jeudi 19 juillet 2007

Matisse : fertilité de la grenade

Le musée Matisse, fraîchement climatisé, beau et lumière, propose cet été une exposition bouleversante parce qu’elle nous fait entrer dans le cœur de la poésie de Matisse. Est recrée l’année 1947 à la Villa le Rêve à Vence dans une « rencontre » de deux œuvres, l’une actuellement à Düsseldorf et l’autre au musée de Nice. Des palmiers donnent sur la fenêtre, symbole des couleurs et des formes concentrées. Dans Intérieur Rouge, nature morte sur table bleue (l’œuvre invitée) le rouge est irradié de stries noires, flashs électriques. Incandescence qui annonce le chef d’œuvre de Nice, Nature morte aux grenades, où la lumière rouge devient noire, le ciel encore plus bleu. Placées au premier plan, les grenades dans leur orange nécessaire sont une essence vitale, comme les oursins de Picasso au musée d’Antibes. Fécondité, féminité, seins emplis de chair, Aphrodite, Vierge mais aussi Afrique du Nord et Méditerranée sensuelle, les grenades sont prolongées par de superbes toiles d’autres peintres fascinés, comme Desportes au XVIII° siècle. Arras, Lille, Valence, Bâle, Washington les ont prêtées, le Louvre une poterie de Corinthe, époque de Périclès : quatre grenades liées par un serpent. De grenades passionnelles, Matisse illustre encore, de la fleur jusqu’au fruit, les affres de la religieuse des Lettres portugaises. « Je vais en ce moment, dit Matisse, tous les matins faire ma prière, le crayon à la main devant un grenadier. Et je fais en sorte de rendre évidente pour d’autres la tendresse de mon cœur. »

Nice, Musée Matice

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