Plus que jamais soleil, mer et musique classique font bon ménage. Suite et fin de notre périple estival sur la côte méditerranéenne. Un foisonnement d’initiatives musicales qui ne passe pas inaperçu. Le recueil agenda « Terre des Festivals 2005 » recense près de 322 événements en région PACA. Et encore, la liste n’est pas exhaustive. Plus intéressant dans les Alpes-Maritimes, il y a certes l’esprit « Riviera » : paillettes, champagne, robes du soir et costumes guindés. Il y a surtout une nouvelle scène qui aux côtés des artistes de renommée mondiale, aide à la création, soutient les jeunes avec un résultat d’une haute perfection.
XXXe Nuits Musicales du Suquet, Cannes.
Sur le promontoire de Cannes, appelé le Suquet, à l’emplacement de la vieille ville, nous assistions à trois concerts des Nuits Musicales dont le directeur artistique est Gabriel Tacchino : « un jour qu’il vint sur le parvis de l’église, une mouette s’est posée sur son épaule : Gabriel y vit un présage et décida d’y fonder le festival » dit avec humour le présentateur.
25-VII-2005. Récital du pianiste Nikolaï Lugansky.
Leçon d’hypnose
On ne présente plus Nikolaï Lugansky, star du piano. Intéressons-nous donc à l’instrument sur lequel il a joue. Un Steinway qui semble être le même que celui de Keith Jarrett dont le concert d’Antibes était la conclusion du premier volet de notre « évasion » sur la côte. Le facteur de piano, Coquelin, quoique détenteur d’un queue entièrement couvert des signatures des grands jazzmen, entretient le mystère : « pour Keith, je donne toujours mon meilleur vin. Pour Cannes, c’est un piano totalement voué au jeu classique, mon meilleur piano ». Mais combien de meilleurs Steinway possède cet homme ?
Le cadre où se trouve le piano est une estrade devant un grand mur de pierre concave comprenant la façade de l’église à droite, un corps de logis, une tour sarrazine : ces pierres sont, comme celles d’Antibes, un entassement médiéval des éléments arrachés aux anciens temples antiques du promontoire afin de se protéger des ennemis. Un voile transparent au- dessus de la scène, très design, rabat le son et le répercute jusqu’aux gradins accolés aux remparts de la placette.
D’emblée la sonorité imaginative du pianiste s’impose. Invitation au voyage, évasion dans les raffinements du son, plaisir de la délicatesse. Ses références esthétiques se rapproche de l’esprit 1820… d’ailleurs Lugansky dans les sonates de Beethoven cherche a reproduire sur piano moderne l’illusion du piano-forte. Ici, la pédale forte est très peu usitée. Ce qui n’est pas le cas de sa sœurette, l’una corda. A la manière des clavecinistes, Lugansky fait toute résonance avec ses doigts : il surlie, il détache, c’est un legato nouveau ; une phalange très mesurée ; mille couleurs surgissent, la beauté s’exprime, celle du toucher et de la musicalité. Ce style incisif, transformant un Steinway en Walter 1790, restitue au Beethoven des premières sonates, sa particulière écriture de quatuor à cordes, aux registres bien découpés. Ainsi Lugansky propose mille nouveautés dans un répertoire ailleurs, usé par la répétition, toujours là où on ne l’attend pas, toujours fin, cependant que la dramaturgie des œuvres (humour de la XVIe sonate ; tempête shakespearienne pour la suivante) explore d’autres pans insoupçonnés. Jamais on avait entendu des récitatifs dits à mi-voix de cette manière, ni un final de la tempête si rêvé et si amoureux : Lugansky sera bientôt l’un des plus grands interprètes de Beethoven.
Mais le clou de la soirée devait être le Prélude, Choral et Fugue de César Franck. Un thème cyclique qui demande une fluidité wagnérienne et une limpidité pré-fauréenne. Souvenez vous, symbole du vent toscan pour Visconti (Sandra), ce thème vogue sur de très hauts arpèges. On en profite pour dire que l’œuvre n’est pas une adaptation gauche au piano de la pensée d’un compositeur organiste (grandes octaves de la basse, polyphonie…) mais simplement un hommage aux sonorités de l’orgue sublimées par une somptueuse écriture, parfaitement appropriée à l’instrument à marteau : c’est ce que nous dévoile Lugansky, comme tantôt il le fit pour l’écriture orchestrale de Beethoven. Décidément Lugansky éblouit. Par son étude et sa maîtrise du son ! Pas une démonstration de force mais une recherche intime : les pyrotechnies de Rachmaninov sont choisies dans ce sens, un peu décoratives. Pour un peu, on ne se rendrait pas compte qu’elles sont redoutables. On ne s’étonne pas que le bis choisi soit une berceuse et enfin le ter, la douce et injouable étude de Chopin aux redoutables tierces ailées !
26-VII-2005. Richard Galliano et le septet « Piazzola for ever » : Avec Richard Galliano, accordéon, bandonéon ; Alexis Cardenas et Sébastien Surel, violons ; Jean Marc Apap, alto ; Henri Demarquette, violoncelle ; Stéphane Logerot, contrebasse ; Hervé Sellin, piano.
Piazzola version Galliano
Ce n’est pas pour rien qu’il n’y avait que des hommes sur scène. Non pas que la musique d’Astor Piazzola soit sexiste, mais tel est l’esprit de l’interprétation de Richard Galliano. D’abord on devine une conception de l’amitié dans l’esprit sud argentin, une culture des affinités mâles. Cela allait de paire avec les chemises noires ouvertes sur les torses, la montre chromée du chef et le chrome même de l’accordéon ou du bandonéon, très années 30. C’est un peu la nostalgie du temps de la prohibition. Ensuite tout le spectacle est dans l’exploit, dans le jeu ritualisé comme une tauromachie. Le premier violon prend des allures tsiganes en produisant ses phrases portugaises. Comme l’altiste, comme Galliano, il joue sans partitions.
Ce qui marque immédiatement, c’est le son « Galliano ». Admirable malgré la sonorisation exécrable qui faisait presque saigner les oreilles. Quelqu’un du public le clame : Richard Galliano répond avec toute la générosité de son caractère et demande que l’on baisse le volume. D’ailleurs il anime le concert, présente les pièces, précise que son bandonéon fut déniché par son père à Cannes. L’instrument « retrouve, tout ému, ses origines ». Dommage que la sonorisation atténue un peu le « côté boisé » de ce quintette à cordes, c’est-à-dire atténuait le bruits des bois : les caisses utilisées en percussion, la partie antérieure des cordes utilisées en grincement… Tout cela se transformait dans les amplificateurs en « criquets ». Reste que l’immense force percussive du jeu des instruments, de la contrebasse au piano en passant par l’accordeon de Galliano, est à couper le souffle.
Le programme ratisse large. Sont abordés « tous les tubes » dont « for ever » de Piazzola, Dans ce concerto pour bandonéon, le langage post-romantique fait la base du discours. Contre toute attente, Galliano joue seul le célèbre Libertango. Et pour bis, il interprète l’une de ses propres pièces New York tango, en disciple de Piazzola. Dans son thème tendu, par l’ostinato post-années soixante-dix, y surgit en filigrane un soupçon de Phillip Glass ou peut être tout simplement du Galliano pur, sa personnalité propre : cette force rythmique qu’il insuffle à tous son orchestre comme à son écriture personnelle.
30-VII-2005. Deux, trois, quatre claviers de Bach
Comment mettre en scène l’orchestre de la fondation Pleyel dirigé par Maria Tarditi et quatre célébrités du clavier, Jean-Philippe Collard, Marc Laforêt, Bruno Rigutto, Gabriel Tacchino ? « Avec quatre demi queue prêtés par la fondation Pleyel » nous répond l’accordeur, Coquelin (encore lui !). L’orchestre est derrière, manquant cruellement de contrebasses et faisant hurler les violoncelles en contre-partie. A plateau exceptionnel, dispositif complet : il y avait un grand écran contre le mur et une caméra quadruple : la caméra mère fait office de cerveau et téléguide trois autres yeux placés en angles : ils ballaient les quatre claviers et les partitions de l’orchestre. Un technicien mélomane aurait fait de ce spectacle, un amusement au diapason de la musique : on aurait voulu qu’il eût connu les œuvres et ne rate pas systématiquement les cadences de chacun pour filmer autre chose !
Le vent de Cannes, prémices aux bourrasques varoises, est malicieux et incontrôlable : il obligea les tourneurs de pages à improviser un véritable ballet, se levant et s’asseyant en même temps. Mais la plus belle anecdote est que les quatre pianistes pour le bis avaient revêtu le maillot des footballeurs du club cannois avec leur nom inscrit au dos. Les organisateurs en sont fans, en particulier Tacchino qui lance un ballon symbole du jeu de passe-passe inhérent à la musique démonstrative des concertos de Bach. Voyez dans tout cela une fédération des différents registres sociaux autour de la musique classique et une ambiance sympathique qui démontre que les lieux chics savent aussi s’amuser et être familiaux voire bon-enfant.
L’amateur quant à lui, fut exaucé : la poésie de la musique n’a pas manqué. Au menu des œuvres classiques : l’un des deux do mineurs à deux claviers, le ré mineur à trois claviers, le do majeur à trois claviers et le la mineur de Vivaldi transcrit par Bach à quatre claviers. Placés en rangée les pianos étaient à même de dévoiler les secrets du jeu domestique et aussi familial de la généalogie de Bach et de ses fils. Bach où Jean-Philippe Collard, tenait le premier clavier dans le concerto en ré mineur dont la paternité est aujourd’hui mise en doute. L’étrange sicilienne était émouvante : chaque fils de Bach y joue une mélodie solo à la Carl Philip Emmanuel tandis que le premier clavier, celui de Jean-Sébastien, quand c’est son tour de parler, déroule des diminutions fleuries dans le style des partitasou des variations Goldberg : c’est bien un dialogue du père et des fils. On retrouve le même jeu dans les cadences du do majeur : l’une est galante, l’autre purement virtuose pour les fils, une dernière intellectuelle et chromatique pour le père. Quant au spectacle des 4 ensemble, dans le Bach-Vivaldi : le jeu des pianistes en quatuor enchante ! La musique est redoutable, leur style s’uniformise par camaraderie, ils n’apportent cependant rien de nouveau dans l’interprétation. Ceux qui ont entendu ces pièces aux orgues ou aux clavecins regretteront la dynamique baroque. Les amoureux du legato admireront l’art de ces artistes à rendre par le piano et le forte les impulsions de la phrase. Quoiqu’il en soit, l’effet acoustique et la force percussive de ses œuvres à l’italienne (ne rejoint-on pas Galliano? Le swing de Bach ! ) permet aux pianos additionnés aux cordes de donner le même son que celui des instruments anciens, en particulier dans le dernier mouvement du do mineur ou le début du do majeur. N’entrons pas dans le débat de la ré appropriation d’un répertoire (qui n’a jamais cessé d’être joué) par les techniques plus récentes : on reprocherait vite au concert d’être trop année cinquante ! Il est connu de tous que Bach peut être joué sur tout sans perdre de sa beauté.
XVe Festival de Musique Ancienne de l’Escarene
27-VII-2005. Ensemble millenarium
le son profane des fêtes médiévales
Ce programme de musique instrumentale du Moyen-âge est rarissime. Au lendemain du bandonéon piazzolien, la sonorité de son ancêtre plus lointain se fait entendre : l’organetto. C’est un petit orgue d’un jeu avec un soufflé actionné manuellement. Cette action est expressive : cela lui permet de gonfler le son comme une flûte, son par ailleurs proche des bansuris, flûtes indiennes, jouées aussi dans le consortium. Le fait de relever le soufflé pour reprendre la respiration donne à cet instrument unevocalité exceptionnelle. Sa respiration est quasi humaine : il est normal qu’il accompagne la voix de son utilisateur. Il en est ainsi dans les portraits du grand Landini chantant et s’accompagnant lui-même de l’organetto au XIIIe siècle. Sa vocalité troublante lui permit d’être utilisé dans cette position particulière d’accompagnement par soi-même à la place de la flûte dont il est jumeau. Pour en jouer, il faut donc savoir chanter en particulier maîtriser son propre souffle. Deslignes qui fut flûtiste l’a compris : il en est un interprète hors pair. L’artiste fait de son jeu une danse corporelle, même s’il ne chante pas. La chanteuse quant à elle, « très médiévale », s’en acquitte à merveille. S’ajoutent une vièle, un oud ou un théorbe aux sons très graves et singuliers dans cet ensemble. Là encore comme pour tout concert de musique ancienne, l’exotisme des instruments choisis subjugue. En particulier les percussions qui sont nombreuses : crotales, bols, cloches, tambours. Les interprètes recomposent la musique, imitant les diminutions vocales de l’époque, improvisant comme du jazz, emportant le public dans une transe progressive. Une œuvre se distingue : les trois fontaines. Quelle pièce ! vénitienne ou byzantine, presque arabe ! A mi chemin entre la diminution occidentale et orientale. Pour combler, on harmonise des pièces sacrées. Hildegard Von Bingen est un sommet extatique : mais cette femme était vraiment l’un des génies de l’humanité. Elle marque à jamais le débat de la femme en tant que compositeur. L’orchestre recomposé grâce à un instrumentarium varié et plutôt convaincant, restitue le visage des musiciens et des ensembles d’alors. Issu d’une grande tradition oubliée, de structures sociales venues de l’Antiquité, l’instrumentiste médiéval n’a pas écrit sa musique ni pour la postérité ni pour Dieu. Il n’en fut pas moins savant, sans partition. Notre pratique actuelle lui doit beaucoup.
XVIIe édition de l’Atelier d’Art Lyrique, Gattières
03-VII-2005. Léos Janacek, la petite renarde rusée
Le pari réussi d’une pépinière de talents
A Gattières, on donne un opéra depuis 17 ans. Longtemps sur la place du village. Aujourd’hui, sur une esplanade à la très belle acoustique offrant une visibilité parfaite en hémicycle. Plusieurs fois l’opéra était suivi d’un colloque de psychanalyse sur les mythes abordés, telDon Juan en 2000 : mémorable. Depuis trois ans, l’association développe une action vers les jeunes en suscitant un atelier qui permet aux adolescents-musiciens de participer à un opéra. « Depuis trois ans, nous dit le Président, Maurice Jakubowicz, peintre et décorateur, nous avons décidé de faire de cette scène, un tremplin pour les jeunes de 15 à 17 ans qui ont un véritable talent musical. Recrutés dans les orchestres symphoniques des conservatoires, repérés dans les concours, dans les échanges comme cet année avec Moscou pour les violonistes, les jeunes ont la possibilité de participer à l’expérience d’un opéra avec un chef. Il en est de même pour les chanteurs, souvent au début de leur carrière, pour les danseurs. Nous faisons d’Opus un tremplin pour les intermittents du spectacle, une expérience et une joie de vivre.Le public averti n’est pas là pour juger, il est enclin à découvrir un renouveau des artistes. Si en plus le niveau musical est excellent, comme nous essayons d’en avoir l’exigence, c’est un bonus et tout le monde est content. » De son côté, le chef d’orchestre, Errol Girdlestone, ajoute : « Travailler un mois entier avec des jeunes c’est un plaisir extraordinaire, ils savent la partition par cœur et s’amusent de leur réussite, s’encouragent mutuellement. Le plurilinguisme n’a pas été facile !» Pour accompagner les dons musicaux, plusieurs coaches sont aussi présents : pour le chant, Catherine Gamberoni ; François Meyer, hautboïste solo de l’opéra de Nice et concertiste, formateur pour les vents ; Lane Anderson pour les cordes, ancien premier violoncelle solo de l’opéra de Monte-carlo et enfin Céline Giauffret pour la chorégraphie délirante des animaux, mélangeant le classique et les références télévisuelles.
Le résultat parle pour tous. Dans la fosse, les jeunes regardent le chef avec des yeux d’enfants produisant de leurs instruments des sons parfaits. L’orchestre sonne dans une transcription vraiment géniale. La clarinette y tient le rôle central souvent accompagné de l’alto. Les quatre violons jouent un autre motif en tierces dans l’aigu, tandis que le violoncelle, la contrebasse et les bassons assurent une basse raffinée. Superbe solo de la renarde amoureuse où les instruments se partageant le motif musical en touches impressionnistes ; compréhension sensible du langage de Janacek. Ici la jeunesse et le talent s’accordent. L’émotion est totale. Sur les planches, les chanteurs sont en revanche plus inégaux. Citons cependant la basse George Matheakakis dans le rôle du blaireau, Florence Recanzone dans celui du renard et surtout la protagoniste, Léa Sarfati, qui en plus d’une voix, impose une présence particulièrement adéquate pour l’espièglerie de la renarde.
L’autre grand talent est Grégory Cauvin, le metteur en scène. Imagination claire, tendresse à la Almodovar. Il écrit aussi des pièces de théâtre. Tout est juste, neuf, drôle et subtil. Pourtant avec si peu de moyens. Trois ans que ce talent de dramaturge s’offre au regard des grands professionnels à Gattières, trois ans qu’il y est ovationné et félicité par les musiciens des opéras qui viennent savourer l’expérience…
Palais princier de Monaco
07-VII-2005. Concert d’été du Philharmonique de Monte-Carlo
Bruckner par Janowsky
Ici le costume et la cravate sont de rigueur. La musique est chose sérieuse : le millier de personnes présentes dont Roger Moore, partagent ce plaisir élitiste d’être convié dans l’intimité princière, dans la cour du Palais monégasque. Parée de fresques comme une tapisserie, fenêtres aux proportions classiques (mais store modernes), tourelles toscanes et cheminée vénitienne (telle qu’elle n’existent presque plus dans la Sérénissime)… Devant la galerie d’Hercule (après avoir tué sa femme et ses enfants, le héros de l’Antiquité se fit ermite ici-même), les célèbres escaliers offrent une scène à gradins, idéale pour l’orchestre.
Arrive la jeune et belle Janine Jansen qui sur un violon mythique, un Stradivarius ayant appartenu au compositeur, joue finement de Mendelssohn, le Concerto. Beauté du son (on en attendait pas moins de l’instrument), pianissimos de miel, douceur et transparence du style : comme pour l’orgue de Saint Maximin (lire notre chronique), l’instrument était princier dans un lieu princier.
Surgit la musique de Bruckner. La puissance émotionnelle de l’orchestre désigne la maestria du chef, Marek Janowski, indiscutable meneur. Davantage qu’une figure de la direction musicale, c’est aussi un grand orchestre que nous découvrons ce soir. Il a donné sa mesure dans la montagne brucknérienne. Le thème principal est héritier du début de la neuvième de Beethoven. Philosophique, il est une puissance de la nature. Accord parfait (éclatante résonance harmonique !) bâti comme un thème de l’Or du Rhin de Wagner. Mais c’est aussi, dans sa ré exposition, un souvenir du tremblement de terre du début de la Passion selon Saint-Jean de Bach où les vents attaquent l’auditeur de toute part. Bach, Beethoven, Wagner : Bruckner relit et réinvente, gravement. Cette gravité vous touche perpétuellement. Et puis il y a cette force des couleurs, la magie des masses, ce scherzo étrange et grinçant et ce final que l’on croit nouveau mais qui est une gigantesque introduction au retour du premier thème. Bruckner avec son matériau simple est déjà dans le travail qu’accomplira Schönberg à l’aune du dodécaphonisme. Travail inépuisable, inépuisé, mais qui vous plonge dans des abîmes d’émotion.
Au dernier étage du palais, dans une pénombre bleue, une silhouette écoute dans l’intimité de chez soi, est-ce la princesse de Hanovre, protectrice du philharmonique ?
Crédit photographique : © DR
samedi 13 août 2005
Provence Alpes Côte d’Azur (2) : de Cannes à Monaco : promontoire, placette et palais
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