Adieux, aspirations et transition
Avant d’aborder ce que produit en ce moment le magnifique philharmonique monégasque, on voudrait dire ici deux mots sur le départ nostalgique de l’élégant Monsieur Walter Coomans, directeur de la programmation, lequel survécut quelques mois au départ en beauté du chef Marek Janowski pour les mémorables Gurrelieder de Schoenberg. C’était dans une soirée Bernstein exceptionnelle, tous les chanteurs étaient en chemises multicolores décontractées, ils entraînèrent au bis tout le public pour danser dans l’auditorium… Déjà, au tout début, très ému, l’homme des si belles programmations pour les années Janowski, remerciait jusqu’aux machinistes, car c’était un humble, un qui savait la valeur de tous. Les affaires culturelles de Monaco étaient présentes, Monsieur Rainier Rocchi fut lui aussi salué de Walter Coomans. Aussi, c’était sa fête, et l’on vivait tels les rythmes jazzés de Bernstein sous la baguette swinguée du non moins carrurée du Maître Wayne Marshall … Adieux émouvants donc. On se serait attendu à ce qu’un responsable si raffiné fût honoré d’une décoration pour son travail, mais la page était déjà tournée, à Monaco, on voulait résolument aller vers un chef d’orchestre jeune, une programmation moins ardue, on reconnaissait que le mérite de Marek Janowski fut d’élever très haut le niveau de l’orchestre tout en attendant une brise légère et plus italianisante.
Emotion romantique et plaisir pour cette année
Or la saison transitoire de cette année, belle et sous le nom « émotion depuis 1856 », propose, à l’image de la harpe en boucle d’oreille de l’affiche, une relecture des plus merveilleux classiques en compagnie de prestigieux invités, les plus brillants sous les feux de la rampe. Une année plaisir.
Qualité mais manque d’inspiration
Notre concert : loin d’être mauvais évidemment ! qualité et plaisir lui-même se sont invités indéniablement et plusieurs auditeurs ne virent que du feu … le feu jouissif avec au programme l’élégant Nikolaï Lugansky qu’on a eu l’occasion de critiquer pour Resmusica.com il y a quelques années. Même constatation : pianissimi ravissants, délicatesse extraordinaire et technique phénoménale. On peut même dire qu’il est le plus français de tous les Russes. C’est poétique, mais cela manque de poids, non pas simplement lorsqu’il s’agit de faire ressortir la force sarcastique d’un Prokofiev (merveilleuse capacité donnée à une Ludmila Berlinskaïa ou à un éreintant Denis Matsuev), mais aussi pour quitter l’esprit superficiel… Ce pianiste est trop doux. On ne peux qu’admirer la prouesse, l’élégance, la musicalité, en regrettant ce supplément existentiel, pourtant fil conducteur du deuxième concerto de Prokofiev. Ce pianiste était tout à fait à son aise dans les rêveries à la Caspar David Friedrich des années 1840 : l’intermezzo schumannien du Carnaval de Vienne, en bis ici.
Emmanuel Krivine, à la baguette, ne nous a pas plus convaincu. Dans l’ouverture « Le Corsaire » de Berlioz, était-ce la difficulté du compositeur à la première écoute ou le chef ? Est-on réellement emporté par le romantisme échevelé tout de convenance ? Pour la neuvième symphonie de Dvorak, c’est bien la célébrité de l’œuvre qui en fit le succès du soir, car le tout est acquitté d’une lecture intelligente sans plus. On a entendu dire par quelques langues moins consensuelles : « il a joué trop vite les allegros, trop lentement l’adagio ». Non, du tout, tout était au bon pas ! Mais jamais habité tout simplement ! Le chef, plus analytique que romantique, semble mettre tout élément sur le même plan : plus d’intensité émotive, de poésie tapie, d’inquiétude surgissant dans les contre-chants de l’auteur. Le final fut peut-être tout particulièrement peu réussi, l’effet étant coupé par un accro des cuivres (l’élément qui a toujours amené un peu de faiblesse dans cet orchestre si beau), il ne restait de l’œuvre que les efforts du compositeurs pour résumer tous les thèmes en même temps avec une simplicité frappant l’imagination.
Avant d’aborder ce que produit en ce moment le magnifique philharmonique monégasque, on voudrait dire ici deux mots sur le départ nostalgique de l’élégant Monsieur Walter Coomans, directeur de la programmation, lequel survécut quelques mois au départ en beauté du chef Marek Janowski pour les mémorables Gurrelieder de Schoenberg. C’était dans une soirée Bernstein exceptionnelle, tous les chanteurs étaient en chemises multicolores décontractées, ils entraînèrent au bis tout le public pour danser dans l’auditorium… Déjà, au tout début, très ému, l’homme des si belles programmations pour les années Janowski, remerciait jusqu’aux machinistes, car c’était un humble, un qui savait la valeur de tous. Les affaires culturelles de Monaco étaient présentes, Monsieur Rainier Rocchi fut lui aussi salué de Walter Coomans. Aussi, c’était sa fête, et l’on vivait tels les rythmes jazzés de Bernstein sous la baguette swinguée du non moins carrurée du Maître Wayne Marshall … Adieux émouvants donc. On se serait attendu à ce qu’un responsable si raffiné fût honoré d’une décoration pour son travail, mais la page était déjà tournée, à Monaco, on voulait résolument aller vers un chef d’orchestre jeune, une programmation moins ardue, on reconnaissait que le mérite de Marek Janowski fut d’élever très haut le niveau de l’orchestre tout en attendant une brise légère et plus italianisante.
Emotion romantique et plaisir pour cette année
Or la saison transitoire de cette année, belle et sous le nom « émotion depuis 1856 », propose, à l’image de la harpe en boucle d’oreille de l’affiche, une relecture des plus merveilleux classiques en compagnie de prestigieux invités, les plus brillants sous les feux de la rampe. Une année plaisir.
Qualité mais manque d’inspiration
Notre concert : loin d’être mauvais évidemment ! qualité et plaisir lui-même se sont invités indéniablement et plusieurs auditeurs ne virent que du feu … le feu jouissif avec au programme l’élégant Nikolaï Lugansky qu’on a eu l’occasion de critiquer pour Resmusica.com il y a quelques années. Même constatation : pianissimi ravissants, délicatesse extraordinaire et technique phénoménale. On peut même dire qu’il est le plus français de tous les Russes. C’est poétique, mais cela manque de poids, non pas simplement lorsqu’il s’agit de faire ressortir la force sarcastique d’un Prokofiev (merveilleuse capacité donnée à une Ludmila Berlinskaïa ou à un éreintant Denis Matsuev), mais aussi pour quitter l’esprit superficiel… Ce pianiste est trop doux. On ne peux qu’admirer la prouesse, l’élégance, la musicalité, en regrettant ce supplément existentiel, pourtant fil conducteur du deuxième concerto de Prokofiev. Ce pianiste était tout à fait à son aise dans les rêveries à la Caspar David Friedrich des années 1840 : l’intermezzo schumannien du Carnaval de Vienne, en bis ici.
Emmanuel Krivine, à la baguette, ne nous a pas plus convaincu. Dans l’ouverture « Le Corsaire » de Berlioz, était-ce la difficulté du compositeur à la première écoute ou le chef ? Est-on réellement emporté par le romantisme échevelé tout de convenance ? Pour la neuvième symphonie de Dvorak, c’est bien la célébrité de l’œuvre qui en fit le succès du soir, car le tout est acquitté d’une lecture intelligente sans plus. On a entendu dire par quelques langues moins consensuelles : « il a joué trop vite les allegros, trop lentement l’adagio ». Non, du tout, tout était au bon pas ! Mais jamais habité tout simplement ! Le chef, plus analytique que romantique, semble mettre tout élément sur le même plan : plus d’intensité émotive, de poésie tapie, d’inquiétude surgissant dans les contre-chants de l’auteur. Le final fut peut-être tout particulièrement peu réussi, l’effet étant coupé par un accro des cuivres (l’élément qui a toujours amené un peu de faiblesse dans cet orchestre si beau), il ne restait de l’œuvre que les efforts du compositeurs pour résumer tous les thèmes en même temps avec une simplicité frappant l’imagination.
Mais bientôt, avec un nouveau chef et jeune, se lèvera le nouveau soleil de cet orchestre ! Pour l'heure, on a l’impression, et ce depuis le si mauvais concert Bela Bartok au festival du Printemps des Arts, (une intégrale trop gourmande travaillée à la vas vite sous les commandes d’un chef mal compris) que l’orchestre est une beauté laissée à l’attente, une fleur malade d’ombre.
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