littérature française (les fables de La Fontaine), dans la poésie orientale (ses propres poèmes sur la lettre A : Alif), dans ses 9 années d'éducation à Lisbonne, son installation au Maroc, ses tapis touarègues, ses spirales et yeux philosophiques, sa passion pour la musique, sa connaissance poussée des courants de l'art contemporain allant jusqu'à ll séquence minimaliste proche de l'art concret, son volonté de sortir le carreau-sculpture de son espace mural pour en faire totems et cubes. Une imagination qui force l'admiration mais qui laisse aussi ce regret de sembler nulle part domptée : on sens en effet que Florence Patte a un grand et profond chemin à poursuivre pour arriver au carreau émaillé syncrétique, ultime et nécessaire, oeuvre d'art, "oeuvre au noir" dira-t-on, consécration de sa valeur artistique.
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