Le festival de Prades parle avec fierté de son engagement dans la musique contemporaine. Michel Lethiec, son directeur, aime à rappeler qu’au temps de Beethoven et Schubert la musique n’était que contemporaine. « Nous nous étonnons de l’attitude de nos ancêtres quand nous sommes replacés dans leur perspective, parce que nous avons pris l’habitude de vivre dans un musée », dit Michel Lethiec. Prades veut faire donc revivre le passé mais cherche aussi la création de l’avenir. Cette dimension humaniste et engagée correspond à la personnalité de Pablo Casals, fondateur de cette Prades capitale de musique chambriste. En effet, Casals fut des deux courants. D’une part, il est, pour le violoncelle, l’inventeur de Johann Sebastian Bach. Jusqu’à lui, on interprétait ses suites dans un morcellement de danses anthologiques, souvent avec l’accompagnement au piano ajouté par Schumann ou Mendelssohn. On raconte que Casals trouva à Lisbonne une édition des six suites dans l’état original sans accompagnement et qu’il fut le premier à oser les jouer toutes nues.
De Bach à la musique contemporaine : humanisme de Casals
Or être un précurseur dans le retour aux sources, secouer les poussières des traditions erronées, participe de la même curiosité que s’engager dans la modernité. On ne s’étonnera pas que Casals soit aussi moderne dans son enseignement. Il demande que l’on soit libre au violoncelle pour les mouvements corporels, il rejette la tradition de faire travailler les élèves avec des livres sous les coudes pour garder soi-disant un maintien des bras près du corps.
Quand dans son exil protestataire contre l’acceptation tacite de l’Europe de la dictature Franquiste, on vint le chercher là où il méditait, pour qu’il jouât de nouveau - bien sûr hors d’Espagne où il ne voulait plus mettre un pied, hors de toutes les capitales, comme il l’avait promis, mais simplement à Prades où il vivait - son premier geste fut d’inaugurer son festival par les œuvres de Bach. Mais dès le début il voulut défendre la création et nombre de compositeurs lui doivent leur diffusion.
Le concours de composition de Prades
C’est pourquoi Prades possède un concours de composition pour musique de chambre où la présence du violoncelle est obligatoire. Son jury est prestigieux, jury composé d’instrumentistes, (certes versés en composition) comme Vladimir Mendelssohn, choisis pour juger de la faisabilité – car les compositeurs ont souvent des rêves abstraits – mais aussi jury composé de compositeurs prestigieux comme Penderecki.
Mélange catalan des répertoires classiques et contemporains
Lors du festival en été, à Prades, les pièces de jeunes compositeurs furent données souvent en introduction ou au cours d’un concert genre « schubertiade ». En effet c’est l’assemblage amical des musiciens qui préside au choix du programme depuis toujours dans ce festival, les couleurs obtenues sont un ciment d’unité. L’ambiance de ruche du festival (dans le même collège élèves de master class et concertistes travaillent mille quatuors) favorise ce métissage dans l’esprit des auditeurs. Les pièces contemporaines y sont aussi liées à la thématique générale : l’été dernier, ce fut « Mozart », et l’on entendit par exemple une « Disco Toccata » de Guillaume Connesson liée à l’humour chez Mozart, et un « Weeps and Ghosts » pour Célesta de Jan-Erik Mikalsen en complément des pièces de Mozart pour cet instrument. `
Séparation parisienne des répertoires classiques et contemporains
Quand Prades vient à Paris, aux Champs-Élysées, pour présenter ses choix en la Capitale, même si Michel Lethiec colore ses concerts par un thème (cette année "Schubert"), le but suprême d'être une vitrine des engagements du festival l’emporte et dispense de tout prétexte, du moins pour la partie moderne. Aussi opte-t-on pour une séparation que l’on veut pédagogique et attrayante. A 18h30 on donne donc un petit concert conférence « hyper neuf » et actif, en apéritif au grand plat de 20 heures : concert « super XIXème », plus passif dirait-on .
Pour attirer par une sorte de rituel de la parole, Michel Lethiec vient présenter longuement les œuvres classiques du grand concert de 20 h, puis il tourne son focus dans un « à rebours » radical sur la préoccupation présente du petit concert:l’œuvre contemporaine. Les trois micro concerts sont fort heureusement variés dans leur présentation. Pour l’œuvre de Krystof Maratka, ce fut une interview. Pour celle de Marc-André Dalbavie, une analyse détaillée du musicologue et altiste Vladimir Mendelssohn. Pour celle de Thorsten Encke, un exposé candide des thèmes de l’œuvre (sophistiqués !) par le compositeur lui-même.
On peut s’imaginer que la conférence sur les œuvres classiques peut avoir des fans attirés par la chaleur humaine et la soif de connaissance, on peut supputer que ces curieux-ci ont le potentiel de devenir des convaincus du futur, qu’ils sont plus disposés à recevoir. On peut aussi apprécier, par contraste, l’aspect hiératique du grand concert du soir,en entrant sans préparation dans la pièce à la seconde où les lumières s’éteignent. Cette formule dispense pourtant les paresseux de venir à 18h30 entendre le plus difficile, le plus stupéfiant – et de fait la salle va du simple au triple entre 18h30 et 20h. Ils ont tort ! On s’ennuie moins à écouter les plus jeunes que certaines longueurs (langueurs) du XIX ème siècle…
De Bach à la musique contemporaine : humanisme de Casals
Or être un précurseur dans le retour aux sources, secouer les poussières des traditions erronées, participe de la même curiosité que s’engager dans la modernité. On ne s’étonnera pas que Casals soit aussi moderne dans son enseignement. Il demande que l’on soit libre au violoncelle pour les mouvements corporels, il rejette la tradition de faire travailler les élèves avec des livres sous les coudes pour garder soi-disant un maintien des bras près du corps.
Quand dans son exil protestataire contre l’acceptation tacite de l’Europe de la dictature Franquiste, on vint le chercher là où il méditait, pour qu’il jouât de nouveau - bien sûr hors d’Espagne où il ne voulait plus mettre un pied, hors de toutes les capitales, comme il l’avait promis, mais simplement à Prades où il vivait - son premier geste fut d’inaugurer son festival par les œuvres de Bach. Mais dès le début il voulut défendre la création et nombre de compositeurs lui doivent leur diffusion.
Le concours de composition de Prades
C’est pourquoi Prades possède un concours de composition pour musique de chambre où la présence du violoncelle est obligatoire. Son jury est prestigieux, jury composé d’instrumentistes, (certes versés en composition) comme Vladimir Mendelssohn, choisis pour juger de la faisabilité – car les compositeurs ont souvent des rêves abstraits – mais aussi jury composé de compositeurs prestigieux comme Penderecki.
Mélange catalan des répertoires classiques et contemporains
Lors du festival en été, à Prades, les pièces de jeunes compositeurs furent données souvent en introduction ou au cours d’un concert genre « schubertiade ». En effet c’est l’assemblage amical des musiciens qui préside au choix du programme depuis toujours dans ce festival, les couleurs obtenues sont un ciment d’unité. L’ambiance de ruche du festival (dans le même collège élèves de master class et concertistes travaillent mille quatuors) favorise ce métissage dans l’esprit des auditeurs. Les pièces contemporaines y sont aussi liées à la thématique générale : l’été dernier, ce fut « Mozart », et l’on entendit par exemple une « Disco Toccata » de Guillaume Connesson liée à l’humour chez Mozart, et un « Weeps and Ghosts » pour Célesta de Jan-Erik Mikalsen en complément des pièces de Mozart pour cet instrument. `
Séparation parisienne des répertoires classiques et contemporains
Quand Prades vient à Paris, aux Champs-Élysées, pour présenter ses choix en la Capitale, même si Michel Lethiec colore ses concerts par un thème (cette année "Schubert"), le but suprême d'être une vitrine des engagements du festival l’emporte et dispense de tout prétexte, du moins pour la partie moderne. Aussi opte-t-on pour une séparation que l’on veut pédagogique et attrayante. A 18h30 on donne donc un petit concert conférence « hyper neuf » et actif, en apéritif au grand plat de 20 heures : concert « super XIXème », plus passif dirait-on .
Pour attirer par une sorte de rituel de la parole, Michel Lethiec vient présenter longuement les œuvres classiques du grand concert de 20 h, puis il tourne son focus dans un « à rebours » radical sur la préoccupation présente du petit concert:l’œuvre contemporaine. Les trois micro concerts sont fort heureusement variés dans leur présentation. Pour l’œuvre de Krystof Maratka, ce fut une interview. Pour celle de Marc-André Dalbavie, une analyse détaillée du musicologue et altiste Vladimir Mendelssohn. Pour celle de Thorsten Encke, un exposé candide des thèmes de l’œuvre (sophistiqués !) par le compositeur lui-même.
On peut s’imaginer que la conférence sur les œuvres classiques peut avoir des fans attirés par la chaleur humaine et la soif de connaissance, on peut supputer que ces curieux-ci ont le potentiel de devenir des convaincus du futur, qu’ils sont plus disposés à recevoir. On peut aussi apprécier, par contraste, l’aspect hiératique du grand concert du soir,en entrant sans préparation dans la pièce à la seconde où les lumières s’éteignent. Cette formule dispense pourtant les paresseux de venir à 18h30 entendre le plus difficile, le plus stupéfiant – et de fait la salle va du simple au triple entre 18h30 et 20h. Ils ont tort ! On s’ennuie moins à écouter les plus jeunes que certaines longueurs (langueurs) du XIX ème siècle…
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