lundi 5 octobre 2009

Pergolesi : Stabat Mater chez Decca avec Andreas Scholl & Barbara Bonney, un bon disque sur-loué

Pour avoir écouté ce disque dans un long voyage aujourd'hui, le constat est décevant : c'est à se demander si les critères français des plus hautes récompenses discographiques (diapason, choc, etc.) ne sont pas purement commerciaux.

Andreas Scholl : grand style, superbe timbre chaleureux avec ce grain épais qui fait son charme. Un enfant, l'entendant, s'exclamerait : "mais c'est un gros chat qui chante". La pâte de la voix + le timbre ultra fixe donne ce produit si frappant pour les amateurs de baroque... et surtout présent au dessus de tout le reste.

Barbara Bonney : grand style, superbe timbre chaleureux avec ce vibrato un peu serré typiquement féminin, une attaque plus modulée, une profondeur harmonique qui a certainement donné l'idée de coupler sa voix avec celle de Andreas Scholl dans ce disque.


Christophe Rousset dirigeant les Talens Lyriques : un travail sur les cordes méticuleux pour arriver au son le plus doux, le plus fixe possible, technique d'archet court, etc. C'est si travaillé dans l'absence de vibrato que le son est presque désagréable, sur le crin.


Mais ces deux voix vont-elles ensemble ? Il y a une incompatibilité irrémédiable dans leur technique, elles ont beau faire les mêmes nuances, les mêmes expresssions, le couplage n'est pas heureux.
Mais transformer l'orchestre en un son ultra-doux et petit, n'est-ce pas le réduire en clavecin : aucune différence de volume et d'absence de présence : d'autant que les micros sont trop proches des chanteurs.


Résultat : de la très belle interprétation avec des matériaux trop disparates. Pourquoi sur-récompenser ? parce que le plateau est hollywoodien ?


Autre chose de bien singulier : il y a une superbe nuance vers la fin du Stabat Mater. Elle n'eût jamais était pensée si dans l'hyper-texte d'aujourd'hui celle du requiem de Fauré n'eût point de rémanence... De quoi réfléchir sur les notions d'authenticité, d'époque, de style, d'autant qu'on ne niera jamais qu'un tel disque n'est rien moins que du plus pur intégrisme baroqueux (mettant en défaut le vibrato de Barbara Bonney).
La pureté originelle de nos oreilles n'existe donc pas, réjouissons-nous.

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