Jean-Baptiste Lully(1632-1687) :passacaille d’Armide ; Les Songes Agréables d’Atys, Marche de la Cérémonie turque/Menuet pour les Faunes et les Dryades (Bourgeois gentilhomme). Nicolas de Grigny(1672-1703) : Hymne Veni creator : en taille à 5, fugue à 5, Duo ; Récit de cromorne, Dialogue sur les grands jeux.Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749) : suite du deuxième ton : plein jeu, duo gay, trio gracieusement, basse de cromorne gay, flûtes, récit de nazard gayement et gracieusement, caprice sur les grands jeux gayement. Jean Philippe Rameau (1683-1664) : Les Boréades : entrée, entrée des Peuples, gavotte pour les Heures et les Zéphyrs, contredanse en rondeau. Jean-Féry Rebel (1666-1747) : Les élémens loure : la terre et l’eau – chaconne : le feu.Michel Corrette (1707-1795) : Feste Sauvage (tambourin). Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : prélude duTe Deum H 416. Olivier Vernet, orgue Dom Bedos. 1 CD Ligia digital, Ref. Lidi 0104154-05. DDD – High resolution. Enregistrement réalisé en récital le 29 avril 2004, en l’abbatiale Sainte-Croix, Bordeaux. Notice d’Alain Cartayrade. Durée : 68’20’’.
Et tout d’abord, replaçons le présent recueil dans son contexte. Prêtez l’oreille à l’écriture d’un de Grigny : derrière la gravité, l’orchestre de Lully s’y entend, avec ses rythmes, ses cinq voix : l’orchestre du théâtre est là dans l’église ! L’orgue par vocation, pseudo orchestre, a des rapports avec le théâtre plus riches et plus évidents qu’on ne le fait croire. Au temps des Lumières, il y eut, pour la première fois hors d’église, l’orgue de la salle du Concert Spirituel (salle où furent donnés les élémens de Rebel à l’orchestre). Puis c’est le bel canto : les orgues désormais se couvrent de buffet en forme de rideau de scène et imitent la cantatrice sous la plume de compositeurs d’églises fanatiques de Rossini, comme ce Padre Davide.
Kaléidoscopique, le programme l’est autant dans le choix des compositeurs, des répertoires, que dans les types de transcriptions : la Passacaille de l’Armidede Lully, est en cela symptomatique. Elle ne se fait pas entendre dans sa forme d’orchestre, mais dans celle pour clavecin adaptée à l’orgue de d’Anglebert ce qui permet une adéquation avec les couleurs fantasques et les capacités de l’orgue, tandis que l’abondance d’ornements ajoute à l’anxiété chatoyante de la pièce. Les Songes d’Atys, sous la manière de d’Anglebert et sous la lenteur d’Olivier Vernet, sont moins guindés et chorégraphiques que dans la version de Lully. Ils s’alanguissent, plus tendres – avec une basse arpégée parfaitement délicate ! La marche de la cérémonie turque dans ses cinq voix et même plus, presque accompagnée des coups de bâton de Lully, encadre un menuet du Bourgeois Gentilhomme paré de toutes les couleurs : fragile en duo, puis en jeu d’harmonie : une scène du théâtre de Molière, gracieuse entre le cornet et l’écho… entre le « maître de danse » et l’émouvant petit homme ridicule.
L’approche de l’interprète soulève un même enthousiasme. Le style d’Olivier Vernet cultive un éloge sans réserve du jeu alerte, une jeunesse irradiante, bondissante et lyrique, juste assez mesurée pour s’accorder au rythme de la majesté et de la noblesse. D’une grande éloquence oratoire, il déclame ses phrases, forge ses ornements incisifs, colore la note d’un sentiment choisi. Quant à la gravité, elle se pavane aussi, chez Grigny par exemple, grâce à l’extraordinaire palette d’expressivité du musicien.
Un disque convaincant - l’un des plus imaginatifs de Vernet - qui adoucira les auditeurs les plus réfractaires à l’orgue.
par Cédric Costantino (19/09/2005) [2817 visite(s)]
lundi 19 septembre 2005
Un orgue tartuffe s’invite au théâtre !
Beaucoup de piquant dans cette critique étant donné que le programme fut confectionné par le critiqueur lui même ! c'est un peu la notice du disque a posteriori...
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