lundi 26 juillet 2010

A l'attention des évêchés du sud: propositions de création d'une association à la dimension interdiocésaine pour Formation des Organistes Liturgiques

PROPOSITIONS POUR LA CREATION D’UNE ASSOCIATION A LA DIMENSION INTERDIOCESAINE POUR LA FORMATION DES ORGANISTES LITURGIQUES & POUR UNE FUTURE MISE EN PLACE D’UN CERTIFICAT DES ORGANISTES LITURGIQUES DANS NOS DIOCESES DU SUD-EST DE LA FRANCE

PRELIMINAIRE : LE LONG TRAJET DE L’ORGANISTE POUR ACQUERIR L’ATTITUDE LITURGIQUE DANS SON AME.

« Comment mieux définir la tache de l’organiste liturgique ? » dit Claude Duchesneau dans la plaquette de l’ANFOL[1], toute neuve intitulée Orgue éveille-toi ! « il est celui qui, dans la célébration, crée le beau en fabriquant de l’utile. » Définir ce beau et cet utile demanderait des pages, mais primordialement, ce beau et cet utile demandent une attitude, celle d’être ministre au service de la liturgie.

Quelques extraits des propos du Père Barthez à l’Institut Catholique de Paris permettent de réaliser l’importance et la longueur du trajet allant du savoir-jouer au savoir-être de l’organiste :

« Le culte liturgique est l’intercession médiatrice, sacerdotale du Christ auprès du Père pour son Eglise et par son Eglise. Il reste le sujet propre et premier de la liturgie de l’Eglise. L’assemblée se constitue dans la célébration comme intermédiaire, en servant, célébration dans laquelle le Fils communique et donne sa propre relation au Père. Il nous faut ainsi tous nous insérer dans la glorification du Christ qui nous rend Dieu présent. Là se loge le ministère de la vie musicale dans l’Eglise. Le service, c’est la mise en présence sacramentelle du propre sacerdoce rédempteur du Christ. Ce sacerdoce opère une relation directe entre Dieu et l’Homme et donc la liturgie réalise en nous la relation du Fils au Père, elle l’effectue afin d’acquérir pour nous aux yeux du Père la conformité à l’image de son Fils, afin que le Fils soit le premier né d’un grand nombre de Frères, Rom., 8, 29.

Chacun participant à sa mesure au ministère, l’organiste, le chantre, la musique et le chant, sont ainsi fédérateurs de communauté. Une aide des individualités au passage en communauté. Combien avons-nous à le vivre ! Combien de batailles disparaitraient si nous savions nous situer comme ministres dans la propre activité du Christ lui-même. Puisque nous devons nous situer dans un ministère, notre tâche est de nous approprier le Sacrifice. Rappelons-nous ce que les prêtres, ces ministres ordonnés, disent in petto : « humbles et pauvres, nous te supplions que notre sacrifice se retrouve devant toi. » Aussi lorsque le culte liturgique est défini de la sorte, il ne peut jamais être le fait de quelqu’un d’isolé. Un engagement, un ministère n’isole pas ; s’il isole, il y a une faille. Le Christ n’a pas accompli son sacrifice comme individu isolé mais comme tête de l’humanité, et nous continuons tous en tant que tête de l’humanité nouvelle. Il nous a pas simplement rendu enfant du Père mais rassemblés aussi en tant que Frères. […]

Il y a un pouvoir qui est en la communauté sans être d’elle : ce pouvoir est celui que le Saint-Esprit déploie dans l’Eglise en réponse à sa Foi d’Eglise, la foi de l’ensemble des membres, se laissant rassembler par l’Esprit et se reconnaissant rassemblés par lui. Notre ministère, ce pouvoir d’agir est le fait de l’Esprit, il est dans l’Eglise sans venir d’elle. Cet agir fait exister l’Eglise en tant que corps et il ne peut être mis en œuvre que par la foi de l’Eglise entière. Nul ne met en œuvre ce pouvoir qui est dans l’Eglise s’il ne conçoit ce qu’il doit faire dans le cadre de l’Eglise. Entrer dans l’intelligence, au moins d’une manière intellectuelle, du projet de l’Eglise, est le devoir de l’organiste et du chantre. Ainsi Fauré, quoique agnostique, mais parce qu’il fut écoutant, est celui qui nous rappelle la parole de l’Eglise après une longue période de contre-sens sur le texte du Requiem. « Qu’est ce que l’Eglise veut dire ? Je vais essayer de mettre en musique ce que veut dire l’Eglise ». Voilà la question fondamentale que d’autres, parfois bien plus convaincus, oublient. »

La charte des organistes donne les règles pour adhérer au projet de l’Eglise.

Après avoir situé l’orgue dans le « dialogue permanent entre Dieu et les hommes » et insisté sur le long héritage culturel de l’orgue dont sont aussi héritiers les claviéristes des synthétiseurs modernes, la Charte des organistes place l’organiste comme serviteur de la liturgie : « même modeste ou peu expérimenté, il donne vie, bien mieux que toute musique enregistrée à l’action liturgique dont il perçoit ou prévoit le déroulement. »

L’organiste doit être accompagnateur du chant de l’assemblée, interprète des œuvres du répertoire et improvisateur : « il donne à la liturgie une dimension poétique nécessaire », notamment en préludant au chant et en prolongeant le chant par un postlude. Il est serviteur d’une communauté, agissant en concertation donc connaissant la liturgie et participant à la mise en œuvre. « Dans le cas des mariages et funérailles, il sait accueillir les familles pour l’élaboration du programme musical ». Avec l’affectataire, il participe à l’entretien de l’orgue, a son rayonnement culturel. Son recrutement, bénévole ou salarié, se fait « en concertation avec des conseillers musicaux et des membres des services diocésains. ».

Sa formation est musicalement « sanctionnée par un diplôme », liturgiquement et pastoralement prise en charge par « des services diocésains ». « Ces formations initiales doivent être régulièrement entretenues par des actions de formation ». « La communauté paroissiale se fait un devoir de participer au financement d’un complément de formation ». Il faut investir dans les jeunes, « il faut penser qu’une formation acquise servira ailleurs ». En contre partie, l’organiste veillera à la transmission de ses acquis, il peut être agent pastoral.

PROJET D’UNE ASSOCIATION DE FORMATION DES ORGANISTES LITURGIQUES POUR LA PROVINCE

Un moyen : créer un service fort de formation liturgique des organistes regroupant les diocèses du sud.

Une association loi 1901, qui aurait une approbation des évêques, pourrait se bâtir grâce à leur permission de recruter - à travers les antennes diocésaines de communication, dans le corps des chrétiens engagés - une équipe de bénévoles motivés pour la faire fonctionner. Cette association, soutenue par les diocèses, pourrait jouer un rôle fort pour la formation des organistes liturgiques. Elle trouvera vite, par sa taille et son action, un soutien de l’Association Nationale de la Formation des Organistes Liturgiques, l’ANFOL, à laquelle notre association pourra s’affilier. Elle sera alors à son tour un vecteur immense pour soutenir chaque diocèse dans la création d’un Certificat d’Organiste Liturgique.

Un but : le Certificat d’Organiste Liturgique dans chaque diocèse

Ce certificat, labélisé par les évêques, délivré par les Pastorales Liturgiques et Sacramentelles ou les Commissions Musicales des diocèses, pourra être une garantie de qualité liturgique des organistes pour les prêtres et les communautés qui le souhaitent. Nombre de craintes faisant abandonner les orgues disparaîtront ; nombre de tribunes muettes, faute de candidats qualifiés, pourront ainsi retrouver vie. Il ne s’agit pas d’en faire une obligation : mais les organistes informés et désireux de s’investir dans la liturgie s’y engageront volontiers.

Un nom, une structure pour cette association

Nous proposons comme nom AZURFOL : « Azuréenne de la formation des organistes liturgiques ». On peut aussi proposer FAZUROL : « Formation azuréenne des organistes liturgiques ». Mais le nom de AZURFOL semble s’inscrire dans la lignée de l’ANFOL et son antenne francilienne, FRANCIFOL.

Elle regrouperait les activités pour la formation des organistes liturgiques locales à chaque diocèse, parfois déjà existantes, avec en plus une rencontre-séminaire annuelle, centralisée sur Nice, faisant appel aux organistes et liturges nationaux, membres de l’ANFOL, du SNPLS, des Instituts Catholiques.

Elle fonctionnera avec une équipe de bénévoles se chargeant de structurer l’enseignement, les rencontres, de publiciser la formation. Les enseignants, eux, seront salariés ou bénévoles.

Les frais ne pourront donc pas dépasser un salaire raisonnable d’enseignants motivés ainsi que les frais d’organisation de la grande rencontre annuelle, parfois le défraiement du trajet pour aller aux cours locaux, quand les élèves organistes, ou la paroisse désireuse de formation, ne peuvent les assumer.

Contenu de la formation locale et provinciale.

Chaque diocèse, soutenu par l’association et la soutenant (en lui déléguant cette tâche), organiserait une formation locale. Une fois par an, un séminaire provincial proposerait un stage. Dans les deux cas l’enseignement serait le suivant :

Un enseignant pour sonner l’orgue : il faut en effet apprendre tout simplement à jouer la musique pour les bénévoles amateurs ; il faut tout autant apprendre à bien accompagner le chant, discipline nécessaire pour tous, y compris les professionnels qui reconnaissent avoir besoin d’apprentissage en ce domaine.

Un enseignant pour s’adapter à la liturgie : il faut apprendre à transposer pour suivre les voix des prêtres, de moins en moins connaisseurs en chant ; il faut apprendre à cadencer[2] les œuvres de toutes époques pour rester étroitement lié aux temps de l’action liturgique ; il faut apprendre à improviser pour rythmer la liturgie d’une aura poétique.

Un enseignant pour prier : il faut une connaissance des temps liturgiques, mais avant tout une connaissance de la liturgie ; il faut une conscience nette de sa posture de ministre et au minimum une « adhésion intellectuelle au projet de l’Eglise. ». Catéchèse et liturgie vont de paire dans cet enseignement.

Qui va payer la formation ?

a) Les paroisses

Selon la Charte des organistes, « de nombreuses paroisses, disposant d’instruments modestes, sont heureuses de bénéficier du concours d’un organiste. Si ses compétences sont inférieures à ce qu’on pourrait souhaiter, la communauté paroissiale se fait un devoir de participer au financement d’un complément de formation, en musique comme en liturgie, pas seulement par solidarité, mais par nécessité d’assurer l’avenir. Ainsi, elle montre sa reconnaissance pour les services rendus. La formation d’un organiste s’inscrit dans la durée comme toute formation permanente. Il faut envisager de telles actions de formation avec une perspective de service d’Eglise, particulièrement pour les jeunes. En effet, beaucoup trop de paroisses hésitent à investir dans la formation d’un jeune qui risque ensuite de partir s’installer ailleurs. Il faut penser qu’une formation acquise servira ailleurs ; il faut donc dépasser les réalités locales. »

b) Les dons

Le soutien des évêques à l’association est fondamental et fondateur en ce domaine. Car c’est par lui que l’association pourra faire appel, à travers les voies de communication diocésaines, aux dons qui doivent être exempts de contreparties : seuls ces dons pourront permettre aux paroisses sans moyens d’envoyer leurs organistes sans moyens en formation. L’appel à la solidarité et à la charité doit aider les églises qui se trouvent dans le dénuement et ont droit à la beauté liturgique.

Certes des concerts avec les enseignants et les élèves ne manqueront pas d’être organisés pour scander les progrès annuels et ce, pour la joie des donateurs, cependant le don doit être lui aussi envisagé dans une perspective de service d’Eglise.

FRANCIFOL, il est important de le rappeler, fonctionne par des subventions d’associations caritatives. Il y a donc lieu de repérer quels mouvements caritatifs pourront et seront désireux de soutenir les paroisses qui n’ont pas d’argent pour former leurs organistes. Une paroisse riche, bien dotée en organistes, peut aussi décider de contribuer à aider une paroisse pauvre de village à la formation du sien.

c) Les organistes qui en ont les moyens

Parfois, l’organiste, bénévole dans sa paroisse, sachant les difficultés financières de la communauté, apte à en supporter le coût, peut être amené à participer lui-même aux frais de bon cœur.

CONCLUSION SUR LA NECESSITE DE SE REGROUPER VIA UNE SEULE ASSOCIATION POUR LA FORMATION ET UN SOUTIEN DES EVEQUES POUR LA CREATION DU CERTIFICAT DES ORGANISTES LITURGIQUES DANS LEURS DIOCESES.

C’est le moment, après la création de la Charte des organistes, le succès du Certificat de Musique Liturgique que propose l’Institut Catholique de Paris, la laïcisation de l’enseignement de l’orgue dans les conservatoires, d’être unis dans une seule et même action. Cette action au service des églises et des organistes dans le Sud de la France, permettra de définir un seul interlocuteur : la nouvelle association. Il est important que cet interlocuteur soit fort et bien personnalisé, soutenu par l’ensemble des diocèses. C’est à lui que viendront les organistes quand ils ont besoin de savoir comment jouer à l’Eglise, quand ils ont besoin de vivre leur service dans l’intelligence de la Foi[3].

Une association structurée, forte, soutenue par les diocèses, et préparant à un Certificat proposé par les diocèses, voilà le but de cet exposé pour que les organistes participent de plus en plus et de mieux en mieux « à la présence sacramentelle du sacerdoce rédempteur du Christ ».




[1] L’Association Nationale pour la Formation des Organistes Liturgiques.

[2] C'est-à-dire faire des accords conclusifs à n’importe quel moment d’une belle pièce dans le style de cette pièce pour s’arrêterr quand l’action liturgique le nécessite.

[3] Et, espérons-le, pour la plus grande part, quand ils veulent participer dans leur ministère à la Foi même.

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