lundi 1 mars 2010

Les séquences pédagogiques chez Bach : une lecture du Klavierbüchlein pour Wilhelm Friedemann Bach (version plus longue du commentaire)

Cette réflexion part d'une lecture d'un disque de Christophe Rousset sur ce livre fondamental. Espérons que l'article permettra de voir fleurir les éditions de tous les autres livres d'enseignement de Bach à ses élèves.

Réfèrences du disque :

Johann Sebastian Bach (1685-1750): Klavierbüchlein für Wilhelm Friedemann (1720). Christophe Rousset, clavecin Johannes Ruckers. 2 CDs Ambroisie, AMB 9977. Enregistrés au Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel du 25 au 27 novembre 2004. Prise de son : Nicolas Bartholomée et Koichiro Hattori ; direction artistique, Niclas Bartholomée ; montage, Jens Jamin. Notice multilingue de Gilles Cantagrel (anglais, français, allemand, très bonne). CD 1 43’14’’, CD2 61’07’’
La fraîcheur savante d’une œuvre pédagogique fondamentale

Un ouvrage pédagogique de l’œuvre de Bach, fondamental dans l’Histoire de l’Humanité et maltraité par l’histoire de l’exégèse du Kantor. Ainsi fallait-il attendre la Neue Bach Gesellschaft pour voir les pièces non expurgées par le souci d’authenticité, éditées par Bärenreiter (1978) dans la forme complète du recueil. Car ce Klavierbüchlein für Wilhelm Friedemann Bach (« petit livre de clavier pour W.F. Bach ») est plus qu’un ramassis de petites pièces inabouties ou inachevées, des miettes de la table du maître : l’ouvrage est symbole de sa philosophie même de l’éducation. Elle y figure comme une trace au crayon à papier, analysable, profonde. On lit ici les fondements de ses grandes œuvres, appelées toutes désormais de noms didactiques, tels la grande Klavierübung (Exercice de clavier), seul opus donné à l’édition imprimée (synonyme d’éternité), ou encore le Wolhtemperiert Klavier (« clavecin bien tempéré »).

Il faut rappeler que Bach était à lui seul une école, celle de ses maîtres, de ses élèves car pour lui l’œuvre d’art, l’œuvre de service et la transmission étaient une seule et même chose, une « Trinité » : éternel étudiant, éternel pédagogue, artiste employé. Il faut aujourd’hui savoir parler d’ « école de Bach », d’ « atelier de Bach » ou « d’œuvres de Bach et de son entourage ». Comme autour d’un Rembrandt, peu d’œuvres de ses élèves n’ont pas été retouchées et corrigées de la main du maître, parfois c’est cette main géniale qui les a guidé, d’abord entièrement, puis partiellement, enfin les a lâché. Il faut désormais abandonner la vision « XIXème siècle » d’un Bach isolé et inspiré. Il est temps que la Neue Bach Gesellschaft édite des volumes attribué au « Pseudo Bach » qui fassent la part des choses : tout un nouveau pan des « études sur Bach » attend les âges à venir.

Ce Klavierbüchlein est en effet une preuve magistrale de tout ce contenu philosophique ignoré. C’est d’abord, en guise de première étape pédagogique, des travaux guidés, où Bach écrit lui-même tout en laissant s’exprimer (à peine) son fils, soit dans l’aléatoire (mais raisonné) choix des harmonies pour des œuvres spécialement arpégées dans ce but, soit dans les compléments de passages laissés inachevés, généralement les fins, parfois les milieux. Puis avec les premières ébauches du Clavecin bien tempéré c’est d’abord l’intensification du travail harmonique pour aboutir à la démonstration de la beauté en musique quand visiblement Bach écrivit lui-même, s’accaparant l’autorité dans des sortes de cours magistraux. Enfin l’enfant écrit lui-même dans une nouvelle série de préludes dont le premier reprend le motif du premier prélude du livre. La main du fils est enfin lâchée. C’est ensuite un cours théorique sur une fugue débouchant sur une nouvelle étape de travaux dirigés, les futurs inventions à 2 voix, ici Preambula à 2, nouveaux préludes, cette fois-ci, supports de l’étude contrapunctique. Stötzel, Telemann, et, déjà, plus avant, Richter, amis de Bach, purent peut-être enseigner à l’enfant et laisser des traces d’eux-mêmes dans ce livre. Chaque fois le travail est autant harmoinique que mélodique, c'est la tradition de la suite dont chaque morceau reprend la trame du précédent dans une rythmique différente. Si l'oeuvre de Telemann est peu galante, c'est qu'elle avant tout dans la tradition de lenseignement. On peut aussi imaginer (assez gratuitement tout de même, mais pourquoi pas ?) que chaque fois que Bach va trop loin et qu'il craint ou affronte une crise de refus, un piétinement du fils, il fait appel à ses amis. En tout cas, leurs oeuvres jalonnent des fins de séquences pédagogiques. Pour finir, c’est le travail le plus difficile : l’écriture à trois voix, pénible, puisque la plupart des fantasies sont ici dans un état inabouti. On doit voir les fugues que plus tard Wilhelm Friedmann publiera précieusement, comme l'autre pan de cet apprentissage et peut être à cet étape, l'élève auvait débuté son propre livre où il écrivait ses propres oeuvres à côté de celui de l'enseignement du père. Il n'est pas rare dans les cours d'harmàonie que l'élève tienne deux cahiers. Et dans ce jeu d’écriture guidée ou de réécriture par l’élève, on a autant d’autres petits livres de disciples de Bach, sources précieuses pour les deux volumes du clavecin bien tempéré. Petits livres qui attendent eux aussi l’édition comme on la dit si véhémentement plus haut.


Christophe Rousset-élève de Bach qui achève les piècettes laissées en partie « vides », nous invite aussi à approfondir toute oeuvre inachevée de Bach en temps qu'éternel pédagogue. Par exemple, puisqu’il s’agit des vestiges émouvants des leçons reçues par le fils, la petite lacune d’une demi mesure à cadencer du Choral Jesu meine Freude, faussement inachevé puisque l’ultime phrase est nécessairement la reprise du début (que Rousset ornemente différemment et magnifiquement). Ou bien l'Allemande 2, que Christophe Rousset complète exactement dans les pas d’un Willhelm Friedemann Bach qui compléta sur le papier ce « vi-------de », capital pour l’histoire de la musique, écrit au dessus du milieu de l’Allemande 1. Car Bach laissa son fils seul, il revient une fois le travail fait, et le corrige certainement. N’est-ce pas émouvant de voir deux grands hommes en action et aujourd’hui trois, avec l’interprète !
Il faut surtout remarquer la toute première ébauche du premier prélude du Clavecin bien tempéré, écrite en accords verticaux. Ici l’initiative du choix est laissée au fils et à la discussion aléatoire et ce n’est pas encore le morceau que l’on connaîtra : d’autres séances ailleurs sur cette manne firent certainement naître le chef d’oeuvre mythique à venir qui fait désormais l’ambassadeur du génie humain dans l’espace.
Evidemment, Christophe Rousset a choisi pour débuter son disque, rien que pour le symbole, cette petite version de ce petit « travail d’école » devenu « Art suprême ».
Il faut surtout remarquer la toute première ébauche du premier prélude du Clavecin bien tempéré, écrite en accords verticaux. Ici l’initiative du choix est laissée au fils et à la discussion aléatoire et ce n’est pas encore le morceau que l’on connaîtra : d’autres séances ailleurs sur cette manne firent certainement naître le chef d’oeuvre mythique à venir qui fait désormais l’ambassadeur du génie humain dans l’espace.
Evidemment, Christophe Rousset a choisi pour débuter son disque, rien que pour le symbole, cette petite version de ce petit « travail d’école » devenu « Art suprême ». Il faut surtout remarquer la toute première ébauche du premier prélude du Clavecin bien tempéré, écrite en accords verticaux. Ici l’initiative du choix est laissée au fils et à la discussion aléatoire et ce n’est pas encore le morceau que l’on connaîtra : d’autres séances ailleurs sur cette manne firent certainement naître le chef d’oeuvre mythique à venir qui fait désormais l’ambassadeur du génie humain dans l’espace.
Evidemment, Christophe Rousset a choisi pour débuter son disque, rien que pour le symbole, cette petite version de ce petit « travail d’école » devenu « Art suprême ».

Pour conclure, dans ce livre, il faut surtout remarquer la toute première ébauche du premier prélude du Clavecin bien tempéré, écrite en accords verticaux. Ici l’initiative du choix est laissée au fils et à la discussion aléatoire et ce n’est pas encore le morceau que l’on connaîtra : d’autres séances ailleurs (on trouve bien des version dans les autres livres d'élèves...) sur cette manne firent certainement naître le chef d’oeuvre mythique à venir qui fait désormais l’ambassadeur du génie humain jusque dans l’espace. Evidemment, Christophe Rousset a choisi pour débuter son disque, rien que pour le symbole, la toute première petite version de ce petit « travail d’école », devenu « Art suprême ».

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Thanks for an idea, you sparked at thought from a angle I hadn’t given thoguht to yet. Now lets see if I can do something with it.

Cédric Costantino a dit…

who has writed this commentary ?