On trouvait déjà à Cagnes-sur-Mer la plus belle collection française d’œuvres arméniennes à la « Maison du Souvenir Roupen Sévag ». Autour d’elle, des prêts de musées prestigieux (centre Pompidou) ont permis cette exposition virtuose dans le cadre de l’année « Arménie mon amie » parrainée par les présidents Chirac et Kotcharian. Tous les courants de peinture du XX° siècle sont traversés par une seule âme. Solitude du poète arménien en face de paysages silencieux, déshumanisés, sous une lumière directe, souvent d’un aplomb brûlant. En ouverture des « marines » de nuit (Chabanian) nous plongent déjà dans le sublime dangereux. Eclate vite la couleur aveuglante de l’Orient dans une foule de peintres néo-impressionnistes ou fauves (Katchadourian). Surgit le Mont Ararat (Alhazian, 1920), aux grands aplats francs comme l’Arménie. Dans la plaine, devant ce géant, une petite église. Cet isolement devient pierreux et anguleux dans la version d’Hagopian (1984), surdimensionné et angoissé chez Jansem (2001). On le croirait surgi de l’Antiquité avec « l’Olivier » de Mikhitarian. Une méditation qui tourne au cauchemar pour les rues mortes d’Erévan (Koupetzian puis Eghiazarian, qui les hantent d’une procession de Saints fantômes) ou le « port de Rêve » de Corzou. Emotion quand une petite fille marche perdue dans un village (Arakelian) ou quand une femme (Ihmalian), entre Orient et Abstrait, nous regarde en face. A l’étage - après la modernité (le rythmique Arabadjian) ou l’étonnant « carrefour caucasien » d’Hamalbachian qui transforme les icônes byzantines en pop-art - Orient, couleurs, lumière et solitude se résument dans le génie unique de Sarian : « Chien courant – chaleur d’été ».
Cagnes-sur-mer, musée du Château
Cagnes-sur-mer, musée du Château
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire