Enfant craintif, il fut frappé par le tracé nocturne d'un éclair. Sans le savoir, il y apprit l'urgence du geste, l'impact visuel de toute son oeuvre. Il griffonna sur ses cahiers d'écolier des oeuvres abstraites contemporaines de celles des premiers pionniers du genre. Puis il apprit les techniques de Rembrandt et de Goya, et comme peintre expressionniste, il était déjà parmi les plus grands, comme en témoigne son portrait à l'entrée de l'exposition. Pourtant il persista à vider la figure de son contenu pour faire surgir l'émotion d'un visage de clown par les seules ombres. En 1935 il désapprit tout pour redevenir subitement abstrait : aucune de ses oeuvres ne portera de titre. Il attendit l'après- guerre pour connaître la célébrité gardant pour lui plus de 3000 toiles, malchance qui devint une chance quand il créa sa fondation à Antibes.
Pour le mettre l'honneur ces Hartungs de Hartung, Maeght a littéralement vidé ses salles des fonds permanents (sauf un Bonnard, un Chagall, une belle sculpture de Bracques...), une salle trouble la rétine de flou vert, une autre de lumière jaillissant par gerbes de profonds noirs, formes énigmatiques, personnelles. Les petits formats préparatifs permettent de voir l'évolution d'Hartung qui fit sien le progrès des techniques du XX° siècle : son acrylique par exemple, plus belle que Warhol, ou quand, infirme et malade, il trouva une machine agricole pour jeter des tâches. Une vidéo fascinante nous montre le peintre utilisant des objets bizarres, grattants frottants, raclants, présentés en reliques juste sous cet écran. Par eux, Hartung ancre au plus profond de la toile l'oeil du spectateur.
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