Concert de clôture de la saison niçoise de l’Ensemble baroque de Nice... en attendant la tournée de l’été.
La saison de Gilbert Bezzina a joué cette année encore la carte Vivaldi ; puis celle de ses émules : Veracini ; enfin, celle de ses contemporains : Pergolesi … Un « Combattimento » de Monteverdi fait une escapade vers le passé, au siècle précédent, le XVIIème ou Seicento ; un récital de clavecin en fait une autre vers l’Allemagne de Bach, mais le maître-mot est de soigner le plaisir du public et l’empathie avec l’architecture ligurienne des églises de Nice. Ce soir le punch est au rendez-vous. C’est du bon Vivaldi. Les choix de Bezzina sont judicieusement équilibrés. En ouverture, le concerto en si mineur pour quatre violons, original du concerto pour quatre clavecins en la mineur ... de Bach. Cette oeuvre avait déjà été entendue, et de manière spectaculaire, à quatre orgues il y a trois ans en compagnie du même orchestre. On fait vite la comparaison, l’original est génial, la copie plus magique encore, est de Bach.
Deux cantates présentent les solistes à chaque acte du concert. Damien Guillon, alto, a un matériel superbe et chaleureux, une agilité et une netteté indiscutables, des mélismes que la nature lui a donné en abondance. Faisons le vœu qu’il ajoute bientôt la force de l’émotion. Farinelli lui-même, au faite de sa gloire, travailla en ce sens. A vingt-cinq ans, c’est déjà une étoile qui monte. Marina Bartoli, pour sa part, possède un très beau timbre. La technique de la fixité vocale durcit les « forte » sans que cela soit désagréable ; la musicalité, la finesse des dynamiques et surtout l’instinct de la langue maternelle font d’elle une interprète de première qualité : une autre étoile sur le chemin des riches heures futures. Les choix de Bezzina, concernant les voix, sont tout autant judicieux.
Pour conclure les deux parties du concert, de grandes fresques sonores font appel au chœur Régional Vocal Côte d’Azur de Nicole Blanchi. Un « Credo », un « Magnificat » avec les deux solistes en feu d’artifice final. Absolument la meilleure chorale de voix blanches de la région ! Pourquoi ? Parce que Nicole Blanchi en musicienne rusée sait camoufler les défauts usuels et mettre en valeur les atouts. Le pupitre de basse est solide et bien équilibré avec le continuo. On peut d'autant plus en profiter ici, que fait rarissime, a contrario de ce que l'on entend souvent, l'orchestre n'écrase pas les assises des chorales. Les altos sont détimbrées mais, à découvert, les altistes laissent s’exprimer les voix les plus jeunes. Les sopranos sont trop nombreuses mais elles forment un son juste, doux, homogène, jamais elles ne forcent les nuances. Restent les ténors, sacrifiés comme il est d’usage, trop peu nombreux : vaillament, ils haussent la voix pour sauver l’équilibre. Que cette analyse inspire quelques bons amateurs masculins à rejoindre cette troupe ! Car la prestation mérite une ovation légitime pour l’engagement dans la prosodie latine, très chaloupée, alternativement appuyée puis aérée selon les mouvements de l’archet de Gilbert Bezzina, véritable baguette de chef. Du beau, du grand Vivaldi, sous le ciel Niçois !
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