jeudi 22 mars 2007

Norbert Pastor, un amateur perspicace

Norbert Pastor, médecin collectionneur, passionné du rapport à l’humain, après avoir suivi trente ans durant des artistes confirmés ou émergeants, a ouvert voilà un an une galerie ensoleillée, ambiance amicale, où se pressent tous les amateurs d’arts contemporains. Aujourd’hui accrochage de groupe. Dans le premier espace, fait d’abstraction et de rythme, les couleurs nous accueillent sur la thématique de la pratique de la peinture : trois artistes, d’ailleurs en actualité sur Nice (Mamac et galerie des Ponchettes) y sont mis en avant. Marc Chevalier, avec du ruban adhésif sur châssis, parle de peinture sans en utiliser une goutte. Cédric Teisseire fait déborder du tableau sa peinture sucrée en la froissant ou en utilisant la seringue. L’œil s’intrigue de la robe de mariée fantomatique d’Anne Gérard, délimitée par les seuls contours blanc sur un support maculé non vierge. Déjà se profile une expressivité émotive de l’exposition. Au sol, les sculptures de Martin Caminiti ajoutent une musicalité certaine que l’on a surtout admirée pour l’heure avec la machine à fleur faite de cannes à pêches et de cadres de vélo, fragile comme le vent. Dans l’espace suivant, le travail est plus figuratif tout en donnant une épaisseur presque abstraite à la matière, d’emblée vecteur de joie et douleur. Il en est ainsi du corps de femme de Gérard Serré, mais aussi du boeuf écorché de Caroline Challan-Belval, qui s’intéresse aux lieux d’industrie, ici les abattoirs de New York. Une toile expressionniste de Jacqueline Gainon, « portrait d’après », nous scrute avec une telle terreur qui trouve un écho dans l’un des portraits de Jean Louis Kolb, portraits intenses par l’usage du pigment. Cette gravité est égaillée par les grenouilles en céramique de Jacky Coville. Le dernier espace est dévoué aux pulsions érotiques avec de délicats et matissiens dessins qui font étrangement vibrer d’exotisme les estampes abstraites de Gérard Serée. Enfin la force sexuelle et brute des scènes mythologiques rouge et noir, « nuits primitives », de Patrice Giuge. Une exposition forte.

Nice, galerie Norbert Pastor

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