Vendredi 19 mai au matin, Paul-Emile Fourny, directeur de l’Opéra de Nice, et Marco Guidarini, directeur musical, présentaient la nouvelle saison du Théâtre niçois, à la Diacosmie, grand bâtiment à la périphérie de Nice où ont lieux répétitions des musiciens et des danseurs, et constructions des décors.
La diacosmie, usine à création
Conférence de presse de l’opéra de Nice en forme d’exploration guidée dans les coulisses des œuvres en préparation. Dans l’immense vaisseau, sur la route de Digne, l’activité bat son plein. C’est le lieu où, d’une passerelle suspendue dans l’immense salle, le concepteur admire son décor, tandis qu’à un autre étage, l’orchestre répète le prochain opéra à l’affiche, Ariane et Barbe Bleu sous la lumière naturelle des grandes baies vitrées. Dans la pièce à côté, le ballet s’exerce. Plus haut, on tapisse, on peint, on moule le plâtre, on coud les costumes qui iront jusqu’aux Chorégies d’Orange… mais au centre du bâtiment, le podium de la conférence de presse, entouré de deux morceaux des décors du dernierAïda marque le lieu de la présentation. Les invitations ont conquis une foule attentionnée. Voici une conférence bondée de monde, qui mêlait élus, chanteurs et musiciens, membres de l’association des amis de l’Opéra et amateurs passionnés. « Je n’ai jamais vu une conférence de presse attirer autant de monde, c’est vraiment l’amour de l’opéra ! », s’exclame le Docteur Frère représentant du Conseil Général.
Des engagements audacieux couronnés de succès en 2006
Le point fort du bilan de la saison qui s’achève est évidemment ce succès confirmé par un public conquis, venu nombreux pour une saison où l’opéra français était à l’honneur, pari qui tenait au cœur de Paul-Émile Fourny et se conclue fin mai, par Ariane et Barbe-bleue de Paul Dukas. Ce furent les représentations autour du cycle consacré à la figure de l'écrivain belge Maurice Maeterlinck, de Pelléas et Mélisande de Debussy et bientôt, Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas. La thématique ardue nécessite un retour, comme une jachère, à un répertoire plus classique pour 2006/2007, pourtant lui aussi riche en surprises audacieuses, en engagements éducatifs, comme on le verra.
Autre point fort : l’engouement pour les concerts délocalisés dans la ville, notamment au musée Marc Chagall et l’esprit de l’ensemble « Apostrophe » que souligne son initiateur, le chef d’orchestre Marco Guidarini. Expérimental, ouvert à des compositeurs modernes tels Dallapiccola et Messiaen, il stimule l’attention du public hors des sentiers rabâchés. Il réussit aussi un équilibre enviable de tout directeur artistique : faire apprécier les terrains inconnus dans de petits concerts, tout en jouissant du répertoire célèbre avec l’orchestre de l’Opéra. Cette réussite permet à la Ville et au Conseil Général de s’engager dans la construction prochaine d’un auditorium, où Marco Guidarini souhaite développer de nombreuses activités pluri-artistiques.
Troisième point fort : le rayonnement international de l’opéra de Nice qui collabore non seulement en France, avec Montpellier, Orange, Toulon, Avignon mais surtout à l’étranger, avec les maisons d’opéra de Wallonie, New-York city Opera, Buenos Aires, Bilbao, Bologne, Trieste, les pays de l’Est avec, en Slovénie, Maribor, au Liban, Balbek, et Tel Aviv en Israël et encore Hong Kong … la baguette de Marco Guidarini est certes très appréciée. Les mises en scènes de Paul-Émile Fourny, ses idées de productions, sont le grand vecteur des collaborations ici et là, établies. Enfin Nice a permis des prises de rôles par de grands chanteurs, comme le Werther de Villazon, et surtout c’est à Nice que Nathalie Manfrino a pu s’exprimer et obtenir ensuite, sa distinction aux Victoires de la Musique.
Une nouvelle saison marquée par l’audace
« Norma » de Bellini, coproduction slovène, ouvre la saison nouvelle sous la direction de Fabrizio Maria Carminati avec une mise en scène de Paul-Émile Fourny, décors de Poppi Ranchetti ; Maria Alessandra Rezza sera Norma.
« Don Pasquale » de Donizetti permet une prise de rôle par Marc Barrard, direction musicale de Sergio Monterisi, mise en scène de Claire Servais.
Pour les fêtes de fin d’année, Nice (en compagnie d’Avignon) propose l’opérette trop peu donnée en France, de Lehar : le « Pays du sourire », dirigé par David Heusel, mise en scène de Paul-Emile Fourny, et le concours des ballets de l’Opéra dans une chorégraphie de Eleonora Gori.
« Cosi fan tutte » dirigé par Marco Guidarini, production de l’opéra Royal de Wallonie, prolonge l’année Mozart avec, entre autres, Nathalie Manfrino (Fiordiligi) et Jean-Philippe Lafont (Don Alfonso).
Une création mondiale prolonge l’esprit de découverte et d’innovation des années précédentes (on se rappelle l’expérience du « Chemin des Abeilles » dont le livret fut écrit par des classes d’école). Ce sera « Sans Famille », célébre roman qui n’avait pas encore connu les honneurs du chant. Jean-Claude Petit en compose la musique sur un livret de Pierre Grosz. Il dirige lui-même et Paul-Émile Fourny fait une fois de plus la mise en scène, Frédéric Pineau les décors, Barry Collins la chorégraphie du ballet. De grands artistes lyriques participeront à cette création dont Jean-Philippe Lafont, « tous passionnés par cette expérience nouvelle ».
Autre choix qui comble une attente, non pas tant audacieux que nécessaire par l’existence à Nice d’un réel public pour le répertoire ancien : retour de l’Ensemble Baroque de Nice à l’opéra dirigé par Gilbert Bezzina qui collabore, comme pour la « Rosmira Fidele » de Vivaldi (il y a trois ans) avec Gilbert Blin pour la scénographie. Au programme Haendel : « Teseo », chanté par Jacek Lazckowski qui sera entouré notamment de Pascal Bertin, et Damien Guillon.
Notons, la « Vedova scaltra » de Wolf-Ferrari qui est une production de l’opéra de Montpellier. Marco Guidarini dirigera, et René Koering mettra en scène.
Avec « Nabucco » (incarné par Franck Ferrari), le Théâtre niçois achève sa nouvelle saison. L’Opéra répond au vœu du Comité Garibaldi de la ville de Nice car 2007 permettra de célébrer le héros de l’Unification Italienne dont Giuseppe Verdi fut proche.
Petit aperçu des nombreux concerts
De nombreux concerts seront les autres étapes d’une riche programmation : ils iront de l’inauguration du nouveau conservatoire de Nice aux journées « C’est pas classique » du Conseil Général, du Gala de la femme (un acte entier de la Traviata), au festival Manca (œuvres de Dutilleux, Carter, Scelsi), sans omettre le Printemps des Arts de Monte-Carlo (Bartok). On entendra, pour sortir des sentiers battus, Britten, Elgar, Chausson, Bernstein, De Falla, Chabrier, Fauré, Honegger ; en plus du concerto n° 2 de Chopin et des Cantates de Bach, une symphonie de Chostakovitch et une autre de Mahler… Les ballets danseront Stravinsky (Pulcinella) en plus de l’opérette de Lehar et de la création « Sans Famille ». Mais il saura se déhancher aussi sur Piazzola et achèvera sa saison avec « Zorba le Grec » de Mikis Theodorakis. Le jeune public ne sera pas écarté, loin de là, des activités de l’Opéra, comme en témoignent les actions menées dans le cadre d’Opéra junior.
Actions dans la ville : l'Opéra hors les murs
Soucieux de pérenniser ses activités rayonnantes, l’Opéra continue d’investir la ville de Nice dans des lieux proches des publics de quartier. Ce chantier aboutira ainsi à la future fondation d’un auditorium.
Emblématique de cet esprit « hors les murs ». L’ensemble Apostrophe jouait Dallapiccola samedi soir au Musée Chagall de Cimiez. Les ballets performaient au centre socioculturel du Forum Nice Nord, ce dimanche. Comme il est remarquable de voir l’Opéra solliciter une grande salle dans un quartier décentré et moins élitiste que le bord de mer. Souhaitons d’autres initiatives dans ce sens.
Une conférence est un prétexte aux bilans. Il en est un, en forme d’hommage. Le départ la saison prochaine de Marc Ribaud, directeur de la danse, nous donne l’occasion de saluer le travail effectué. En guise d’applaudissement, soulignons la performance dans le cadre de la saison qui s’achève de trois créations : « M… comme Mozart », chorégraphiée par Julio Arozarena accordant la musique du divin Amadeus aux rythmes et harmonies suaves de l’Amérique du Sud (une Reine de la Nuit se fait voler la vedette par une colorature cubaine et les danseuses s’en amusent avec l’hautaine prestance du tango) ; « News », chorégraphiée par Paolo Nocera, plein de vigueur autour d’un fauteuil et d’un écran de télévision géant ; enfin, « Lunedda », sur une musique baroco-ethnique, avec de robes en coton sauvage, tendrement chorégraphié par Bérangère Andreo. Le travail de Marc Ribaud, à Nice Nord, comme à l’espace Magnan (Nice Ouest), a su séduire et attirer un très large public, des banlieues jusqu’à la salle de l’opéra. Qu’il en soit félicité !
Toutes les informations de la nouvelle saison de l'Opéra de Nice sur le sitewww.opera-nice.org
Crédit photographique : © service de presse de l'Opéra de Nice
Légende : Marc Ribaud , Directeur de la Danse
Docteur Alain Frère - Conseiller Général
Paul-Emile Fourny - Directeur général de l'Opéra
André Barthe - Adjoint au maire délégué à la Culture
Marco Guidarini - Directeur Musical
Annie Claux - Conseiller Municipal
Thierrry Martin - Directeur central de la Culture.
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