Le théâtre de la photo participe à l’année de l’Arménie par le témoignage dur de quatre artistes. La beauté solitaire et pierreuse de cette terre tinte de noblesse chaque détresse, chaque horreur. Là des entrailles sous la main des médecins, là un soldat nu se lave sans déposer sa mitraillette. Ruben Mangasaryan isole une église détruite par le tremblement de terre de 1988, centre sur un enfant les impacts de tirs autour d’une fenêtre, arrête la marche innocente d’un accordéoniste qui sera mort la semaine suivante, montre les visages noircis d’une familles réduite à se chauffer avec des sacs plastiques (clichés finalistes aux grands prix internationaux de Reportage Humanitaire). Max Sivaslian hisse le capuchon esseulé d’un archevêque comme symbole d’une région, le Haut Karrabakh, martyrisée par les guerres sans obtenir son rattachement à l’Arménie. Six camps de détresse dévoilent leurs tendresses et leurs peurs dans une série qui porte le nom traditionnel des camps de concentrations soviétiques : « ils sont assis ». Karen Mirzoyan montre le dénuement de l’équipe de football arménienne qui se douche avec un tuyau d’arrosage et quelle triste maison est un château pour chaque enfant. Patrick Artinian part aux traces de Khatcher son grand père dont les années d’errances lors du génocide furent marquantes à travers les générations. Cent paysans révoltés sous la neige sont, malgré eux, une certaine beauté : expression d’une terrifiante épopée, âme d’un peuple et fierté du regard engagé des artistes.
Nice, théâtre de la Photographie
Nice, théâtre de la Photographie
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